Une semaine de vacance de Daniel Charneux
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Dans les sept boules de cristal
Une semaine de vacances (et de vacance) dans la Creuse.
« Je me secoue : n'est-ce pas précisément ce que je cherche, cette lenteur, ce malaise, cette petite agonie de l'ennui ? Je n’ai rien d’autre à faire que creuser dans ma vie ? » écrit-il.
Daniel Charneux creuse dans la Creuse. Logique, en somme. Accepter « de ne rien faire » de perdre du temps pour en gagner.
Passons sur l’univers et le langage des profs. Ulysse. Joachim du Bellay. Ronsard. Passons sur le souci du détail. Ca n'est pas si lourd ici et ça sert le personnage. Nous voilà donc dans le département de la Creuse à pied. Une France un peu désuète à la Trenet. Le personnage principal, Jean-Pierre Jouve a quelque chose du scout, du compagnonnage. Un côté épicurien aussi. Des influences de Perrec pour le début du v(l)ivre, et peut-être de Simenon, pour la fin. Le symbolisme du chiffre 7. Les 7 jours de la semaine de vacance(s). Les 7 boules de cristal, etc…
Ajoutons entre autres à l’histoire des parents âgés. Un père autoritaire. Une mère qui meurt. Un divorce. Mais ce Forrest Gump marcheur avec une ampoule au pied a aussi sa vraie blessure : Odile.
Et c’est là que l'auteur est le plus touchant avec cet amour perdu. Un amour dévoilé pudiquement : comme les plus terribles, peut-être.
« Odile, mon idole, ma blanche aubépine, écartelée entre ces pieux, dans l'ombre de cette stèle, fleur ouverte et pâle vers laquelle s'avancent, sournois, les petits yeux rouges des rats ». Et plus loin dans le livre : « Moi aussi je portais des masques : celui de l'actuaire (les assurances), celui de touriste original, celui de l'époux divorcé, celui de l'amoureux transi, celui de l'enfant de vieux.et peut-être d’autres.mieux enfouis ». Il y a chez Daniel Charneux cette vision préservée, à la Tintin, ce regard-là sur les choses et les êtres, mais avec un côté plus déhanché dans l’humour, plus désabusé, plus imparfait, plus propice aux dérapages.
A découvrir !
Les éditions
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Une semaine de vacance de Daniel Charneux
de Charneux, Daniel
Editions Luc Pire
ISBN : 9782874150333 ; 09/07/2002 ; 150 p. ; Broché -
Une semaine de vacance
de Charneux, Daniel
MEO
ISBN : 9782807004498 ; 16,00 € ; 06/06/2024 ; 124 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (18)
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Tourisme pédestre et plus
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 19 octobre 2024
Arrivé sur place, il gare sa voiture chez un autochtone et entreprend le périple qu’il a construit minutieusement : un heptagone ayant pour l’un des sommets Grand-bourg, village à partir duquel il commence et finit les sept jours de son parcours pédestre sur les sept côtés du polygone. Adepte de la randonnée pédestre, il aime découvrir des paysages, des monuments, des villages pittoresques et rencontrer des gens du pays qui lui racontent l’histoire, les mœurs, les légendes de leur coin de France profonde comme on la qualifie trop souvent.
Mais ce périple, c’est aussi l’occasion de revenir sur son passé, de réfléchir à ce qu’il a vécu, à ce qu’il aurait pu vivre, un genre d’introspection, l’occasion pour lui de remettre en cause tout ce qu’il a fait ou pas fait pour que sa vie ait été plus conforme à ce qu’il en attendait. Il ressasse sans cesse les raisons qui ont conduit sa femme à le quitter, il pense à ce qu’il a fait, à ce qu’il n’a pas fait, à ce qu’il a mal fait, à ce qu’elle a fait ou pas fait elle aussi… Il marche pour retrouver un peu d’espoir, une raison de vivre, pour croire encore à la possibilité de retrouver son ex-épouse.
