Palavas la Blanche de Christophe Léon

Palavas la Blanche de Christophe Léon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 6 décembre 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 794ème position).
Visites : 3 362  (depuis Novembre 2007)

Sensibilité algérienne

Belle découverte pour moi que ce livre et le style de son auteur, à qui je dis merci pour toutes ces lignes.
Dévoré, pour ne pas dire englouti, en quelques heures, d'une traite, ce livre a capté mon attention et surtout mes émotions.
Le ton est grave, l'écriture légère. Deux extrémités qui donnent vie au récit, en le rendant humain, souvent empli d'humour, jamais dénué du sérieux qui accompagne cette situation périlleuse des rapatriés d'Algérie, ces "Arabes" à la carte d'identité française qui ne sont plus chez eux nulle part. Terrible sentiment de déracinement que Christophe Léon fait passer avec beaucoup de subtilité et de sensibilité.
Je me suis prise d'affection pour le petit Jackie complètement perdu entre ses dialogues de sourds, ces voix qu'il entend, cette troisième personne écrite en majuscule, son amour admiratif et craintif pour ce père placé au rang d'icône, incarnation de tous les paradoxes de l'Algérie française. L'épisode (et surtout le surnom trouvé) du Christ de Mantegna l'impressionne, comment comprendre qu'on peut tuer pour l'honneur et la liberté quand les clans s'inversent, que le vent tourne, que les colonisateurs deviennent, chez eux, les sales étrangers de service.
On sent la confusion, à la limite parfois de la maladresse, témoignage évident d'une implication très présente dans l'écriture.
Le personnage de Francine, que j'ai devinée tellement malheureuse, cachant ses drames sous des propos stupides ou odieux, rêvant de pouvoir enfin jouer le rôle de sa vie, cette Francine si perdue sous ses allures de petite allumeuse, ne sachant que faire, si ce n'est employer son charme physique, pour séduire et marquer de son empreinte cette vie qu'elle abandonne, qu'elle a tant décrié et qui pourtant lui manque dès le premier jour.
Chaque personnage a son histoire, un visage de l'indépendance algérienne, de la présence française, de la lâcheté des autorités respectives, de la souffrance qui s'est emparé de tous. Un beau témoignage, même si romancé, sur ce qu'ont ressenti, au fond d'eux, bien tassé dans leur estomac, ces exilés de nulle part qui ont tout perdu, en particulier leurs illusions.

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Histoire de quelques "Pieds-noirs"

6 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 54 ans) - 14 novembre 2011

Ce livre bien écrit, dans un style dépouillé, sensible et alerte, traite d'un thème souvent maltraité : les rapatriés d'Algérie, problème autrement plus complexe que ce que l'on croit actuellement. On a tendance à en faire un antagonisme, une lutte duale, où les "bons" et les "méchants" sont clairement identifiés : les colons forcément exploiteurs et riches et sans pitié et les colonisés sans tâches (ce qui, notons-le, est une autre forme de racisme, à l'envers, mais qui revient au même). L'auteur en parle de manière nuancé en s'appuyant sur le côté humain, "simplement" humain serait-on tenté de dire, mais c'est le plus important. Pour les "français de France", les "pieds-noirs", un million et demi qui arrive en 1962, sont plus des arabes que des "vrais" français, comme les corses ne sont vus que comme des émules de Colomba, des terroristes ou des fainéants par le continent. C'est aussi la mauvaise conscience de métropolitains finalement indifférents à ce qui se passait en Algérie, comme les harkis, 220 000 massacrés lors du départ des français, et les réfugiés parqués dans des camps, existant encore aujourd'hui (certains n'ont l'électricité comme l'eau courante que depuis peu). Merci donc à Christophe Léon pour ce tableau sensible de cet épisode trouble de notre histoire... Précédent livre chroniqué sur zazieweb : http://zazieweb.fr/site/fichelivre.php/…
Site Internet :
http://lerouergue.com/adulte/…

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