Le monstre des Hawkline de Richard Brautigan
(The Hawkline Monster: A Gothic Western)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : (41 487ème position).
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Surréalisme
J’ai beaucoup aimé ce roman. C’est une sorte de délire qui m’a fait penser aux romans de Boris Vian. Brautigan se place cette fois dans une espèce de contexte « western » et il nous y narre les aventures de ses deux héros : Cameron et Greer. Ce sont deux tueurs sans états d’âme, prêts à abattre n’importe qui moyennant finance (sauf s’il donne des leçons d’équitation à son fils). Ils sont également intelligents et l’un d’eux a la manie particulière de compter en permanence tout ce qui se trouve à portée de sa conscience.
Ils sont un jour embauchés par une femme pour abattre un monstre. Je ne vous en dis pas plus sur l’histoire.
Ce livre est fait de très courts chapitres, parfois moins d’une page, le plus souvent une ou deux, qui s’enchaînent très rapidement les uns aux autres. Sans doute à cause de cette construction, il se dévore d’une traite, sans laisser l’attention baisser.
En le lisant, j’ai plusieurs fois eu l’impression que Brautigan l’avait écrit en suivant le flot de son imagination sans le contrôler et qu’il ne savait pas où il allait. Une sorte d’écriture automatique. Je crois que ce ne devait pas être un roman pour lequel il avait pré-établi un plan. Je dis cela parce que certains personnages sont présentés en détail, ce que l’on ne fait généralement que pour ceux qui participeront ensuite à l’histoire, alors qu’ils disparaissant bientôt de la scène et qu’on ne les retrouve plus (comme par exemple, le marshal). D’un autre côté, c’est l’une des qualités de ce livre. Les personnages, même les plus brièvement rencontrés, comme le cocher par exemple, ont une vie et une épaisseur qui contrebalancent l’irréalité éthérée des faits et des lieux. Même l’ombre est un personnage avec la psychologie duquel il faudra compter.
Entendons-nous, si je soupçonne que Brautigan a écrit ce livre en se laissant entièrement emporter au fil de son imagination, je n’ignore pas qu’il l’a ensuite lu et relu et relu encore, car c’est ainsi qu’il faisait toujours. N’empêche qu’on était parti dans le loufoque et qu’on y est resté. Je cite pour l’exemple : « J’ai déjà vu ce porte-parapluie des milliers de fois, mais pas sous la forme de porte-parapluie, se dit-elle, sous la forme de quelqu’un que je connais »
Tout le livre est un mélange d’humour et de poésie, de déraison et de finesse. Les évènements les plus invraisemblables se produisent et nous devons les prendre comme ils viennent, alors que par ailleurs, nous pouvons également vivre une scène extrêmement subtile comme, par exemple, celle de la mort de Magic child dans la cuisine.
Le style lui-même est soumis à des ruptures de rythme extraordinaires. Nous avons de très beaux passages : « et le cadenas s’ouvrit comme un poing qui se desserre. », des images insensées : « Puis le monstre des Hawkline se coula jusqu’en haut de l’escalier, comme une chute d’eau à l’envers. », qui jouxtent des scènes du plus mauvais goût, comme l’égarement érotique des sœurs après la mort du maître d’hôtel. Il sera attribué à une manipulation de leur esprit qui pourrait justifier ce passage scabreux, mais il n’en reste pas moins détonant, tel une énorme fausse note du soliste au milieu d’un concert symphonique.
Un livre à lire. A cause des fausses notes, je mets quatre étoiles, mais on a frôlé les cinq…
Les éditions
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Le monstre des Hawkline de Richard Brautigan
de Brautigan, Richard
10-18 / Domaine étranger
ISBN : 9782264040572 ; 7,10 € ; 07/10/2004 ; 201 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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A lire dans un transat par une morne journée ensoleillée de confinement
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 9 avril 2020
Farfelu
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 17 juillet 2006
Quand on a attaqué Brautigan par le versant « Mémoires sauvés du vent », à coup sûr, on ne retrouve pas ses petits. Je ne les ai donc pas retrouvés. Ca m’a plutôt fait penser à « La vengeance de la pelouse », recueil de petites nouvelles, d’humeurs bizarres, et inconstant en qualité aussi.
Il y a des moments où la folie de l’histoire rejoint la poésie, mais la plupart du temps on reste dans la dinguerie. Cela dit on ne s’ennuie pas une seconde, les deux cow-boys tueurs à gages protagonistes sont intrigants. Miss Hawkline, pas moins. Mais l’histoire ne pouvant tenir debout, on se vautre dans la folie, mais pas une folie revendiquée comme avec Vian. Plutôt comme un conte moderne qui aurait viré mi S.F. – mi Fantasy.
« Ils étaient tapis avec leurs carabines dans le champ d’ananas et regardaient un homme donner à son fils une leçon d’équitation. Cela se passait à Hawaii en 1902.
Ils n’avaient rien dit depuis un long moment. Ils restaient simplement accroupis là à épier l’homme, l’enfant et le cheval. Et ce qu’ils voyaient ne leur plaisait pas.
- Je ne peux pas, dit Greer.
- Quelle déveine ! dit Cameron.
- Je ne peux pas tuer un homme en train de donner à son fils une leçon d’équitation. Ce n’est pas dans ma nature, dit Greer.
Greer et Cameron se sentaient dépaysés au milieu de ce champ d’ananas. Hawaii ne leur convenait guère. Tous deux portaient des vêtements de cow-boy qui évoquaient l’Oregon de l’est. »
Ca commence ainsi et j’avoue être plus impressionné par le Brautigan de « Mémoires sauvés du vent » !
Un régal !
Critique de Le petit K.V.Q. (Paris, Inscrit le 8 juillet 2004, 31 ans) - 13 février 2006
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