L'Amour aux temps du choléra de Gabriel García Márquez
( El Amor en los tiempos del colera)
Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine
Moyenne des notes : (basée sur 18 avis)
Cote pondérée : (349ème position).
Visites : 20 692
L’amour intemporel
Le premier jour de son veuvage, après près de cinquante années de bonheur, Fermina Daza reçoit la visite de Florentino Ariza, son amour de jeunesse.
A l’époque, typographe promis à un avenir assez prometteur, le jeune homme était tombé sous le charme de Fermina, adolescente innocente, qui vivait avec son père et sa tante. Maladivement timide, Florentino écrivit une missive de 70 pages à sa dulcinée sans jamais oser la lui remettre. Finalement, sur les conseils avisés de sa tante, qui souffrait d’un amour perdu, Fermina exigea une lettre de l’amoureux transi qui l’observait et la suivait partout. S’ensuivit une correspondance qui dura plusieurs années entre les jeunes gens, sans aucun réel contact et malgré de nombreux obstacles, tels que la fureur du père, l’exil imposé par ce dernier à sa fille, … Jusqu’au jour où Fermina ouvrit les yeux sur son prétendant et décida de mettre un terme à leur histoire, brisant le cœur de Florentino, qui se jura malgré tout de rester fidèle à sa belle et à leur promesse d’amour éternel.
Cette dernière épousa finalement le docteur Juvenal Urbino, beau parti que beaucoup de femmes mieux nanties convoitaient, après que celui-ci eut, lui aussi, mené une cour des plus assidues et des plus ardues, que Garcia Marquez prend un plaisir non dissimulé à conter à son lecteur.
Tout au long du récit, l’écrivain sud américain s’attache à conter les destins parallèles des deux anciens amoureux jusqu’à la mort du mari de Fermina, décès que Florentino n’aura cessé d’attendre, convaincu qu’il lui permettrait de reconquérir le cœur de la seule femme qu’il ait jamais aimé.
Je ne suis pas une assidue de la littérature hispanique, pourtant chaque lecture est une belle découverte. J’avais déjà lu « Cent ans de solitude », qui reste pour moi un chef d’œuvre. Mais, selon moi, ce roman de Garcia Marquez le surpasse. On y retrouve les qualités romanesques du premier, mais en plus accessible. « L’amour aux temps du choléra » est tout aussi baroque, imaginatif et haut en couleurs mais, à la différence de « Cent ans de solitude », les personnages sont moins nombreux et possèdent des noms faciles à différencier. L’auteur sud-américain manie la langue avec une maîtrise parfaite et magistrale.
Il est vrai qu’il n’est pas toujours aisé de lire la prose de Garcia Marquez mais l’aventure en vaut vraiment la peine car ses livres sont un véritable régal, tant le romancier prend du plaisir à nous narrer les tribulations et les coups du sort qui jalonnent le parcours de ses personnages, que ceux-ci soient cocasses ou dramatiques. Dans ce roman, il n’hésite pas à narrer de long en large les multiples conquêtes amoureuses de Florentino, qui si elles brillent par leur originalité et le talent incontesté du romancier pour les rendre vivantes, m’ont un peu lassée vers la moitié du roman par leur côté répétitif. J’ai légèrement préféré les parties consacrées au couple Urbino. Heureusement, ce passage à vide aura été bref et le roman reprend de plus belle.
« L’amour aux temps du choléra » constitue une véritable ode à l’amour, sans doute le plus beau livre d’amour que j’ai lu dans ma vie.
