Les mondes perdus de Collectif
Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures

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Des forêts africaines aux confins de l'Himalaya...
A une époque où l'exploration faisait de plus en plus reculer les frontières de l'inconnu, de nombreux récits, à l'instar du roman de Conan Doyle, décrivent des mondes perdus ou préservés dans lesquels tribus oubliées, monstres préhistoriques ou civilisations cachées sont à l'abri du reste du monde, ou vice-versa. Ce recueil, présentant huit récit provenant d'auteurs différents, et datant de la fin du XIXe et du premier tiers du XXe, en propose ainsi un échantillon significatif montrant que, malgré une idée de départ similaire, le traitement du sujet ne manque pas de variété.
Le premier texte est une nouvelle de Ruyard Kipling intitulé L'homme qui voulut être roi racontant comment deux hommes souhaitent devenir les chefs de plusieurs tribus vivant sans contact avec le reste du monde aux confins de l'Inde. Bien évidemment tout ne va pas se passer comme prévu et leur idée va très vite se retourner contre eux. Assez court, ce récit permet de lancer le recueil de manière correcte même si on l'oublie au final assez vite. Il faut dire que les personnages principaux ne sont pas attachants et que le récit est assez prévisible.
Le peuple du brouillard, de H. Ridder Haggard, est au contraire le plus long du recueil. A la suite de la perte de leur fortune, deux frères, Tom et Léonard, décident de tenter leur chance en Afrique. Malheureusement, Tom décède laissant Léonard seul avec leur serviteur noir, La Loutre. Léonard va cependant rencontrer une femme ayant échappé à un vendeur d'esclaves et qui lui promet la fortune s'il libère sa maîtresse, capturée par l'infâme bonhomme. C'est ainsi que notre héros va se retrouver embarqué dans une aventure aux mille dangers le menant vers une tribu isolée et belliqueuse, s'il souhaite être riche et repartir vivant, il va lui donc falloir être très malin. Plutôt bien rythmée malgré quelques petites longueurs et présentant des personnages assez attachants et non dénués de nuances, y compris chez les antagonistes, cette intrigue remplie parfaitement son contrat avec de l'action, du dépaysement, une pointe d'humour de temps à autre et même une fin un peu plus douce-amère que ce à quoi je m'attendais. Un roman d’aventure dans le plus pur sens du terme et même s'il a un peu vieilli par certains côtés il n'en reste pas moins très efficace.
Dans la suite nous embarquons avec Jules Verne dans Le village aérien, l'un de ses derniers écrits. A la suite de la mauvaise tournure qu'a pris leur dernière expédition, deux aventuriers n'ont d'autre choix que de traverser une épaisse forêt tropicale en Afrique s'ils souhaitent rentrer chez eux.Ils vont ainsi faire la connaissance d'une peuplade isolée tenant aussi bien du singe que de l'humain mais même si sa population leur réserve un bon accueil il n'est pas sûr qu'ils puissent véritablement repartir comme ils l'entendent. Ne réservant pas forcément beaucoup de surprises et étant même prévisible sur certains point, ce récit n'est pas désagréable à lire pour autant et l'on reconnaît très bien le style de l'auteur. Un texte assez peu connu de Jules Verne mais même s'il ne fait pas partie de ses indispensables je ne suis pas mécontent de l'avoir découvert.
Nous faisons un tour après du coté de H.G. Wells avec deux nouvelles Le pays des aveugles et Dans l'abîme. Dans la première une homme tombe dans les Andes sur un village isolé dans lequel tout le monde est aveugle. Désirant tout d'abord confirmer l'adage « Au pays des aveugles les borgnes sont rois », il va vite se rendre compte que cela na va pas être aussi facile que cela de profiter de la situation. Avec une idée assez originale, Wells livre ici un récit un peu trop court peut-être et passant vite sur certains points mais qui n'est pas dénuée d'intérêt en permettant à ceux qui ont un handicap une position de force tandis que le « valide » se retrouve lui en minorité. La deuxième nouvelle quant à elle se déroule au fond de l'océan lorsqu'un homme ayant créé une capsule pour l'exploration des abysses va lui permettre de faire une découverte extraordinaire. Ne dépassant pas la quinzaine de pages, ce récit va évidemment nous laisser un peu sur notre faim car à peine commencé, le voilà déjà terminé mais même s'il est bref l'intrigue fonctionne très bien, j'en aurais juste voulu un peu plus.
