Voyager avec les mots

Dans la collection Microcactus de Cactus inébranlable éditions, Alain Faure propose son premier recueil de micronouvelles, des micronouvelles insolites, incongrues, paradoxales parfois, comme des zeugmas : des mini histoires dont la chute n’a pas grand-chose à voir avec le texte qui précède aussi différents que les deux propositions contenues dans ces formules de style. Il se glisse dans la peau d’un Francilien moyen empruntant régulièrement les transports en commun pour se rendre à son boulot. Ainsi, lors de ses déplacements quotidiens, il observe attentivement ses semblables qui comme lui voyage dans ces wagons pour se rendre sur leur lieu de travail.

Au cours de ces déplacements, il constate tous les travers sociétaux, voit toute la misère du monde qui s’inscrit sur le visage des autres voyageurs : tout le mal être qu’ils ont du mal à dissimuler, toutes les violences qu’ils ont subies, toutes les sottises et autres errements qu’ils préparent ou dont ils souffrent… La vie actuelle qui transforme les citoyens en citadins infects. Il contemple de belles femmes qui, elles, ne le voient même pas. Il assiste aussi à des scènes de la vie quotidienne qui n’ont rien de très gratifiant pour ceux qui en sont les acteurs, comme ceux qui se frottent comme par inadvertance aux femmes qui font semblant de n’avoir rien senti. « Sur leurs gardes, impassibles, les usagers du métro notent tout et l’oublient aussitôt … Le métro est une magnifique galerie de portraits… ». Les transports en commun, c’est un peu le refuge de la pauvreté qui s’exile dans les pays dits riches. « La terreur c’est toujours pour les pays pauvres. Dès qu’on sera assez pauvres, on s’y mettra ».

Alain a le sens de la formule, « Construire sa vie, c’est déconstruire ses rêves … », « … La liberté c’est la taille de la cage ». « On travaille en sorte que la journée passe le plus vite possible et on s’étonne que le temps file... ». Il sait trouver les mots nécessaires pour donner de l’épaisseur à son propos, les mots qui ont pour lui tant d’importance, « … il faut du temps pour trouver les mots, leur donner du volume. Les mots donnent du volume. Sans mots le monde serait plat… ». Des mots que les poètes savent dénicher car les poètes, ceux qui le sont réellement, savent trouver les mots qui donnent du sens à leur vers et à leurs formules. « … Seuls les imbéciles doutent, les imbéciles et les poètes, les poètes qui se prétendent poètes et ceux qui ne se prétendent rien… ».

Ainsi vont les citadins des temps modernes, empilés comme des animaux confinés dans moyens de transport trop exigus. Eh oui ! « Les hommes sont des bêtes » !

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  Interminable escale [Texte imprimé] Alain Faure

  de Faure, Alain
  Cactus Inébranlable Éditions / Microcactus
  ISBN : 9782390491132 ; 10 EUR ; 01/01/2025 ; 74 p. 105 x 150