Les éditions
-
L'Amour aux temps du choléra [Texte imprimé], roman Gabriel García Marquez trad. de l'espagnol par Annie Morvan
de García Márquez, Gabriel Morvan, Annie (Autre)
B. Grasset
ISBN : 9782246376316 ; 2,10 € ; 23/04/1987 ; 378 p. ; Broché -
L'amour aux temps du choléra [Texte imprimé], roman Gabriel García Marquez trad. de l'espagnol (Colombie) par Annie Morvan
de García Márquez, Gabriel Morvan, Annie (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253060543 ; 8,20 € ; 01/01/1992 ; 479 p. ; Poche -
L'amour aux temps du choléra.
de García Márquez, Gabriel Morvan, Annie (Traducteur)
Éd. France loisirs
ISBN : 9782724236590 ; 135,87 € ; 01/01/1988 ; 429 p. ; Relié -
L'amour aux temps du choléra [Texte imprimé], roman Gabriel García Márquez traduit de l'espagnol (Colombie) par Annie Morvan
de García Márquez, Gabriel Morvan, Annie (Traducteur)
B. Grasset
ISBN : 9782246376323 ; 22,20 € ; 07/10/2009 ; 384 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (17)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Cinquante ans de solitude
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 15 mars 2024
Si le choléra est effectivement en toile de fond de cette histoire-ci, c’est l’autre « maladie » du titre qui en est la trame : l’Amour !
Conquise, après une période de marivaudage, par la cour frénétique que lui fait Florentino Ariza en jouant du violon sous l’amandier jouxtant sa maison, la ravissante Fermina Daza est bien disposée à l’épouser. Mais le lecteur, lui, a déjà compris que bien des embûches viendront brouiller cette voie qui semble toute tracée. A la fin du XIXème, dans les Caraïbes, les sentiments pèsent moins lourd que le status de la personne convoitée dans le choix de qui on épouse. En tout cas aux yeux du patriarche. Et de fait, Monsieur Daza pousse sa fille dans les bras d’un jeune et riche médecin à qui la vie ne pourra que sourire. Le gendre idéal…..
Fermina s’accommode plutôt bien de ces épousailles qui s’avèreront heureuses. Son père avait sans doute raison, elle est beaucoup mieux assortie à Juvenal Urbino, pourtant très souvent absorbé par ses interventions au gré des poussées de l'épidémie..
Le monde de Florentino s’écroule. Mais il se découvre un tempérament de combattant. Une voix intérieure lui promet le retour de son ex-promise. Il se persuade, malgré les apparences, que cette dernière lui a gardé une place bien au chaud dans son cœur. Entretemps, il laisse déborder son trop plein d’amour dans les bras de quelques maîtresses, mais avec la ferme intention de garder pour qui-vous-savez la meilleure expression de ses sentiments dévoués.
Le sublime conteur qu’est Gabriel Garcia Marquez nous fait tomber en empathie totale avec l’amoureux infortuné. Comment pourrait-il en être autrement quand on apprend que, devenu écrivain public, il écrit les lettres d’amour de jeunes soupirants et qu’il n’est pas rare qu’il croise l’un ou l’autre couple formé grâce à sa verve, l’un d’entre eux lui ayant même demandé de devenir le parrain de leur premier enfant ? Ou quand il parvient à acquérir dans une vente publique un miroir ayant appartenu à son adorée Fermina, non pas pour l’objet en lui-même, mais pour le gracieux visage qu’il avait si souvent reflété ?
Cependant, après cinquante ans passés littéralement à tuer le temps, Florentino Ariza commence à se demander si la mort ne le surprendra pas avant l’Amour…..
L'amour inconditionnel
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 16 mars 2023
J’ai aimé être une fois de plus emporté par cet écrivain et comprends désormais pourquoi ce roman est considéré comme un classique de la littérature sud-américaine : maîtrise du récit, style efficace, personnages marquants, histoire originale et touchante.
Autant dire que l'amour au temps du choléra ne manquent pas d'atouts.
Un classique intemporel.
Désordres amoureux
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 1 octobre 2019
Cette réflexion sur l'équivoque de l'amour et des différentes attentes qu'il fait naître amène à prendre du recul sur un mécanisme qui crée tant d'incompréhensions, face à la diversité des natures humaines. Le traitement reste tragicomique, comme souvent chez l'auteur, ce qui intègre dans le propos un humour assez grinçant. Ce roman vaut le détour.