Ainsi se déroule son voyage entre moments difficiles et moments d’allégresse comme son mariage s’est déroulé entre euphorie et désenchantement, entre amour et désamour. Plus la randonnée avance plus elle devient pénible comme son mariage s’est délité au fur et mesure du temps. Un voyage touristique, culturel, mythologique, religieux, onirique empreint d’amertume et d’aigreur.
Mais le marcheur narrateur, n’a pas tout raconté, son voyage a été beaucoup plus mouvementé qu’il ne l’a dit…, il a mal digéré son divorce, sa rancœur l’a poussé vers d’autres voies… La chute de cette histoire est pour le moins surprenante. La poésie du texte, sa musicalité renforcée par de nombreuses assonances n’en gomment pas pour autant la brutalité. Ce texte est aussi un conseil avisé à tous ceux qui croient résoudre leurs problèmes de couple par une rupture souvent mal préparée et insuffisamment réfléchie.
L'odyssée bidon d'un serial marcheur
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 14 juillet 2024
Le narrateur, Jean-Pierre Jouve, choisit la période de ses congés payés pour s’ennuyer, meilleure façon pour lui d’étirer le temps. Il décide de boucler à pied, dans le sens des aiguilles d’une montre, un heptagone, dont chaque étape fait environ vingt kilomètres, inscrit dans un département français choisi au hasard sur la carte : la Creuse. Il a emporté dans son sac à dos un lecteur de disques compacts ainsi qu’un « discret appareil photo » avec un minuscule trépied télescopique pour se joindre à la galerie de portraits des personnes rencontrées, manières de selfies avant la lettre.
Il évitera dans son "odyssée bidon", comme il qualifie son périple, les sites renseignés dans les guides, car trop fréquentés. Jouve est actuaire, il ressasse le départ d’Odile, sa femme, ainsi qu’un mariage qui n’a pas eu le loisir de se développer à cause des soins que sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer – la maladie de l’oubli -, a demandé à sa bru. Le roman baigne dans une France rurale que traverse notre randonneur et qui est destinée à disparaître avec le deuxième millénaire du calendrier grégorien (l’action se déroule du 19 au 25 juin 1999).
Jouve est un enfant de vieux, il est empêtré dans son passé. Il cultive le goût des chiffres et des archaïsmes mais aussi celui des masques ( « les hommes ont tous une provision de masques »). On le verra soigner avec un soin maniaque une ampoule au pied. Par petites touches, le narrateur laisse entendre qu’il pourrait être autre que le promeneur tranquille qu’il affecte d’être par ailleurs.
À la fin, tout s’éclaire pour s’obscurcir aussitôt. On découvre ce sur quoi débouche cette « quête du vide », ce voyage au bout de l’ennui d’un homme qui a toujours aimé les histoires de fou, qui au fond n’a jamais supporté l’imprévu, ce qui dérange un ordre établi ; la vie même.
Un livre singulier, au confluent des genres (du thriller, de la fable, du récit de marche), qui les brouille tous pour composer un roman déroutant qui mêle à sa trame toutes sortes d’histoires : mythologiques, « tintinesques » (la narrateur a emporté avec lui une version graphiquement réduite des aventures de Tintin) ou populaires comme celle, fascinante, de cette jeune vierge, livrée nue à la morsure de rats et alors qu’on festoie ensuite autour d’elle pour célébrer la perpétuation du rite bien souvent sombre pour le reste de ses jours dans la folie.
Un roman jubilatoire et iconoclaste qui bouscule toutes les conventions.
Une lecture surprenante!
Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 28 décembre 2010
J’aurais aimé l’offrir, mais il n’est plus disponible qu’en occasion (et encore très peu).
J’y ai trouvé des phrases qui chantent ...
