Le jeune Mungo dans un Glasgow violent

J’avais souvent vu ce roman dans les librairies, accompagné d’un petit papier qui signifiait qu’il était le coup de coeur des libraires, pourtant je ne m’étais pas lancé dans sa lecture. Les vacances ont permis d’explorer ce roman que j’ai dévoré en quatre jours malgré ses 520 pages.

Le roman se déroule dans les années 90 à Glasgow. Mungo vit avec une mère alcoolique qui peut s’absenter des jours et des jours pour passer du bon temps avec ses nouvelles conquêtes masculines. Jodie, sa grande sœur, s’occupe de lui, mais a pour projet de partir à l’université. Hamish, quant à lui, est son grand frère, chef de bande et animé d’une violence qui semble lui permettre d’exister. Ils sont protestants, donc ennemis des catholiques. Hamish se plaît à casser du catholique et souhaite embrigader Mungo dans ses actes agressifs. C’est une question d’honneur selon lui. Mungo a peu d’amis mais fait la connaissance de James dont il va se rapprocher sans s’en rendre vraiment compte. Aimer un garçon dans ce contexte est évidemment dangereux.

Douglas Stuart a choisi de mener son récit de façon non linéaire. Le lecteur ne se perd pas pour autant dans sa lecture. L’on peut être surpris lorsque l’on voit le jeune Mungo avec deux hommes en pleine nature au début du roman, mais l’on devine tout de suite que les chapitres qui narrent le passé proche de Mungo vont nous éclairer sur le but de cette expédition en pleine forêt avec ces deux hommes qui n’inspirent absolument pas la confiance. Douglas Stuart dépeint un univers qu’il connaît bien. Le lecteur parvient à visualiser le Glasglow de ces années. Ce n’est sans doute pas une carte postale, mais cela permet d’imaginer avec justesse l’univers étouffant et fermé dans lequel il vit. Les personnages sont bien campés et deviennent rapidement familiers au lecteur. Nous avons vraiment l’impression de bien les connaître et de partager leur quotidien, pour le bien et surtout pour le pire.

Le personnage de Mungo est attachant car il est ballotté entre la violence et l’envie de douceur. Il ne condamne pas les autres et parvient à excuser constamment cette mère incapable d’assumer son rôle de maman. Il est aussi formaté par les idées partagées par tous les habitants de Glasgow et ignore qu’il existe une vie différente à l’extérieur de cette ville peu épanouissante.

Le roman comporte de scènes violentes au service du propos mais elles pourront parfois secouer le lecteur. C’est un monde dur que dépeint l’écrivain. Cette violence est à la fois verbale, physique et morale. Et les personnages essaient de s’affirmer dans cet univers hostile sans futur. Il y a aussi de nombreuses scènes touchantes dans lesquelles les personnages baissent la garde, qu’elles soient d’ordre familial ou d’ordre amoureux. Il est aussi question de « thérapie de conversion », ce qui devrait choquer le lecteur.

Ce roman est réussi, efficace et intelligemment mené. Je suis admiratif de voir comment l’écrivain a réussi à donner vie à ces personnages. On ressent une certaine sensibilité de l’écrivain malgré tout, il est attentif à certains détails qui feront sens et permettront de toucher le lecteur par sa justesse. Douglas Stuart a obtenu le Booker Prize en 2020 pour « Shuggie Bain ». Il est sans nul doute un écrivain à suivre.

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  Mungo [Texte imprimé] Douglas Stuart traduit de l'anglais (Écosse) par Charles Bonnot

  de Stuart, Douglas Bonnot, Charles (Traducteur)
  Pocket / Presses pocket (Paris)
  ISBN : 9782266339070 ; 9,70 € ; 04/01/2024 ; 528 p. ; Poche

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  Mungo [Texte imprimé] Douglas Stuart traduit de l'anglais (Écosse) par Charles Bonnot

  de Stuart, Douglas Bonnot, Charles (Traducteur)
  Globe
  ISBN : 9782383611653 ; 24,00 € ; 05/01/2023 ; 480 p. ; Broché

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