Envoûtée
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 25 août 2017
Garcia Marquez retrace les origines de cet amour de jeunesse avant tout épistolaire et nous emmène dans ces villes caribéennes où le choléra fait rage au milieu de conditions sanitaires déplorables. C’est aussi l’occasion de voir les débuts de la Compagnie Fluviale des Caraïbes et une importante partie historique de Carthagène à Riohacha. Ayant réalisé le même parcours dans le cadre d’un voyage, je ne peux que constater qu’il a su décrire les lieux et l’ambiance qui y règne de manière admirable. Un vrai plaisir après Cent Ans de Solitude de retrouver ses fantaisies et son talent de conteur inégalable qui fait ici la part belle à la vieillesse, la nostalgie et l’amour.
Long et copieux
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 19 juillet 2017
Lire Gabriel Garcia Marquez c'est prendre un train qui ne s'arrête dans aucune gare. Une écriture d'abondance où le trop est naturel. Il faut parfois s'accrocher mais cela mérite d'être lu.
Magique
Critique de GabyPetit (, Inscrit le 24 juin 2015, 50 ans) - 24 juin 2015
L'éternel retour
Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 58 ans) - 24 septembre 2012
Mais loin des yeux, loin du cœur… Fermina finira par épouser Juvenal Urbino, jeune et talentueux médecin d’une famille patricienne de la ville.
Toujours amoureux, Florentino sombre dans le Donjuanisme mais ne désespère pas de retrouver son premier amour…
J’ai lu « Cent ans de solitude » il y a au moins 20 ans. J’en ai le souvenir d’une épopée sud-américaine pleine de fantaisie que j’avais beaucoup aimée. Et puis étrangement, je n’ai plus lu Garcia Marquez.
Je redécouvre donc ce fameux conteur. Dès les premières pages, j’ai glissé avec plaisir dans l’ambiance exotique et surannée en savourant la patiente construction de l’histoire, la description des personnages pleine de tendresse, d’humour et d’ironie.
Au-delà de cette belle et longue histoire d’amour, Garcia Marquez décrit en parallèle deux modèles extrêmes de vie sentimentale :
- la vie de couple traditionnelle, avec ses rites, ses mesquineries, son carcan invisible
- le libertinage intégral et sa profonde solitude.
Dans son style baroque, il dissèque au scalpel les mirages de la jeunesse, les désillusions de l’âge adulte, l’amertume de la vieillesse, même si à la fin tout est bien qui finit bien.
Les 100 premières pages sont époustouflantes et je les ai dévorées. Mais le Maestro se laisse ensuite aller. Le récit est déstructuré et même parfois confus, l’intensité finit par se diluer dans des longueurs qui sont venues refroidir mon enthousiasme.
« L’amour au temps du choléra » est finalement un bon roman plein de charme mais qui ne tient pas toutes ses promesses.
Comme l’amour ?
Florentino et Fermina
Critique de Momoshaouse (, Inscrit le 15 avril 2011, 40 ans) - 23 novembre 2011
Ainsi, j'ai hésité longtemps avant de débuter la lecture de "L'amour au temps du choléra". Je me souviens encore de combien de temps j'ai consacré à "Cent ans de solitude", qui est certes fabuleux mais complexe.
Cependant, ce Marquez-ci, est plus fluide, l'histoire de base est plus précise, ne se perdant pas dans une infinité de personnages ayant tous le même prénom. C'est donc, l'histoire de Florentino, qui vouera un amour fou, non réciproque, à Fermina et de comment il vivra toute sa vie dans l'espoir de la conquérir.
Une très belle histoire, peinte à merveille par la plume d'un auteur original.
Long mais copieux !
