D'ici, de ce berceau de Hélène Sanguinetti

D'ici, de ce berceau de Hélène Sanguinetti

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par JPGP, le 3 avril 2024 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 7 étoiles
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Hélène Sanguinetti vers ce qui est

Les couleurs étranges et parcellaires des images d’Hélène Sanguinetti rappellent l’absence  et la font encore parler. Elle mont(r)e une suite de « scènes »  où nous sommes dedans « : l’énigme puis l’infini l’indiscernable APRÈS. Le présent est égal à l’absence et le visible à l’invisible. Un ange passe dans la maison de la page et, soudain, l’auteur fait déplier ses mots comme un drap blanc. Corps. Enfance. Etrangement liés. Elle s’en tient à l'interstice : celui de l'entre, celui de la déchirure et de la plaie de la femme en « ses chambres d’amour ». Matière qui échappe mais que l'on sent battre. Partage et écart, cri muet. C'est encore aux images de lui donner un son. Une nouvelle fois la poétesse soulève la coupe, coupe les lèvres en un ensemble d’ondulations, de modulations. Il y va de l'emploi nu de la pensée Quelqu'un parle à travers elle et nous fait partager un espoir auquel il revient à l’auteur de donner un nom.

Oui, quelqu'un parle à travers elle, ouvre ses lèvres. Et devant une telle écriture on voit des collines aux rondeurs risquées, des arbres, des herbes. Nous sommes les complices de l’inconscient de l’auteur et de son écriture qui lui donne « voix ». Ses paroles ne sont que des absences larvées et nécessaires. Dans ce que nous croyons lire se révèle ce que nous ne voulons pas montrer. Ainsi notre silence nous parle. Il est nourri des images et des mots des secrets ensevelis que l’auteur fait remonter pour notre survivance : car c’est de l’arrière de ses images et de ses mots que nous (re)naissons, que nous mourrons. D’où ce nécessaire glissement : Hélène Sanguinetti parle toujours à partir du silence contre lequel elle refuse de se briser. Contre le noeud étranglé de la parole, l’image inconnue transcende un néant. De tels mots ne sont plus ceux qui les ont précédée. Et les images deviennent les (é)preuves de l’instant capté et du pur sacré. Chacune d’elles détermine le déchaînement annoncé, la dépense de vie lorsque plus rien n'est possible mais que quelque chose avance encore en une nudité promise.

Jean-Paul Gavard-Perret

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