Je lui accorde un prix littéraire

On peut dire d’emblée que j’ai été surpris par un tel livre plébiscité et finaliste pour l’obtention de prix littéraires prestigieux, mais qui n’en a obtenu aucun.

Après m’être un peu informé, ne connaissant pas l’autrice, tous ses romans sont du même tonneau, c’est-à dire très bien écrits, mais assortis d’un langage cru et de descriptions très explicites de sa vie sexuelle. Ce roman ne fait donc pas tache et reste cohérent dans les thèmes abordés par une écrivaine qui, de manière évidente, possède un style et un talent littéraire puissant.

C’est donc surtout sa propension à s’étaler, à se répandre et à pour le moins appeler un chat, un chat, qui va probablement diviser la critique. Personnellement, rien ne me choque sauf les négationnistes de tout bord ou les extrémistes ou racistes, mais demeure malgré tout à trouver un intérêt ou une manière de s’accrocher à un tel récit ; pas évident, sauf grâce et surtout à la qualité exceptionnelle de la sémantique.

Est-ce que parce qu’on a un appétit sexuel et des désirs développés, ce qui n’est pas une maladie honteuse, qu’on doit en faire état ? On peut répondre par l’affirmative, puisque d’autres évoquent leur séjour en prison, leur deuil ou leur cancer. L’autrice, comme avancé elle-même dans son livre, identifie sa propension à être infidèle, comme si c’était un but en lui-même. Une sexualité débridée, assortie de pratiques qui personnellement ne semblent pas pouvoir être associées au plaisir, la sodomie pour ne pas la citer, est un thème qui n’est pas plus original qu’un autre.

Mais ce roman, très personnel, qui évoque en réalité la relation que l’autrice a eu avec l’écrivain Nicolas d'Estienne d'Orves, alias Antonin Quincy d’Avricourt. Cet auteur a notamment commis d’excellents romans « Les fidélités successives » ou encore « La gloire des maudits » mais qui n’ont pas eu les succès espérés. L’autrice ose considérer que cette histoire de cul est bien une histoire d’amour, mais elle ne convaincra personne, voire pas elle-même.

Tiraillée entre d’une part cette passion dévorante, cette addiction au sexe plus qu’une recherche de tendresse et de sentiments partagés, et d’autre part ses instincts de mère de jeunes enfants en bas âge qui réclament davantage d’attention, l’autrice semble, à certains moments, hésiter, demander conseil à des amis, parfois presque perdre la raison et ne pas comprendre elle-même la situation qu’elle vit.

Car si la compagne ou mari respectifs des amants semblent ne pas être dupes des aventures secrètes, ils n’en demeurent pas moins que le déséquilibre et la pseudo-clandestinité de cette relation laissent croire qu’il ne peut y avoir de bonheur dans une telle situation bancale et sans avenir.

Alors ? Entre zéro et cinq étoiles, impossible d’accorder une demi-mesure, j’attribue donc le prix qu’elle n’a pas eu, certes moins médiatique, mais qui souligne le caractère fort et osé d’un tel ouvrage hautement cathartique.

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  Le Mal joli [Texte imprimé]

  de Becker, Emma
  Albin Michel
  ISBN : 9782226489784 ; 21,90 € ; 21/08/2024 ; 416 p. Broché

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