Nous retrouvons ensuite une histoire plus longue avec L'étonnant voyage de Hareton Hardcastle de J.H. Rosny aîné dans laquelle le fameux Hareton monte une expédition en Afrique sur les traces d'une mystérieuse civilisation. Bien évidemment les dangers ne manquent pas et entre les animaux, les hommes et les plantes qui habitent cette étrange contrée, lui et ses compagnons ne vont pas manquer d'occupation. Parmi tous les textes de ce recueil, c'est probablement celui-ci qui a eu le plus de mal à m'embarquer. En soi il a pourtant tous les éléments pour me plaire mais la narration se fait un peu trop par à coup, les personnages ne m'ont guère intéressé tandis que les ennemis sont tellement nombreux que je m’emmêlais parfois un peu les pinceaux entre les différentes tribus, ne sachant plus qui étaient amies ou ennemies. Une aventure pas forcément mauvaise donc mais qui honnêtement a quand même eu du mal à vraiment me convaincre.
Cela se déroule mieux dans Les habitants du mirage d'Abraham Merritt dans lequel Leif et son ami Jim font la découverte d'une forêt en Alaska dans laquelle vivent des peuples étranges sous la menace d'un puissant dieu, qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, serait également lié à Leif. Récit à la tonalité la plus fantastique du recueil, cette aventure se révèle surprenante à plus d'un titre et même si cela part parfois un peu dans tous les sens avec des retournements de situations à la limite de l'improbable j'ai été bien pris par l'intrigue. Leif a beau être un peu agaçant de temps à autre je me suis quand même bien attaché à lui tandis que les autres personnages ne manquent pas d'intérêt, il est juste dommage que certains soient un peu trop sous-exploités. Une histoire peut-être un chouia trop généreuse donc ce qui fait que certains éléments manquent d’approfondissement par manque de place mais au moins on ne s'y ennuie pas du tout.
Enfin, le texte concluant ce recueil est de James Hilton et s'intitule Les horizons perdus. L'avion dans lequel se trouve Robert Conway, diplomate anglais, ainsi que trois autres personnes est détourné par un étrange personnage. Ce dernier les emmène ainsi au fin fond de l'Himalaya et sont accueilli par un chinois nommé Chang les emmenant dans une lamaserie du nom de Shangri-La. Conquis par le calme de cet endroit, Robert en tombe totalement sous son charme, ce qui est un petit moins le cas de ses infortunés comparses, et va bientôt apprendre qu'il recèle un secret des plus étonnant... Parmi les huit récits présentés, c'est celui-ci qui a ma préférence, ce n'est pourtant pas celui avec le plus d'action tandis que l'on se doute assez vite de la nature du secret de Sahngri-La mais l'auteur réussi très bien à rendre au lecteur l'ambiance paisible de ce lieu éloigné de tout et quasiment hors du temps et ce fut un réel plaisir de parcourir ses pièces et ses couloirs. Mon seul regret est la fin, un petit peu en demie-teinte mais étant suffisamment ouverte pour que l'on imagine à notre convenance ce qu'il arrive à Robert.
Ce recueil réunit donc des textes qui, certes, accusent un petit peu le poids des ans pour certains, notamment dans la description des tribus africaines ou asiatiques qui ne passerait plus à notre époque et heureusement, mais qui dans l'ensemble ne manque pas de charme et même si aujourd'hui ils ne reste guère de terra incognita si ce n'est le fond des océans cela ne fait jamais de mal de croire qu'il y a encore de territoires inexplorés abritant des merveilles n'attendant qu'à être découvertes, si seulement !
Les éditions
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MONDES PERDUS
de Collectif,
Presses de la Cité
ISBN : 9782258037328 ; 9,04 € ; 28/08/1997 ; 987 p. ; Broché
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