Aphorismes affables & fulminations fébriles de Michel Van den Bogaerde

Aphorismes affables & fulminations fébriles de Michel Van den Bogaerde

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 10 mars 2024 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 7 étoiles
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Entre amabilité et nervosité

Dans ce recueil d‘aphorismes et de fulminations (fulminantes mais peut-être pas vraiment colériques), j’ai surtout trouvé beaucoup de sagacité, de pertinence, d’intelligence déployées par l’auteur pour évoquer le monde dans lequel nous vivons désormais, le pourquoi de cette vie, le but qu’on pourrait lui donner, les conditions dans lesquelles nous la subissons, les raisons qui guident nos choix… Ces formules aimables ou fulminantes sont avant tout, à mon sens, très littéraires, Michel a un sens de l’écriture très raffiné, à la fois classique et inventive, ses remarques, propositions, interrogation, évocations sont toujours très pertinentes, très bien formulées et très inspirées.

L’auteur est un amoureux des mots qu’il choisit avec grand soin pour écrire des formules qui sonnent très juste et qui évoquent sa pensée avec une grande précision. « Les mots. / L’invention la plus haute du génie humain ». Mais, « Avant de les employer, il faudrait toujours connaître l’origine des mots ». J’ai aussi remarqué qu’il attache une grande importance au temps qui passe lui fournissant l’opportunité d’écrire de jolies formules qui dépassent, à mon sens, je jeu littéraire en proposant une lecture plus philosophique : « Le passé hasardeux, / Le présent intangible, / Le futur équivoque », « Le passé aide le présent à devenir le future » et le « Le conditionnel est l’impératif du doute ».

Cette profonde réflexion sur la notion du temps s’accompagne d’une autre réflexion sur la notion de ce qui encadre notre vie et son organisation : « La règle n’est jamais la loi / mais la loi doit demeurer la règle ». Il évoque dans ce même cadre, la notion de croyance : « Tout ce que les religions / ne doivent pas à la peur, / elles le doivent à la haine », « Sans doute est-il plus facile de croire que de vérifier ». Et bien évidemment comme tout bon philosophe, je pense qu’il en est aussi un, il évoque l’ultime question : la mort. « Que dire à quelqu’un qui ne craint pas la mort » de quelqu’un qui n’a pas su « Se noyer dans la culture / après une agonie intelligente »… ?

Pour conclure, il me reste la poésie et un éventuel désespoir, la poésie est un thème incontournable pour tous les bons auteurs, « La lâcheté n’exclut pas la poésie, mais elle la souille » et le désespoir est le lot de nombre d’auteurs, Michel nous confie comment lui le contourne : « Je suis parfois si désespéré / que seul le rire reste possible ».
Ce texte est illustré « d’hexagrammes bâtis de traits interrompus (yin) et de traits continus (yang), dans la disposition attribuée au roi Wen (1150 avant J-C) », tracés selon la tradition avec un pinceau et de l’encre de Chine par l’auteur lui-même.

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