'Magnéto Serge' et clap final

Voici les mémoires du royaliste catho cathodique Ardisson. Sous forme d’un dernier ‘Tout le monde en parle’ imaginaire, son émission phare du samedi soir, la plus célèbre, la plus regardée, la plus commentée de sa carrière. On y voit défiler ses invités les plus marquants et effectivement il y a du beau monde. Plus quelques nouveaux tels ses défunts parents, Jean Gabin, le Christ, la Mort. Le tout supervisé à l’oreillette par sa productrice historique Catherine Barma.

On comprend rapidement qu’Ardisson se savait condamné lors de l’écriture de ce livre et qu’il y fait ses ‘adieux à la scène’. Homme de télé jusqu’au bout, donc. Non sans un certain panache.

Alors certes, on peut être agacé par sa mégalomanie assumée (grosso modo, il a tout inventé à la télé), son catholicisme de façade, sa méchanceté revendiquée et sa vulgarité crasse. Et puis, la dope, la dope et encore la dope, à toutes les pages. L’éternel junkie semble fier de l’être et esthétise son addiction comme pourrait le faire un ado narcissique.

Pour autant, Ardisson n’était ni idiot ni inculte. Il n’avait pas cette excuse contrairement à un Cyril Hanouna honni qui prend cher dans le livre. De même que Vincent Bolloré, avec lequel il avait un différent financier jamais digéré. Car l’homme en noir aimait beaucoup l’argent, beaucoup beaucoup, et le luxe, et la notoriété. Le fric, la drogue, le fric, la drogue. Un nuage permanent de poudre et de fumée de pétards, avec coupe du meilleur champagne à la main, le plus cher toujours.

Restent quelques scènes réussies sur le Paris nocturne des clubbers tel qu’il l’a connu. Les boîtes à la mode, comme le Palace, où se mêlaient à l’époque les enfants d’aristos, les hommes d’affaires, les créateurs de modes, les vedettes petites ou grandes, les mannequins, les starlettes, les escort girls et les dealers. Promiscuité qui n’existe plus nulle part et dont il a la nostalgie.

Ardisson écrivain n’est pas convainquant et le scandale de son plagiat passé aurait dû le dissuader à jamais de s’y frotter. N’est pas William Burroughs qui veut. En revanche, homme de télé oui. Publicitaire doué oui (Lapeyre, y’en a pas deux, c’est de lui). Mégalo jusqu’au délire oui. Gros bosseur oui. Malin, très malin, oui. Un boomer opportuniste à la réussite éclatante qui, finalement, s’est bien éclaté dans la vie. C’est déjà pas mal.

Paix à son âme, si il y en a une. Et que Dieu lui pardonne ses péchés, si il y en a un.

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  L'Homme en Noir

  de Ardisson, Thierry
  Plon
  ISBN : 9782259321174 ; 21,00 € ; 07/05/2025 ; 224 p. Broché

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