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 5 novembre 2011
Il m'a fallu une bonne partie de cet après-midi pour terminer ce livre commencé il y a longtemps (et interrompu un moment) qui, dense et chargé, oui, souffre quand même de longueurs. Ce sera le principal défaut que je lui attribuerai, m'inclinant face à la construction, la psychologie fouillée des personnages (même s'ils ne m’ont pas semblé forcément attachants), cette manière subtile de nous transmettre une atmosphère épaisse et légère à la fois, capiteuse et distante.
Garcia Marquez écrit l’amour avec une forme de recul, d’éloignement, l’abordant pourtant dans sa plus profonde intimité, dans ses aspérités et ses bourrasques contradictoires. Il y a le romanesque d’une époque révolue, restée dans l’inconscient collectif comme teintée de romantisme. Comme si cette histoire n’aurait pu se passer à une autre période que celle-là.
Il fallait que ce récit soit long comme une vie, peut-être. Empli, ombragé et lumineux, répétitif et routinier parfois, paroxystique et désespéré aussi. Je n’ai pas toujours bien vécu cette longueur, qui m’a parue un tantinet bavarde. Je pense que « L’amour au temps du choléra » n’aurait rien perdu à être un peu plus court. Mais j’ai l’impression que Garcia Marquez fait partie de ces auteurs qui ne savent pas se détacher d’une image du roman fleuve, peu aéré, ne nous épargnant aucun détail, reflétant une intelligence brillante, remplissant tous les espaces libres.
Pourtant, quelle poésie, quelle sensibilité, quel investissement dans ce roman. On ne peut nier ça, finalement, cette intégrité de l’auteur qui nous offre non pas une simple saga estivale mais bien un travail. Un travail à l’intérieur des âmes, à observer tous ces nœuds et remous qui les animent quand vient le tumulte de l’amour.
Mitigé et conquis !
Critique de Naoki70 (, Inscrit le 13 septembre 2011, 46 ans) - 3 octobre 2011
Ce qui est bizarre , c' est que la magie opère quand même .
Les thèmes de l'amour et de la mort sont toujours présents et sont traités avec beaucoup de réalisme .
Conquis quand même .
L'amour décliné
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 1 septembre 2011
D'abord l'amour passion, platonique, épistolaire, romancé et idéalisé de deux jeunes gens à la fin du 18° siècle.
Puis l'amour raisonnable d'un couple qui grandit, qui se fortifie avec les années communes, quand chacun devient indispensable à l'autre .« Ils étaient comme un seul être divisé en deux...ensemble, ils avaient dépassé les incompréhensions quotidiennes, les haines instantanées, les mesquineries réciproques.... ce fut l'époque où ils s'aimèrent le mieux, sans hâte et sans sans excès, et tous deux furent plus conscients et plus reconnaissants que jamais de leurs invraisemblables victoires sur l'adversité. »
Il y a aussi les amours dissolues, charnelles, sensuelles voire incestueuses, purement physiques de l'homme seul qui attend son élue.
Et puis l'amour qui arrive à une époque de la vie qui n'espère plus, qui est censée ne plus rien attendre, amour considéré comme indécent et qui est, peut-être plus encore, capable de faire des miracles ou des folles actions.
Un livre rempli de belles choses; de poésie, d'espoir, d'Histoire où l'on retrouve les senteurs, les couleurs caribéennes dans une langue superbe.
Merci à Pieronnelle d'avoir permis la lecture de ce livre et la redécouverte d'un auteur que je n'avais pas lu depuis longtemps.
La maladie d'amour...
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 22 août 2011
« A la fin du XIXè siècle, dans une petite ville des Caraïbes, un jeune télégraphiste pauvre et une ravissante écolière jurent de se marier et de vivre un amour éternel. Durant trois ans ils vivent l’un pour l’autre, mais Fermina épouse Juvenal Urbino, un jeune et brillant médecin. »
On imagine alors un amour contrarié, une séparation forcée qui anéantit les protagonistes et les contraint à souffrir de longues années, éloignés l’un de l’autre par la force des choses, éperdus de tristesse…
Mais il n’en est rien…Sans rien dévoiler on peut quand même assurer faire fausse route si on se figure que ce livre est une belle histoire d’amour.
