Le courage d'être résistant

Tout le monde connaît (sauf peut-être les nouvelles générations car il est vrai que ces deux auteurs appartiennent quand même à une autre époque) Frédéric Dard, cet auteur célèbre pour ses San-Antonio qui m’ont bien fait rire dans ma jeunesse, et Robert Hossein, dont j’ai le souvenir de son visage balafré dans la série des Angélique. Ces deux-là s’étaient associés pour écrire un roman qualifié « d’espionnage » dans les éditions « Fleuve noir », et paru en 1962.

Mais c’est plus qu’un roman d’espionnage. C’est en fait un roman de guerre qui raconte un épisode tragique de la résistance durant la Seconde Guerre Mondiale. Est-il tiré d’une histoire vraie, je ne sais. Une histoire en tout cas qui exalte l’héroïsme des gens engagés dans la résistance et aussi leurs peurs et lâchetés. Un roman oublié de tous et que j’ai trouvé parmi d’autres dans un stand de vente de livres certainement limite légal. Pourtant, il mériterait d’être mieux connu, par son propos, son suspense, son sens du tragique, avec quelques petites touches d’humour dardien. Il est vrai que ce titre insipide de « Le sang est plus épais que l’eau » n’y a certainement pas aidé. Ils auraient pu trouver un titre meilleur que ça et qui reflète vraiment le fond de l’intrigue.

En 1944, quelque part sur les côtes de Normandie, le Débarquement est jugé imminent, ou du moins espéré tel par les gens du coin, surtout par le réseau de résistance local dont le chef est Simon Charroux, ingénieur en bâtiment de son état. C’est lui qui est en contact avec Londres par radio, clandestine bien sûr. Il s’aperçoit qu’il est suivi par des hommes. Pas de doutes, il est repéré par les Allemands. Il en informe Londres et attend les instructions. Un major anglais est alors parachuté et une réunion est organisée entre les membres du réseau de Charroux et ce major. Ce dernier confirme que Charroux est bien repéré par la Gestapo et qu’il faut craindre qu’il soit arrêté bientôt. Or Charroux est primordial et doit rester en poste dans la perspective du Débarquement qui se prépare. Les Alliés ne peuvent pas se permettre de le perdre. Solution proposée (et plutôt imposée que proposée) par Londres : Charroux doit sélectionner 5 à 6 personnes de son réseau, pour en faire les membres d’un réseau fantôme vers lequel aiguiller les soupçons des Allemands et les appâter avec pour préserver le vrai réseau actif et essentiel aux Alliés. Ce qui implique bien sûr de les sacrifier. Sacrifier 5, 6 hommes et les livrer à l’ennemi, sachant qu’ils seront arrêtés, jetés en prison, torturés ou fusillés. Horrible perspective pour Charroux ! Comment se résoudre à sacrifier ainsi des hommes qui travaillent avec lui, qui ont choisi comme lui de s’engager dans la résistance. Mais ces hommes se porteront volontaires pour cette mission suicide.

Je m’arrête ici. Vous devinez de vous-même tout le tragique de cette situation. Ce qui va s’ensuivre, je vous laisse le deviner, l’imaginer, ou mieux encore de le lire !

Un bon récit, qui fait sentir toute l’horreur de la guerre dans toutes ses formes et pas seulement celle des champs de bataille. Il y a eu aussi la guerre de l’ombre, des anonymes tués parce que résistants, des petites histoires comme celle-ci tombées dans les oubliettes de la Grande Histoire….

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  Le sang est plus épais que l'eau

  de Dard, Frédéric Hossein, Robert
  Fleuve noir / Espionnage
  ISBN : 978978B00HEQKC1 ; 01/04/1962 ; 218 p. poch