Une très belle écriture !

Jurgen, en arrêt maladie, se rend à Breskel dans la maison des parents de son épouse avec pour mission de brûler certains documents pour faire le ménage. Il n’est pas heureux dans son couple avec Rina. Ils communiquent peu, elle se montre distante sans pour autant entrer dans le conflit. Dans cette maison familiale, il va tomber sous le charme d’Eline, la mère de Rina décédée, qu’il découvre par des photos, la décoration intérieure de la maison et par Meinderts, un médecin amoureux d’elle autrefois. Et si son épouse ne lui avait pas tout dit ? Curieusement les découvertes qu’il fera sur Eline agiront tel un miroir dans lequel il se verra …

Quelle plume ! Certains critiques littéraires comparent Hella S. Haasse à Marguerite Yourcenar. Je découvre son œuvre, donc je ne me prononcerai pas sur cette analogie, mais je reconnais qu’elle a un style magnifique et poétique. Ses descriptions de la nature sont lyriques et picturales. Dans ce roman, Jurgen se plaint de ne pas trouver les mots pour décrire avec justesse ce lieu séduisant, l’écrivaine, elle, a bel et bien réussi. Elle parvient à plonger le lecteur dans cette peinture qui devient visuelle et pleine de sensibilité. La maison Breskel aussi est très bien décrite et devient quasiment un personnage dans ce roman tant elle est personnifiée. On a le sentiment de plonger dans le « Songe d’une nuit d’été » et de découvrir un univers merveilleux duquel les mythes ne sont jamais bien loin.

Le roman est plutôt lent, sans ennuyer, il a quelque chose de désuet mais la magie opère. L’écrivaine parvient à cultiver un suspense et on s’interroge beaucoup sur Eline et sur les rumeurs qui circulent ou les déductions faites par le narrateur. Comme la communication n’est pas idéale avec son épouse, il s’adresse à elle par le biais d’une lettre dans laquelle il raconte tout, tout en ayant conscience qu’il devra supprimer ou modifier certains points. Avec peu de choses, l’écrivaine parvient à intriguer son lecteur. A la fin du roman, il reste en mémoire une atmosphère, une maison encerclée par la végétation, une maison empreinte de souvenirs et d’impressions, et la possibilité de communiquer avec un lieu, comme si nos objets, le mobilier, notre courrier continuer à faire vivre des individus même après leur mort. C’est un roman de facture classique écrit avec une plume élégante qui parvient à intriguer son lecteur.

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  La Source cachée

  de Haasse, Hella Serafia Both-Diez, Anne-Marie de (Traducteur)
  Actes Sud
  ISBN : 9782742727711 ; 6,60 € ; 05/06/2000 ; 144 p. Poche

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