J'aime avoir peur avec toi de Catherine Chaine, Marc Riboud (Photographies)

J'aime avoir peur avec toi de Catherine Chaine, Marc Riboud (Photographies)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Sahkti, le 17 décembre 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 903ème position).
Visites : 6 071  (depuis Novembre 2007)

Impudeur et délicatesse

C’est court (moins de cent pages), c’est dense et j’ai hésité dans la librairie avant de suivre le conseil de mon pourvoyeur en drogues littéraires.
Histoire de ré-échelonner les soucis et les priorités, de considérer autrement la vie qui passe. A priori, pas vraiment emballée, j’ai obtempéré et me voici devant ce bloc violent d’émotion écrit par Catherine Chaine, maman d’une jeune et magnifique (pas que dans l’âme) jeune fille trisomique de 22 ans, Clémence.
L’auteur nous parle de l’attente, de l’amour, de la naissance et du drame. Loin d’être considéré comme ce que ses amis lui présentaient comme un cadeau du ciel, l’univers de Catherine Chaine et Marc Riboud (qui insère quelques très belles photographies de sa fille dans ce livre), les parents, s’est effondré.
Catherine a mis longtemps, très longtemps avant d’accepter cet enfant, différent, ressenti comme une injustice et une révolte. Amour, désamour, la relation se construira au fil des années.
"J’étais heureuse d’être auprès d’elle, je n’étais pas consolée. Elle était le bébé que j’aimais consoler et l’enfant infirme que je n’arrivais pas à accepter, je voulais son bonheur et sa vie me pesait."

Des mots puissants et violents pour raconter la souffrance et les difficultés de parcours; pas de faux-semblant, c’est une baffe, le cri du cœur d’une mère qui doit apprendre à aimer son enfant. Une fameuse leçon dans un tas de domaines et pas uniquement celui de la persévérance. De la sincérité et de la franchise qui sonnent justes. Jamais je n’ai trouvé les propos de Catherine Chaine choquants, elle se livre de manière brute avec les incompréhensions et la douleur, elle ne voulait pas faire semblant mais comment se dire et s’avouer (sans parler des autres) qu’on n’aime pas son enfant tout à fait comme on l’aurait imaginé avant son arrivée ?
Impossible pense-t-elle. Elle avoue sans détour avoir souhaité la mort de sa fille juste après la naissance. Elle est rentrée chez elle ne sachant que faire.
"Je suis revenue à la maison le ventre vide, les bras vides, débordante d’un million de larmes."

Au fil des mois, Catherine Chaine a apprivoisé sa crainte et sa distance, son amour se veut aujourd’hui sans limites pour sa fille.
"Quand je te regarde vivre, aujourd’hui. je n’arrive plus à comprendre la terreur archaïque qui m’a saisie à l’annonce de ton handicap."
Un livre-hommage qu’elle dédie à sa fille Clémence. Magnifique.

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Les éditions

  • J'aime avoir peur avec toi [Texte imprimé] Catherine Chaine photogr., Marc Riboud
    de Chaine, Catherine Riboud, Marc (Illustrateur)
    Seuil / Biographie
    ISBN : 9782020668439 ; 1,09 € ; 07/05/2004 ; 96 p. ; Broché
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Et la joie?

4 étoiles

Critique de Jumeirah (, Inscrite le 10 décembre 2005, 72 ans) - 12 décembre 2005

Le livre de Catherine Chaine est merveilleusement écrit et dépeint avec délicatesse les douleurs d'une mère apprenant que son enfant est triomique. Mais, 24 ans après, sa douleur est toujours la même et l'on peut se demander si elle a fait son deuil de "l'enfant rêvée" . Où est passée la joie qu'apportent ces enfants "extra-terrestres" par leur simplicité, leur drôlerie et leur tendresse? L'affaire est biaisée dans ce livre car, au détour d'une phrase, l' on s'aperçoit que Catherine Chaine a confié sa fille toute petite à une institution, ne la recevant que le week-end et les vacances chez elle. Il me paraît donc un peu injuste qu'elle s'en prenne "aux mensonges et aux bonnes âmes qui veulent faire croire à un cadeau du ciel" alors qu'elle n'a pas pu goûter au quotidien les difficultés mais aussi les grands bonheurs qu'apportent ces enfants. Après 22 ans, les parents d'enfants trisomiques ne gèrent plus la douleur, mais la différence! Il faut le dire haut et fort car sinon ces petits enfants continueront à atterrir à la DDASS dès leur naissance.

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