Avant que la Chine s'éveille

Pierre Yerlès est un sinophile passionné, il aime la Chine, son histoire, ses légendes, sa culture, ses traditions, il les – parce que désormais il y a deux Chine bien séparées, du moins provisoirement - a visitées plusieurs fois au cours de dernières décennies. Il a choisi la poésie pour raconter ses Chine(s) qu’il aime tellement, pour transmettre le maximum d’images, d’émotions, de souvenirs, d’évocation littéraires et culturelles, …, avec le moins de mots possibles. Il propose ainsi cinquante-quatre poèmes construits avec des vers courts et même souvent très courts cependant très éloquents. Son auteur dit en quatrième de couverture que « le regard que porte l’auteur sur cette chine plurielle est à la fois réaliste et joyeux, sympathique et critique, méditatif et réflexif ».

C’est avec un grand plaisir que j’ai traversé les poèmes de Pierre dans lesquels, j’ai rencontré de nombreux auteur chinois que j’ai découverts en lisant, notamment, pendant plus d’une décennie les publication des Editions Picquier. Je me souviens : Lao She et son pousse-pousse, Yu Hua et son trafic de sang, Wei de Singapour, Dai Sijie et sa lecture de Balzac, Wang Wenxing de Taïwan, Lu Wenfu le gourmet gourmand mais aussi des deux nobélisés : Gao Xingjian et Mo Yan et de d’autres encore… Pierre raconte ainsi la Chine éternelle, la Chine des sages, la Chine de la spiritualité, la Chine des grands penseurs et des grands inventeurs. Il raconte aussi les tyrans, les dictateurs et les autocrates autoritaires tous exploitateurs d’esclaves.

Pierre met en vers l’épopée de tous ceux qui se sont aventuré dans ce vaste empire, que les Chinois disent du milieu, eux sont au centre, les autres restent autour : les visiteurs bien intentionnés, les évangélisateurs, les marchands, les conquérants destructeurs et encore quelques touristes curieux mais moins convaincus depuis un certain temps. Il met aussi des mots sur les arts chinois : le cinéma, l’opéra, la musique, la gastronomie, la religion, ses rituels et son important patrimoine. Il laisse une place à l’évocation du féminisme en Chine qui a notoirement reculé depuis la disparition de Mao et de Deng, « Ebrahim Raïssi et Xi Jinping même combat ». Les membres du bureau politique sont tous des hommes !

« L’indéchiffrable Xi / au sourire sucré / dans ton visage / grassouillet / de nouvel / empereur / inamovible / … » a transformé la Chine séculaire, son histoire, ses légendes, sa culture, ses traditions, ses mœurs… en une puissance économique dirigée par un autocrate autoritaire, pragmatique, fanatique de l’uniformité des mœurs, de la pensée, de l’architecture, de l’aménagement du territoire dans un pays ou la majorité ethnique s’enrichit par le travail esclavagiste des minorités : Ouïghours, Mongols, Tibétains, peuples des steppes asiatiques, … La Chine séculaire, Pierre l’a retrouvée à Taïwan véritable conservatoire de la langue chinoise où elle est à l’abri des réformes et des métissages divers.

En lisant ce texte, j’ai pensé au livre de Jean-Robert Jouanny, « Père-patrie », dans lequel il se demande comment peut-on encore aimer un pays qu’on a adoré quand il verse dans la violence la plus inhumaine. Pierre Yerlès a û penser un peu la même chose en voyant l’ « autocrate doucereux » conduire son pays de main de maîtres pour le seul bénéfice des Hans.

Message de la modération : Edition à compte d'auteur

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  Couleurs de Chines

  de Yerlès, Pierre
  MAIA
  ISBN : 9791042511630 ; 18,00 € ; 06/02/2025 ; 118 p. 135 x 215

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