L'homme camouflage de Hose Andō
(Meisaishoku no otoko)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

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Dans les coulisses d'une humanité secrète
A Tokyo, le narrateur japonais, métis africain, cherche dans les backrooms du Fight club Ibuki, métis comme lui. Ce sont des lieux de rencontre dans lesquels les visiteurs se sentent libérés des conventions sociales et de la pudeur japonaise. Dans ces endroits, ils laissent vivre leurs pulsions, alors qu’à l’extérieur ils sont corsetés dans leurs costumes insoupçonnables. On retrouve Ibuki, le corps meurtri, cruellement blessé, à demi-mort. Tous les visiteurs libertins fuient. Il ne faut surtout pas que la police constate leur présence, eux qui ne souhaitent pas montrer au grand jour leur homosexualité. Le narrateur va s’interroger sur ce qui a poussé un homme à blesser ainsi Ibuki. Cette descente dans les bas-fonds de l’humanité et des désirs a quelque chose d’inconfortable mais saura intriguer le lecteur.
A certains égards, ce roman pourrait rappeler les romans noirs ou les polars sans en être vraiment un. Il y a tout de même du suspense, un personnage qui s’interroge sur les motivations de la personne violente qui a commis de tels actes, mais ce n’est pas un inspecteur. Le roman permet de peindre une facette du Japon moins exposée dans les médias, celle où certains individus doivent s’invisibiliser pour ne pas déranger. Le lecteur a vraiment l’impression que ces êtres se dédoublent, avec une vie libérée dans ces lieux secrets, une autre plus conformiste pour rentrer dans un moule acceptable. Cette frustration n’engendre-t-elle pas des perversions comme en a été victime Ibuki ?
Le roman est bien structuré et bien ficelé. C’est sans doute l’un des points forts de ce texte. L’écriture est agréable à lire, mais est sans fioritures et surtout au service du propos. Le regard du narrateur sur cet univers est l’élément qui stimule le lecteur. L’histoire n’est pas confortable. On plonge dans un univers qui ne nous est pas forcément familier, tant dans le lieu décrit que dans les envies et les pulsions des personnages. Eros et Thanatos sont à l’œuvre dans ce roman et la psyché humaine possède des zones d’ombre parfois déroutantes. Le titre de Zola « La Bête humaine » pourrait éclairer nos personnages d’une façon intéressante.
Ce roman se lit vite et est rythmé. L’on fait parfois des sauts temporels afin d’éclairer le présent. Le lecteur est intrigué et face à l’inconnu. On se pose des questions, on ressent un certain malaise. Le roman est bien mené. Sans doute, un écrivain à suivre.
Les éditions
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L'homme camouflage [Texte imprimé]
de Andō, Hose
Fayard / Domaine étranger
ISBN : 9782213731117 ; 19,90 € ; 15/01/2025 ; 144 p. ; Broché
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