Il fait nuit chez les Berbères de Mohamed Nedali

Il fait nuit chez les Berbères de Mohamed Nedali

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 3 mars 2025 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 8 étoiles
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L'islam intégriste conquérant

Avec ce roman, Mohamed Nedali, raconte l’histoire d’Omar un jeune Berbère né dans un bled perdu du Haut-Atlas marocain où rien n’a changé depuis des lustres jusqu’à l’apparition de l’électricité, de la télévision qui donne accès aux films pornographiques, des téléphones portables, … Toutes ces nouveautés incitent les jeunes à aller voir le monde nouveau en émigrant vers les villes. Quand sa mère décède et que son père prend une nouvelle épouse, Omar décide de partir pour la ville où il découvre la misère, le manque d’argent et l’absence de moyens d’en gagner. Il échappe de peu au viol d’un soi-disant employeur et fuit Marrakech pour Salé où il connait de nouvelles galères.

Mais, un beau jour, à la mosquée, il rencontre un riche musulman très pieux qui lui propose un bon emploi en échange de quelques menus services comme la surveillance des voisins du centre commercial. Ce personnage se comporte un peu comme son protecteur, son mentor, son formateur, il l’aide dans ses études et lui enseigne l’intégrisme qu’il pratique. Il le convainc rapidement d’intégrer, la Mouvance le mouvement intégrisme qu’il fréquente et qui cherche à imposer sa vision de l’islam à l’ensemble du pays. Il prend rapidement une place importante dans ce mouvement intégriste et son mentor lui confie la mission d’implanter cet islam dans son village d’origine.

La violence de ses propos dans la mosquée du village suscite l’admiration de beaucoup mais le rejet de certains notamment des plus cultivés. Il est chargé d’imposer la charia et de démolir toute tentative de démocratie ou d’égalitarisme comme les anciens Berbères les pratiquait pour résoudre les conflits locaux. Sa vision de l’islam s’impose rapidement dans le village grâce aux menaces qu’il profère notamment celles concernant le jugement dernier et les peines infligées par Allah le jour de la comparution pour rendre comptes de ses actions devant lui.

Rejeté par la plus belle fille du village qui a fait des études, il épouse une autre fille qui lui est totalement dévouée et qui porte ses messages. Par admiration mais surtout par crainte des sanctions infligées dans l’autre monde, les habitants du village le suivent dans sa foi sauf quelques-uns qui s’installent dans la vallée où un jour un tremblement de terre détruit les maisons mais ne fait aucune victime car toute la petite population était réunie sous une tente pour fêter l’arrivée d’’une nouvelle famille. En revanche, le village ancien est détruit et de nombreuses personnes meurent sous les décombres. Beaucoup y voit une possible punition d’Allah à l’encontre de ceux qui ont voulu changer la foi et les pratiques ancestrales … Personne ne veut chercher à profiter de cette catastrophe et tous veulent avant tout se réconcilier.

La vie d’Omar ressemble fort à une métaphore de l’édiction de l’intégrisme religieux que certains mouvements cherchent à imposer dans le Maghreb en profitant de l’inculture des populations isolées et de la peur des souffrances infligées lors du jugement dernier. Mohamed Nedali, auteur aussi de l’excellent « Le poète de safi », site un hadith qui montre bien toute l’abomination que certains intégristes ont à l’endroit des poètes, « Que le ventre de l’un d’entre vous soit rempli de pus jusqu’à en être rongé vaut mieux pour lui que d’être empli de poésie ».

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