La tentation de l'Orient : Lettres autour du monde de Maurice Chappaz, Jean-Marc Lovay

La tentation de l'Orient : Lettres autour du monde de Maurice Chappaz, Jean-Marc Lovay

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par CCRIDER, le 6 février 2005 (OTHIS, Inscrit le 10 janvier 2004, 76 ans)
La note : 1 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 3 étoiles (58 397ème position).
Visites : 4 498  (depuis Novembre 2007)

Faire un détour

Petit recueil de correspondance entre Maurice Chappaz , poète suisse cinquantenaire et Jean Marc Lovay , jeune écrivain voyageur qui a besoin du premier pour se faire éditer .
Immense déception . Je me suis intéressé à ces deux auteurs sur la "recommandation" de Nicolas Bouvier qui les plaçait sur un piédestal , lui-même un peu trop encombré à mon goût d'intellectualisme un peu sec et de didactisme un peu prétentieux , mais encore supportable . Avec ses deux confrères , on a droit en plus à un hermétisme particulièrement abscons !
Ces messieurs s'envoient des lettres pour ne rien se dire sinon leur propre néant , assemblent des mots et des expressions et au bout du compte n'expriment rien que leur vide et leur détestation de l'Occident , du matérialisme et du consumérisme .
Nous sommes au lendemain de Mai 68 , période romantique et excessive s'il en fut . On rêve l'Orient ,on se met en route vers l'Est , avec au bout de la pérégrination , l'Afghanistan , l'Inde , Katmandou et finalement la drogue et la déchéance .
Ces messieurs , en bons intellectuels rêvent du hippy mystique, homme nouveau enfin réalisé , idéalisent l'Orient en fumant du hasch pour Lovay et en cherchant l'ivresse dans le vin pour Chappaz qui voudrait arriver à se droguer sans drogue . Ils se classent dans les écrivains voyageurs ( Chappaz le casanier , ira dans le grand Nord et aux îles Lofoten ) mais ne rapportent rien de leurs aventures ,ne racontent rien , ne font rien partager à leurs lecteurs si ce n'est ce salmigondis aussi incompréhensible qu'indigeste . L'époque , il est vrai , était maoiste , spontanéiste , situationniste , déconstructiviste , entre autres "ismes" . Ils devaient être à la mode . L'ennui c'est que rien ne se démode plus que la mode et que cette pseudo poésie en prose ne passe plus .
Livre à conseiller à ceux qui ont envie d'attrapper une bonne migraine et passer pour des "has been "....

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8 étoiles

Critique de Cimsam (, Inscrit le 4 février 2009, 39 ans) - 4 février 2009

La Tentation de l’Orient est une réponse informelle à La Tentation de l’Occident, de Malraux, (livre au sujet des jeunes asiatiques fascinés par la culture occidentale « nouvelle-née », qui délaissaient pour elle leur culture millénaire). Ce livre assez court reprend la correspondance sur deux ans de deux occidentaux atypiques, Jean-Marc Lovay et Maurice Chappaz : des lettres postées depuis Istanbul, Kaboul ou Katmandou ou encore des îles Lofoten, du Paris de mai 68 et bien sûr du Valais.
Jean-Marc, jeune voleur de feu, plaque ses études pour “partir” sur les routes de l’Inde. Il se fait parrainer par Chappaz, le monumental poète valaisan qui ne souffre aucune frontière, mais qui n’a pas eu la chance de vraiment voyager hors de Suisse avant sa cinquantaine (la famille, la guerre…). Chappaz, depuis longtemps à la recherche de son « Asie intérieure », prend ainsi sous son aile et suit épistolairement un fils en poésie qui ne craint pas de traverser les déserts et la faim pour se débarrasser de ses habits d’européen.
En effet, dans ce petit ouvrage, les critiques pleuvent contre la société occidentale « dont la réussite est un abîme ». Ces critiques sont d’ailleurs d’une actualité récurrente : « A moi de dire aux autres mais jusqu’à ce qu’ils le sentent non pas dans leurs fausses apparences (trop facile !) mais dans leur identité : “Vous n’êtes pas ce que vous êtes.” C’est pour cela que les autos flambent. » Inévitablement liée au mensonge : la Crise.
« Pourquoi voyage-t-on ? Tu t’en doutes : les pays sont des femmes ». Le livre insiste sur la nécessité du voyage et est jalonné de mots qui situent l’invisible du chemin initiatique. « Ma route apparaît si belle d’inutilité » : elle est un moyen pour Jean-Marc de s’affranchir du contexte occidental. Avec cet enjeu capital à la clé : « Je saurai ou ne saurai pas qui je suis, demain. » Pour libérer sa mentalité, il usera aussi des drogues, mais il faut aller plus loin et il les quitte : « Je me suis lavé des drogues face aux géants de glace. » En effet, il a suivi les conseils de Chappaz, pour qui « le seul vrai hippie est le poète » et le regard direct sur la réalité l’emporte en intensité sur l’illusion des drogues : « Je me sens parfois si proche de la drogue que je n’en prends pas. Ne la subis jamais. »
Alors surviennent pour Jean-Marc les premiers fruits véritables du voyage, des révélations, « la transmutation de nos instants en éternité… » l’Orient se réalise en lui.
Chappaz quant à lui est parti chercher l’immensité en Laponie, de belles pages témoignent de son admiration pour les civilisations nordiques : « il y a d’autres civilisations que les civilisations à problèmes… » Egalement narré, son passage à Paris, par hasard, en plein mai 68, et une perception limpide de la portée des Evènements. On trouve également de précieux conseils d’écriture que l’aîné prodigue à son protégé : « Sois farouchement sincère (…) Aucun emprunt. Aucun théâtre. Il y a la vie qui nous échappe à chaque instant. »

En somme, dans ce petit livre, plusieurs civilisations se combinent à la recherche d’une identité tangible, ne fût-ce que dans l’instant. « Ils disent que la durée de vie d’un être, prise strictement, ne dépasse pas une pensée. » Prenons donc ce livre comme un sentiment !

Il est à conseiller à ceux qui veulent croire que le départ est un acte qui peut s’inscrire dans l’éternité…

[« Et me fleurit au cœur la joie d’aller saluer Chappaz » en pensées profondes, une fois encore, depuis qu’il nous a quittés…]

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