Road-Movie dans la Creuse
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 31 décembre 2006
Et voilà Jean-Pierre Jouve parti à l’assaut du département 23. Méthodiquement, scrupuleusement. Et d’abord parce qu’il pratique l’art de s’ennuyer :
« Cette année, pour les congés payés, j’ai décidé de m’ennuyer. Si l’on ne s’ennuie pas, le temps passe vite, et deux semaines, c’est si court ! Mais s’ennuyer, c’est ruminer le temps, le malaxer, l’étirer comme une pâte, comme une gomme extensible. c‘est profiter de chaque grain de sable …
Cette année donc, j’ai décidé de m’ennuyer. Depuis trois ans, je divise ma vacance en deux, pour épargner du temps et de l’argent. Je pars une semaine en juin et une autre en septembre. C’est moins cher, c’est plus vide, et je répartis mieux mes plages d’oisiveté. »
Jean-Pierre Jouve n’est pas n’importe qui. Outre sa profession d’actuaire (et la sacralisation des chiffres qui s ‘ensuit), Jean-Pierre Jouve a une fêlure. Une belle fêlure bien profonde, une qu’on garde pour soi, la compagne de tous les instants malheureux : sa femme Odile l’a quitté, il y a déja du temps mais le deuil n’est pas fait et la fêlure bien profonde. Donc Jean-Pierre Jouve n’est pas seul et c’est peut-être bien le drame ?
Nous voici donc parti pour un road-movie au sein de ce département des plus ruraux et désertés, à pied pour prendre notre temps et le temps je n’ai pas eu envie de le bousculer, savourant les mots, la diction de Daniel Charneux. Une qualité d’écriture remarquable dans un langage des plus accessibles.
L’atmosphère est celle d’un voyage à pied, rythme lent – confort rudimentaire –vision approfondie des paysages et des gens. Solitude, introspection, irritation du pied qui souffre de l’ampoule qu’on n’a pas su éviter …
On ne sait pas trop, à dire vrai, où Daniel Charneux nous emmène. Pas grave se dit-on, on ne va nulle part, on lit juste un roman bien écrit. Erreur ! Erreur profonde. On allait quelque part et on ne ne le savait pas. Les dernières pages nous ramènent à la … fiction. Ben oui ! C’est un roman, non ?
Une semaine de vacance comme une semaine de vide ? Pas vraiment !
Coupable de ne pas avoir risqué LA vie
Critique de Mae West (Grenoble, Inscrite le 26 décembre 2004, 73 ans) - 16 décembre 2006
Le narrateur n’aime pas l’imprévu. Depuis que sa femme l’a quitté, il a commencé chaque année pour ses congés d’été, de faire à pied, un à un et un par an, tous les départements français. Méticuleux –d’aucuns diraient « limite obsessionnel »- c’est un homme de chiffres, comme le veut sa profession d’actuaire. Aussi lorsqu’il organise son périple de sept jours, c’est avec une méthode qui ne doit rien au hasard, même si, pour jouer un peu, il a décidé cette année-là de tirer son département aux fléchettes. Ce tir aléatoire nous emmène donc en sa compagnie dans la Creuse, un de ces trous réputés de la France profonde même pas pittoresque, où il ne se passe rien. On peut s’attendre dès lors, en proportion symétrique à la vacuité des lieux et de l’esprit vacant propre au rythme lent d’un marcheur à pieds, à ce que cette semaine de vacances se transforme en « une semaine de vacance » comme son titre l’indique :
C’est bien ce qu’il cherche, non ? ce ‘scout toujours’, bien propre sur lui, opérationnellement chaussé, pharmaceutiquement paré à toute ampoule malvenue, avec son short kaki, sa gourde, son éternel laguiole et son sac à dos …..
…. où il a pris soin d’emmener, photocopiés en mini-format sur papier bible, les œuvres complètes de Tintin : un album par jour, après la marche, qu’il relit religieusement !
Ah ? Mais c’est qu’il est quand même un peu bizarre ce gars là ... Et la Creuse, aussi, elle n’est pas aussi creuse qu’elle en a l’air, avec ses rituels mangeurs de viande, rappelant ceux, cruels, des voleurs et des rats de sinistre mémoire locale. Et voici qu’accourent les fantômes du souvenir venus remplir l’espace vide du randonneur tintinophile, le disputant à ses fantasmes et ses rêves. Et voici les chiffres du destin qui sont les multiples de sept, sept jours de marche inscrits dans les sept boules de cristal de ce destin-tintin : Tintin pour le bonheur, notre non-héros n’est pas né pour ! Et à deux dimensions, comme une page d’album, il se déroule, avec la même implacabilité que le ruban d’asphalte sur la route longiligne de Guéret à Moutier d’Ahun.