C’est un livre qui parle beaucoup d’amour, mais finalement beaucoup plus du non-amour et du désamour que de la beauté du sentiment amoureux.
La fin, en revanche, est vraiment très jolie, surprenante et émouvante.
On note la très belle structure d’un texte qui a été à l’évidence extrêmement travaillé, de magnifiques descriptions, les évolutions diverses de la société des Caraïbes sur une cinquantaine d’années, tant sur le plan médical que sur le plan scientifique et artistique.
Surtout, et c’est là la plus grande réussite du livre, Garcia Màrquez opère une belle équation entre les deux thèmes omniprésents : l’amour et le choléra, l’un étant tout au long du récit lié intimement à l’autre.
Le coup de foudre du Docteur Urbino pour Fermina ne fut-il pas le « fruit d’une erreur clinique ? » (elle a les symptômes du choléra).
L’amour, on en fait toujours une maladie, finalement…
Un livre agréable, avec des longueurs néanmoins, et qui déçoit une peu dans sa globalité.
Un grand livre!
Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 77 ans) - 20 août 2011
Quelle extraordinaire façon d’écrire pour aborder la totalité du sentiment amoureux dans toute son imperfection mais aussi sa force et sa beauté ; l’auteur passe d’un personnage à l'autre, tantôt en principal tantôt en secondaire au travers d’événements et situations communes, Tous participent à leur niveau jusqu’à ne former qu’un tout.
Personnellement je serais incapable de raconter le roman car si l’histoire de Florentino et de Fermina en est le pilier elle ne peut exister sans celles du docteur Urbino et de tous les autres qui s’inscrivent dans l’Amour avec ses moments de passion, de tendresse, de déception , de lassitude, de bassesse, d’amitié, de violence et de mort aussi.
Amour, Choléra, la mère de Florentino à un moment dans le livre confond les deux… pas par hasard il me semble!
C’est aussi un œil sans pitié sur les vicissitudes de la vie, qu’elle soit riche ou pauvre. Chacun est vulnérable ; pas de véritable grandeur, même celle du docteur Urbino, homme important dans la société mais qui s’effondre aussi dans le quotidien de la vie..
Les aventures amoureuses de Florentino peuvent paraître un peu lassantes, voire même parfois créant un certain malaise dans leurs descriptions, mais sont utiles à mon avis, pour bien comprendre l’autre facette de ce personnage absolument pas romantique (c’est l’originalité de Garcia Marquez qui s’est inspiré de la vie de son père et de l’histoire de ses parents) mais qui représente peut être à lui seul les tourments de l’amour.
Ce n’est pas seulement un livre sur l’Amour mais aussi sur la condition de l’homme :
« Encore jeune, il interrompait ses lectures de poèmes dans les parcs pour observer les couples de vieillards qui s’aidaient l’un l’autre à traverser la rue, et ces leçons de vie l’avaient aidé à entrevoir les lois de sa propre vieillesse »
Et l’époque et le lieu sont particulièrement bien évoqués avec des descriptions choisies de cette ancienne ville coloniale des caraïbes, où jaillissent les couleurs, les odeurs, les mouvements , sur un fond de guerres civiles et de choléra (toujours un peu tapi dans l’ombre) qui crée un climat spécial en paradoxe avec ces histoires d’amour tourmentées, dans la charnière entre deux siècles.
Et si l’amour idéalisé et absolu est incarné par Florentino et Fermina au début du livre, l'amour entre le docteur Urbino et sa femme est celui de la réalité de la vie avec toute sa tendresse et ses failles, qui arrive à résister au delà de ce qui aurait pu au départ être possible.
