La conspiration de Paul Nizan

La conspiration de Paul Nizan

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Monito, le 7 février 2005 (Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 2 882  (depuis Novembre 2007)

Le dépit bourgeois, le dépit amoureux, le dépit…

Ce roman de Paul NIZAN se décompose en trois parties. Le dépit peut en être un des fils conducteurs.
De jeunes étudiants de la rue d’Ulm, issus de la bourgeoisie, voire de la grande bourgeoisie hésitent… Ils rejettent ce monde, veulent se révolter, sont attirés par le communisme, nous sommes fin des années vingt. Ils imaginent la « conscience de leur importance » et le rôle qui pourrait être le leur dans cette entreprise révolutionnaire.
Comment faire ? Adhérer au Parti… trop simple, trop compliqué, pas encore, trop discret…
Conspirer, mener une action d’envergure. Ecrire, penser, philosopher sur le monde…
Bien assis dans le confort bourgeois qu’ils dénoncent, ils vont fomenter… mais ne savent trop quoi. Dépit d’une jeunesse bourgeoise intellectuelle à la recherche d’un Idéal, comme toutes les jeunesses, ils l’imaginent dans la révolution, comme encore beaucoup de jeunesses. Mais ne se décrète pas révolutionnaire qui veut ! Le principe de réalité, la vie quotidienne, et même les sentiments amoureux apparaissent et rendent caduc ce projet, oublié par le héros trop pris par un amour contre les convenances.
Rosen succombe aux charmes de sa belle-sœur. Il s’emballe. De belles pages sur l’amour toujours un peu teinté de mépris pour la femme aimée. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette jeunesse qui veut tout ne veut rien, qui sait tout ne sait rien. Elle pêche par excès et par manque. Elle subit de plein fouet le sentiment de l’échec, du dépit, bien morbide celui là puisqu’il conduit notre héros à sa perte.
Enfin, personne n’est à l’abri et la troisième partie est sans doute la plus forte. Celle du dépit d’un homme jeune que ses origines, son sentiment d’échec général, conduisent à la trahison, à la délation, à la collaboration et au final à l’exclusion d’un monde qui ne veut pas de lui, du monde aussi qui n’en voudra plus.
La langue de NIZAN est belle et précise. Quelques phrases font mouche, « on ne sauve l’amour qu’en l’accueillant les yeux fermés », des ambiances estudiantines et parisiennes qui transportent, une scène mémorable de la conduite de Jaurès au Panthéon…
Il y a dans NIZAN cette force du désespoir, cette rancœur qui peut être parfois motrice, mais dans la conspiration pas assez pour faire de l’ombre à Aden Arabie.

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