« N’est-ce pas ce que je cherche, cette lenteur, ce malaise, cette petite agonie de l’ennui ? Je n’ai rien d’autre à faire que creuser dans ma vie . »
Sous le soleil cuisant, le marcheur examine à rebours son chemin : grillé d’avance.
Un chemin de "gosse de vieux", né d’un père militaire de surcroît, et qui voue une haine viscérale à la guerre. Il revoit son passé, lui qui n’a pas su garder son épouse Odile, la blanche aubépine, la source si fraîche, si vive. Lui, qui n’a pas voulu, pas su, pas pu avoir d’enfants, ou qui dit détester les enfants. Mais qui s’émeut à l’évocation de jeunes filles rendues folles par la barbarie des hommes. Lui, cette eau qui dort si profondément troublée, au point que tout d’un coup, le voilà contrarié, voire furieux, parce qu’un grain de sable s’est glissé dans sa chaussette et risque de compromettre le déroulement futur de son parcours bien huilé. Il s’analyse avec humour, voire désinvolture, mais « Il avait suffi d’un sourire pour que soit révélé à ce devin bouclé le squelette qui était en moi » Lui, ce conteur qui se raconte, nous le suivons, comme les rats suivent le joueur de flûte de Hamelin et il nous emmène, envoûtés, de cercle en cercle jusqu’à l’enfer du septième et dernier :
Non le lecteur n’est pas au bout de ses surprises, avec cette « semaine de vacance » et il faudrait être fou pour croire qu’on va y trouver en creux le moindre ennui. Bien au contraire, la moelle est si riche qu’elle a un goût de revenez-y.
La dernière page refermée, le livre vous poursuit. On savoure encore, par bouffées réflexives, sa langue à la fois simple et recherchée qui vous parle en direct, sa construction impeccable, et sa logique épouvantable jusque dans la chute si surprenante, mais finalement pas tant que ça !
Car ce roman noir atteint à l’ universel : il nous amène à voir, à travers ce personnage de fiction et pourtant psychologiquement crédible, bien campé, même s'il se soupçonne lui-même d'être une « suite de masques », le symbole de notre condition d’homme actuel.
Produits d’une vieille civilisation sur le déclin, ne sommes nous pas comme ce « fils de vieux » hantés par le spectre de la guerre, par les images de la folie des hommes et par la mort, conscients d’être sur « la ligne de pente », passée l’apogée de notre règne?
Comme lui, nous planifions nos vies , ces expéditions dérisoires, jusque dans les moindres détails, redoutant le moindre grain de sable qui viendrait contrarier nos projets matérialistes.
Dès lors, même si nous n’allons pas jusqu’à donner nous mêmes la mort, laissant pour cela les instances et les injustices en place le faire, nous portons en germe la mention coupable : Coupables d’être nés trop tard dans un monde trop vieux, de ne savoir pas inverser la ligne de pente fatale, pour la faire remonter vers le faîte.
Pour autant ne nous rendons pas coupables de ne savoir pas « risquer LA vie » :
C’est ce que semble crier en filigrane, du fond de l’enfer qu’il a creusé (au creux de la Creuse) le malheureux non-héros de ce petit roman génial.
Original et surprenant
Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 49 ans) - 18 septembre 2006
La fin est effectivement très surprenante et laisse une sensation bizarre qui termine de donner à ce livre un ton tout à fait original ! pas vraiment un roman, pas un polar, pas non plus un essai. J’ai bien apprécié le clin d’œil final qui prend tout son relief quand on connaît la fin de l’histoire : « la France profonde mérite vraiment qu’on la creuse. »
Dans l’ensemble, si j’ai largement apprécié le style, le langage, le symbolisme, l’humour … , j’ai trouvé l’intrigue un peu trop mince à mon goût. Je préfère les romans où l’intrigue est plus présente, moins « second plan ». C’est pourquoi ce livre n’est pas mon préféré de Daniel Charneux même si j’ai pris beaucoup de plaisir à le découvrir.