« Il parvint à la reconnaître au milieu du tumulte et, à travers les larmes de sa douleur irrémédiable de mourir sans elle, la regarda une dernière fois, pour toujours et à jamais, avec les yeux les plus lumineux, les plus tristes et les plus reconnaissants qu’elle lui eût vus en un demi-siècle de vie commune, et il réussit à lui dire dans un dernier souffle : « Dieu seul sait combien je t’ai aimée ».
C’est, à mon avis, la phrase d’amour la plus belle du roman.
Un grand livre !
Un roman de l'été
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 14 août 2011
Tout tourne autour de l'amour dans ce roman : que ce soit l'amour secret et imaginé de deux adolescents, qui s'échangent des lettres en secret, qui passent des heures assis dans un parc pour apercevoir l'autre de loin, mais aussi les nombreux amours entre le héros devenu vieux et des veuves ou jeunes vierges qui servent de dérivatif à son seul et unique amour.
J'ai beaucoup aimé les descriptions foisonnantes et très évocatrices, évocations d'un milieu aristocratique décadent avec son rituel social dans une petite ville coloniale des Caraïbes. Certains personnages sont tout à fait attachants, mais par moment j'ai trouvé que l'auteur "chargeait un peu trop le bateau" : il y a un excès de personnages secondaires qui ont une existence trop éphémère pour prendre réellement vie dans notre tête. Ainsi les nombreuses aventures de Florentino Aziza, avec les veuves séduites qu'on finit par confondre. Féline indique le caractère répétitif de certains épisodes, et je suis d'accord avec elle.
Une citation, qui donne une idée du style baroque et chargé de l'auteur, lorsqu'il décrit la petite ville coloniale :
"Les grandes familles d'antan s'abîmaient en silence à l'intérieur de leurs alcazars dégarnis. Dans les encoignures des rues pavées qui s'étaient révélées si efficaces en surprises de guerre et débarquements de boucaniers, les mauvaises herbes pendaient des balcons et ouvraient des fissures jusque dans les murs chaulés et sablés des maisons les mieux tenues, et à deux heures de l'après-midi, dans la pénombre de la sieste, le seul signe de vie étaient les languides exercices de piano. A l'intérieur des chambres fraîches et saturées d'encens, les femmes se protégeaient du soleil comme d'une contagion indigne et se couvraient le visage d'une mantille, même aux premières messes de l'aube. Leurs amours étaient lentes et difficiles, maintes fois perturbées par de sinistres présages, et la vie leur semblait interminable. Au crépuscule, à l'instant accablant de la circulation, montait des marais une tempête de moustiques carnassiers, et un doux remugle de merde humaine chaude et triste remuait au fond de l'âme la certitude de la mort."
L'amour dans ses longueurs
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 29 octobre 2008
Pénible. Ce n’est pas que ce roman est extraordinairement mauvais, mais ce n’est pas si bon que ça, du moins pour moi. J’ai trouvé le livre long. Je ne me crois pas anti-romantique, mais je me suis souvent dite : « C’est le temps de passer à autre chose, allez, tu es capable, elle n’est pas si géniale que ça ». Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver le livre un arrière-goût de kitsch...
Se dispute la 1ère place avec "Cent ans de solitude"
Critique de Alandalus (BORDEAUX, Inscrite le 1 juillet 2004, 67 ans) - 27 septembre 2005
C'est le style GARCIA MARQUEZ. "Inconfundible". On a l'impression qu'il va s’essouffler avec un sujet pareil. Ben non. Pas du tout.
Du grand Maître, du grand GABO. Je pense que si on a aimé "Cent ans de solitude", on ne peut qu'aimer "L'amour aux temps du choléra".
le plus grand amour
Critique de Stock88 (, Inscrit le 17 décembre 2004, 66 ans) - 18 décembre 2004
Forums: L'Amour aux temps du choléra
Il n'y a pas encore de discussion autour de "L'Amour aux temps du choléra".