La terre nourricière

Ce livre possède une intrigue qui se développe lentement au cours des pages et qui sert de fil conducteur au récit mais ce n’en n’est pas l’objet principal. L’histoire se passe dans le monde paysan de la haute Provence au temps où les charrues étaient encore tirées par des chevaux et où l’automobile n’existait pas.

Le dernier descendant d’une famille de grands propriétaires terriens vit en solitaire dans le mas dont il a hérité. Il travaille durement la terre avec ses métayers. Dans le voisinage un cousin lui fait des misères et bientôt, une jeune cousine vient lui tenir compagnie. Et tout à coup un drame inexplicable s’est passé et il va falloir éclaircir un mystère…
Mais même si l’intrigue est passionnante, on est loin du roman d’action. Le personnage principal du livre est la terre, cette terre de haute Provence qui est dure au labeur mais qui est la terre nourricière qu’on aime et qu’on respecte par dessus tout.

Le narrateur est ce garçon solitaire qui vit seul dans son mas. C’est un herboriste, la nature le passionne et il en parle en connaisseur. Il raconte son histoire à la première personne. Il décrit ce qu’a été sa vie et nous met en immersion totale avec les paysans de haute Provence. Il nous parle du pays, avec son soleil, ses orages et ses neiges en hiver. Il nous parle de ses sources, de sa végétation avec ses senteurs et de sa faune avec ses animaux sauvages. On est loin ici des cartes postales de la Provence pour touristes. Nous entrons dans la vie des paysans et nous participons au travail de la terre avec ses joies et ses peines. C’est un récit magnifique, tout en intériorité qui exige une lecture attentive et patiente. Mais c’est un vrai régal pour le lecteur qui prend son temps.

Henri Bosco est souvent présenté comme un romancier du terroir. Ce livre me fait penser qu’il est beaucoup plus que ça. J’ai trouvé que son « Mas Théotime » touche à l’universel. Et il est réconfortant, je trouve, de savoir que, pendant des siècles, il a existé des paysans heureux qui vivaient de la terre et qui vivaient bien. Sans être bucolique, ce livre est loin de tant de romans d’aujourd’hui qui nous présentent les paysans comme des désespérés, marginalisés, souvent alcooliques et même parfois suicidaires.

Le Mas Théotime a été récompensé du prix Renaudot en 1945 et l’ensemble de l’œuvre d’Henri Bosco a été couronnée du Grand prix de Littérature de l’Académie Française en 1968.
Personnellement, j’ai classé mon Mas Théotime parmi mes meilleures lectures.

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  Le Mas Théotime

  de Bosco, Henri
  Gallimard
  ISBN : 9782070361687 ; 9,90 € ; 23/08/1972 ; 448 p. ; Poche

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