Le Tour de Creuse
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 13 février 2006
On retrouve avec plaisir les personnages aigres-doux de Daniel Charneux. Des personnages qui portent toujours en eux une fêlure plus ou moins profonde. Le style également, toujours plein de fraîcheur, de trouvailles et de jeux de mots. Ce roman est également marqué du sceau du chiffre sept : sept étapes donc,…. A vous de découvrir les autres manifestations du chiffre 7!
A la recherche du temps perdu
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 23 février 2004
Pour le narrateur, donc, en vacances il s’agit avant tout d’éviter l’hyperactivité des touristes consciencieux. Pèlerin dans l’âme, il décide de parcourir la France entière à raison de deux fois sept jours de vacances par an. Cette fois-ci, le sort a décidé que ce sera la Creuse, un département de la France profonde (il choisit sa destination au moyen de fléchettes !).
Sept jours de marche dans la Creuse : il y a matière à s’ennuyer, ce qui est le but. Quand on s’ennuie on a le temps de penser, et finalement penser c’est ce qu’il y a de mieux pour s’analyser et si tout va bien se trouver une (nouvelle) raison de vivre. Car le narrateur est arrivé au midi de la vie sur une voie sans issue : sa femme Odile, qu’il aime toujours, est partie et il est un peu en perdition. Son « pèlerinage » est clairement une quête de sens, un voyage dans sa mémoire aussi, il va ressasser le temps perdu, mais avec l’espoir de trouver le trésor enfoui à la découverte duquel le personnage de l’évangile vend tous ses biens afin d’acquérir le champ qui contient ce trésor.
Bon ça c’est ce que je croyais, et c’est une partie que j’ai beaucoup aimé dans ce roman ! Mais une fois le livre terminé je me dis que finalement rien n’est simple ! Et que parfois on croit parfois connaître les autres alors qu’en réalité…
C’est un livre qui se lit vite, avec délectation. Du même rythme alerte que les pas de ce personnage qu’on devine intelligent, cultivé mais qui surtout manie l’art de ne pas se prendre trop au sérieux (je parle du narrateur mais on a l’impression que l’auteur est comme ça aussi). Et heureusement l’auteur a le bon goût d’éviter les clichés qu’on rencontre parfois dans ce style de roman. L’écriture est belle, savoureuse par moment. Un seul regret : le narrateur – peut-être trop cérébral pour cela ? – semble déconnecté de la nature : j’aurais aimé qu’il me parle des platanes sur les places des villages, du soleil brûlant, des pins, du ciel étoilé lorsqu’il dort dans sa tente igloo, des champs de blé,... Heureusement il nous fait partager quelques belles rencontres avec les gens du cru, notamment le couple mère – fille de l’épisode de l’église ou plus encore le couple du début, deux vieux sympas, qui ont réalisé le sens de leurs vies dans ce que le narrateur n’a pas réussi : une descendance.
La plénitude du vide ou 7 * 6 = 0
Critique de Thomas Fors (Beloeil, Inscrit le 10 avril 2002, 88 ans) - 27 février 2003
Je ne répéterai pas ce que je viens de lire à l'instant, ce serait du plagiat. Je mettrai donc un simple petit grain de sel pour confirmer mon propos "Daniel Charneux est un matheux contrarié".
Certes le nombre 7 est à la base de son roman à contraintes, mais il me semble qu'il conjugue ce nombre à diverses sauces, 7 * 1, 7 * 2 (la 806), etc, 7 * 6... Je ne livre pas mes indices, car je voudrais que vous puissiez relire ce roman selon cette perspective.
J'y vois aussi cette approche constante et cette recherche de la plénitude, le cercle (l'ataraxie = absence d'angle), en y inscrivant d'abord un heptagone régulier si difficile à construire, puis ce déploiement à l'infini vers la folie du héros pendant que "le trot circulaire et régulier de la coureuse..."
A quand le prochain bouquin ?
Eloge de la folie.
