Les abus de la noblesse

Le chant de l’alouette
M’éveille quand je dors,
Chant de pleur, de disette,
Chant de triste sort.

La serre du grand aigle
Attrape et détruit
Le pauvre grain de seigle
Enclos dans la nuit.
« Soumets-toi, c’est la règle,
Mien est ton huis ! »

Le chant de l’alouette
M’éveille quand je dors,
Chant de pleur, de disette,
Chant de triste sort.

Trois pauvres grains de seigle
Se sont redressés,
Sous l’aile du grand aigle
Ils ont protesté ;
Comme mulots espiègles,
Ils furent chassés !

Le chant de l’alouette
M’éveille quand je dors,
Chant de pleur, de disette,
Chant de triste sort.

Et les grains sans rancune
Avaient entendu
Que la serre à la lune
Voulait que mourut
L’aigle dans la nuit brune
Qui fut prévenu.

Le chant de l’alouette
M’éveille quand je dors,
Chant de pleur, de disette,
Chant de triste sort.

Le bec de l’alouette
Si fin, si pointu
Aida l’aigle et l’aiglette
A vaincre l’intrus.
Et se clôt l’historiette
Par un doigt ému.

Je reste l’alouette,
Je veille quand tu dors.
Je chante les disettes
Et les tristes sorts.


C’est un petit roman sympathique et prenant qui sert à exposer l’époque du passé. Point de vent de révolte pour le temps des récoltes, la grogne est modérée et assez limitée : Alain n’est pas Jacquou, il râle peu ou prou mais sitôt satisfait, il n’est plus insurgé. La racine est toujours présente dans sa cour ; l’aigle survole encore, les ailes lourdes d’or.
C’est un roman jeunesse qui cherche l’allégresse, et la meilleure fin à donner au bouquin est celle du pardon du comte et du péon. Il n’y a que la serre, sanglante et meurtrière, qui paye son affront et n’a droit au pardon.
La fin, on peut le dire, sans vouloir en médire, est tout autant morale qu’elle semble immorale. Morale en nous montrant le pardon en présent ; mais immorale aussi, car le comte est blanchi. Il a souvent prouvé qu’il avait approuvé les actes de Jérôme quand il brûlait les chaumes sur les toits des chaumières. Lors sa coulpe est entière ! Mais quand un supérieur se révèle en erreur, c’est encore au sous-fifre d’aller payer le chiffre !

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  Jehan de Loin

  de Solet, Bertrand Magnin, Florence (Illustrateur) Ronzon, Antoine (Autre)
  le Livre de poche
  ISBN : 9782010056314 ; 5,90 € ; 17/09/2014 ; 192 p. ; Poche

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