On peut rire de tout avec Mommer

Dans ce recueil de micronouvelles, en principe deux par page de petit format, Lucas Mommer déploie un fin talent littéraire qui explore le champ de l’absurde (La trompette qui joue du trompettiste), de l’incongruité « Ce matin-là, il s’était levé du mauvais pied ; par mégarde, il avait emprunté celui de sa femme… », … Il y use aussi judicieusement de formules de style : allitérations, assonances, répétitions, … qui donnent encore plus d’impact à ses textes. Il ne recule pas non plus devant l’usage de quelques jeux de mots toujours justement venus : « Cette église est pour ceux qui ont un excès de foi ». Comme l’écrit l’éditeur : « c’est de l’absurde qui chatouille, de la cruauté qui lacère, du fantastique qui embrume… ».

Ce recueil, c’est de l’humour noir, très noir, qui emprunte des chemins parcourus par la mort qui y est très prégnante, elle se manifeste sous les formes les plus violentes, les plus sadiques, les plus cruelles, les plus incroyables, …, pire encore que dans les séries télévisées, comme Barnaby, où elle est mise en scène dans des scénarios incroyables. Lucas semble avoir encore plus d’inventivité et de créativité morbides que tous les scénaristes de cette série populaire. L’atrocité surgit au coin de nombreuses de ces micronouvelles comme celle-ci : « J’arrachai l’un de mes yeux et déposai l’obole charnelle dans la coupole… ».

Les héros de Mommer déambulent souvent dans des églises où ils prient bien peu mais commettent des actes souvent violents et peu moraux comme si l’auteur voulait suggérer un certain penchant anticlérical. Dans tous les cas c’est un tableau bien sombre de notre société, même s’il est humoristique, que l’auteur dresse dans ses micronouvelles. Le sadisme et l’humour noir qu’il met dans ses textes ne sont peut-être qu’une allégorie de la cruauté que déversent chaque jour les chaînes de télévision qui semblent chargées de nous effrayer sur commande. La mort y est sous toutes les formes que Lucas Mommer met en scène : exécution, assassinat, accident, fatalité, élimination, …

Ces micronouvelles, c’est un concentré de violence, d’atrocité, de sadisme mis en pages avec des mots forts, des formules de style judicieusement choisies, des jeux de mots bienvenus et un sens de l’humour des plus corrosifs. Avec Lucas Mommer, on peut rire de tout même du pire cynisme !

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  Micro-drames [Texte imprimé]

  de Mommer, Lucas
  Librairie Wallonie-Bruxelles
  ISBN : 9782390491057 ; 10 EUR ; 01/01/2024 ; 1 vol. (105 p.) p. ; 100 x 125