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 13 janvier 2003
Diptyque
Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 27 octobre 2002
En fait, personnellement je couperais cette œuvre en deux, 140 pages d’un côté et 15 de l'autre. Du premier côté, je pourrais dire que c’est charmant, léger, bucolique, profond mais pas trop, très bien écrit ! Une balade champêtre dans la Creuse, un heptagone fait de sentiers, une réflexion sur les villages en même temps que sur le marcheur, une mise à plat de sa vie passée, de ses « erreurs », de ses regrets et de ses peines ; ce n’est pas pour rien que les sept jours se répartissent de part et d’autre de l'anniversaire de son ex-femme… 140 pages très, très agréables, avec allusions ésotérique et mythologique ; impeccable !
Puis viennent les 15 dernières ! Et là, je dois dire que je me sens un peu désarçonné, voire même choqué… et que, franchement (mais qui suis-je ?) j’aurais préféré une autre fin. Sorry Daniel !
Céline Dion à La Louvière-la-sinistrée ?
Critique de Miller (STREPY, Inscrit le 15 mars 2001, 68 ans) - 17 octobre 2002
A déguster page par page...
Critique de Rosenblum Petit (Marcinelle, Inscrite le 22 novembre 2001, 50 ans) - 24 mai 2002
J'ai dévoré ce livre en deux jours et je crois que je n'aurais pas dû. Je l'ai prêté à l'un de mes amis (qui est beaucoup plus calme et qui inspire le respect) et cette semaine, il m'a dit: "Je n'oublie pas de te rendre ton livre mais je le déguste. J'adore le style. Je veux profiter de chaque mot et de chaque métaphore. Je ne veux rien rater". Bien sûr, j'attends avec impatience qu'il me le rende pour pour pouvoir le relire et en profiter autant que lui...
En cireur de pompes que je suis, mais honnête hein...
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 5 avril 2002
L’auteur n'est évidemment pas responsable des associations d'idées qui s'entrechoquent avec des bruits mous dans la cervelle de ses lecteurs. Pour des raisons diverses, j'ai pensé à Perec bien sûr (comme le relève déjà Miller), à Benoziglio (oui, je sais, vous ne l’avez toujours pas lu; qu'y puis-je ?), à Robbe-Grillet du « Voyeur » (ose, Daniel, ose dire que toi-même tu n’y songeais point !) et même à Le Clézio (pour son « Procès-verbal » qu'un jour, bientôt, je relirai pour en parler avec tendresse) : de bons souvenirs d'autres complicités. Et j’ai lu lentement, reprenant souvent la phrase pour en sourire d'aise une fois de plus. Et je relirai.
Sur la route
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 17 mars 2002
Des errances du pseudo-randonneur sur les routes de la Creuse comme sur celles de ses souvenirs jusqu'au dénouement qui laisse le lecteur en pleine déconfiture, il y a de quoi ravir les plus exigeants.
lubie, lueur, lucide, lugubre.....
Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 6 mars 2002
Contraste avec la suite. Sensibilité qui affleure puis se déploie. Que ce soit bien écrit, je ne le répéterai pas, quoique : c’est vraiment bien écrit. Ca coule et ça serpente, c'est riche, c’est imagé, fruité, parfumé. "Le Christ triste se décrispe". Mais à vrai dire c'est autre chose qui m'a plu. C’est ce type qui rumine. Qui plonge, s’interroge, cherche une bouée, touche le fond mais pas tout à fait , refait surface, veut sourire encore, tend une main,... Et puis la chute : là, je ne vous dis pas : très très très dérangeant...
Charneux ou la capacité de jouer avec les mots...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 3 mars 2002
Ce livre est toute une démarche de pensée: "Voilà deux heures que je marche sans regarder autour de moi; voilà deux heures que je marche dans ma mémoire" Un parcours lent qui peut porter très loin !...
Quant à la fin de l'histoire, il aurait été peu aisé de trouver plus surprenant !...
Un livre plein d'humour, au vocabulaire des plus riches, à l'écriture déliée comme les pas réguliers d'un marcheur averti.
Voyage au bout de l'ennui
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 5 novembre 2001
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