Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme de Daniel Andler

Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme de Daniel Andler

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Scientifiques , Arts, loisir, vie pratique => Informatique et Internet , Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Colen8, le 20 février 2025 (Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 849ème position).
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Le Graal hors d’atteinte ?

L’eau a bien coulé sous les ponts depuis la naissance de la logique dans l’Antiquité grecque. Première étape avant celles qui ont impliqué la philosophie, la psychologie, les sciences formelles et biologiques, l’informatique, suivie au présent par les succès neurocognitifs et technoscientifiques celles-ci ont pu conduire aux multiples voies de l’IA(1), non sans avoir appris entretemps à surmonter ses nombreux échecs passés.
Nul ne conteste plus depuis une vingtaine d’années les promesses d’abord, les preuves ensuite de l’efficacité des systèmes artificiels intelligents dans des applications spécialisées(2). Par contre créer une intelligence générale artificielle (IGA) comparable en tout point à l’intelligence humaine s’avère plus discutable. Ça reste un espoir aussi chimérique que l’émulation du cerveau sur un quelconque support non biologique.
Profond, lumineux, cohérent et argumenté dans sa partie technique cet essai articule les questionnements théoriques et matériels(3) surgis avec les performances bluffantes de l’intelligence artificielle générative(4). En raison de l’ambigüité persistante à comprendre l’infinité des situations où s’exprime l’intelligence humaine Daniel Andler reste sceptique sur les capacités d’une intelligence artificielle à lui être équivalente.
(1) IA symbolique ou classique, réseaux dits connexionnistes apparentés aux structures neurales en couches, systèmes hybrides
(2) Après les aides classiques à la conception, la décision, la traduction, l’apprentissage, après les interfaces homme-machine, sont apparus ces nouvelles boites à outils ayant conduit à l’IA générative : transformeurs, modèles massifs de langage(MML), deep learning (DL)
(3) Formulés par Alain Turing, Alain Newell, Herbert Simon, Hubert Dreyfus, Daniel Dennett, John Mc Carthy, Yann Le Cun, Kay-Fu Lee, John Von Neumann, mais pas seulement ceux-là et concernant : ordinateurs, programmes et algorithmes, cybernétique, robotique, reconnaissance des formes, systèmes experts, internet, jeux vidéo, auto-apprentissage etc.
(4) Depuis peu les séries de GPT (Generative Pre-trained Transformer) : ChatGPT, LaMBDA, Wu-Dao, J1, GLaM, Glopher, Chinchilla etc... (avant l’annonce tonitruante de DeepSeek)
Sur l’auteur : https://andler.ens.psl.eu/

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Les éditions

  • Intelligence artificielle, intelligence humaine [Texte imprimé], la double énigme Daniel Andler
    de Andler, Daniel
    Gallimard / NRF essais
    ISBN : 9782072792885 ; 25,00 € ; 04/05/2023 ; 432 p. ; Broché
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Danger : qui la possède et l'utilise ?

7 étoiles

Critique de Ambalaba (, Inscrite le 21 février 2025, 44 ans) - 21 février 2025

Intéressant ouvrage qui creuse bien le sujet, et il est important de s'informer. Ces logiciels - ce n'est pas autre chose - très puissants ont amorcé une spirale d’accélération : ils peuvent renforcer d’eux-mêmes leur efficacité… Certains parlent de ''singularité'', affirmant que l’intelligence numérique bouleversera l’équilibre homme / technique. Ces dispositifs apportent un progrès prometteur pour l’humanité – en médecine, ingénierie, agronomie, gestion des ressources, etc. mais ils sont aussi une menace, comme pour l’énergie atomique. Car qui la possède et pour en faire quoi ? L’IA est aux mains de partisans d’une idéologie libertarienne, réactionnaire. Pour eux, la réduction drastique du rôle de l’État, la déréglementation, ne suffisent pas : ils posent l’économie comme modèle général pour les rapports sociaux, malade-médecin, enseignant-étudiant, entreprise-populations, citoyen-environnement, en fait pour la société entière. L’individu serait modélisable, un spécimen mû par son intérêt - tout se calcule, se chiffre...
Le savant fou des romans n’existe pas – pas comme individu. Mais avec ces moyens à leur service, avec leurs fortunes et les gouvernants de leur côté, ces oligarques du numérique ont la capacité - entre cupidité et ivresse du pouvoir - de noyauter les institutions, de les manœuvrer à leur profit. Leurs plates-formes, où sont enrôlés des milliards d’utilisateurs, sont un levier si puissant qu’ils s’ingèrent de plus en plus dans la marche de la société. Ils pourront bientôt, au nom de l’efficacité, se faire déléguer par des gouvernements ou par des organismes internationaux des activités comme des opérations de vote électronique, l'administration de services publics, le calcul d’allocations, la gestion des systèmes de santé, et finalement prendre de facto le contrôle partiel ou total d’États, en commençant par les plus petits et les plus pauvres. Une sorte de coup de force sans coup de feu...
Un tel livre permet d'être conscient de ce qui pourrait se passer.

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