Ça de Franck Venaille

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par JPGP, le 4 avril 2024 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 10 étoiles
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Franck Venaille suit son cours

Voici sans doute le livre le plus grave et le plus poignant de Franck Venaille. Bien malin celui qui y trouvera encore une once d’espérance. Mais à l’inverse la nostalgie n’est pas plus le fait d’un poète rare et dont un récit, « Caballero Hôtel », fut une révélation.

Sans doute l’auteur ne possède pas la place qu’il mérite. Et « ça » ne lui donnera pas d’ouverture. L’ensemble de ses poèmes est trop aride, trop rêche. Mais ils surgissent pourtant comme des révélations. Ils possèdent (même si Venaille a dépassé la soixantaine) quelque chose d’immensément rimbaldien.

On ne dira pas que lire de tels textes est un plaisir. Mais on lit aussi afin de ressentir par un autre ce qu’on ressent en soi-même. Et voilà que ça coule à nouveau « Comme les enfants saignent du nez / Sans savoir pourquoi ».

Nul ne sait où sont passés nos pères et mères. Rien ne sert de monter en chaire et en chair pour le demander. Les prie-Dieu grincent. On se met à tousser. Nous restons les vieux enfants terrorisés par le sang des femmes et leurs linges louches séchaient aux fenêtres. Il ne faisait pas bon être sensible en ce temps là.

C’est pourquoi Venaille n’écrit pas en pensant à autre chose. Sauf exceptions. A savoir les beaux garçons qu’il a croisés. Plus de soixante ans que ça dure (mais en retirer quinze d’inconscience). « Gaumont. Pathé ». Les actualités. D’hier les actualités. Le poète est sans goût pour l’école. Il rêve encore d’être le solitaire mystique en chambre de bonne 6ème sans ascenseur. La concierge est dans l’escalier

Enfance pieuse. Pluie fine . Crachats de Dieu. Messes en n’en plus finir. Eau bénite. Quitter cet endroit où parler fort est prohibé et on les corps sont rarement musclés (sauf sur des fresques italiennes). Vivre à l’heure le leurre. Et même après. Le corps le sait. Il le fait. Avec ses humeurs ombrageuses. Telle est la destinée du poète. « Sa vie sur terre ce fut ça ». Point final.

Jean-Paul Gavard-Perret



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