L'ombre se moque des apparences de Bernard Barraud
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Jeu de mots
Nouveau venu dans la collection des P’tits cactus de Cactus inébranlable éditions, Bernard Barraud est présenté dans sa biographie comme un « Marionnettiste des mots «. Ils les aiment tellement ! Il sait tellement bien les faire danser, les assembler pour en faire des phrases courtes, souvent très courtes. Des phrases qui sont souvent des aphorismes selon l’idée qu’en propose Jean-Philippe Querton dans son anthologie : « Les phrases du silence ». L’aphorisme ne se définit pas, « …laissons cette forme d’expression littéraire vivre son existence au gré des modes, des tendances, des penchants et des goûts de chacun ». Dans son présent recueil, Bernard Barraud, lui, a réservé de nombreux aphorismes au triptyque : mots, phrases, aphorismes. J’ai choisi d’utiliser ce triptyque comme fil rouge de mon commentaire même si Bernard Barraud a abordé de nombreux autres thèmes dans son recueil : la vie, l’amour, la mort et tout ce qui nous entoure, tout ce qui constitue le monde dans lequel nous vivons : le vivant, le matériel et l’immatériel. La lecture de ce recueil est déjà une approche de ce qu’est l’aphorisme, une mise en bouche avant la lecture de l’anthologie de Jean-Philippe Querton.
Dans ce texte, j’ai donc relevé un certain nombre d’aphorismes qui éclairent le lecteur sur la conception de l’aphorisme développée par Bernard Barraud. Dans cet inventaire, l’auteur évoque son amour des mots, sa conception de l’aphorisme et sa façon de l’élaborer, de le construire, de le glisser dans un texte,…
Pour commencer cet inventaire, j’ai choisi de lister les aphorismes qui montrent l’amour de l’auteur pour les mots et les aphorismes, sa façon de les choyer, de les dorloter avant de nous les livrer :
« J’ai un faible pour le pouvoir des mots ».
« J’aime bricoler avec les mots que j’accroche au mur ».
« J’aime bricoler avec les mots et percer à jour chacun de leur mystère ».
« Du haut de la montagne de mes idées j’ai provoqué une avalanche de mots ».
« Un nuage de mots passe au-dessus de moi : je sens qu’il va pleuvoir quelques aphorismes ».
« En attendant une averse d’aphorismes, les premières gouttes ».
« Aphorismes : furtives pensées apéritives ».
« Il suffit d’une lettre pour faire un mot, d’un mot pour faire une phrase et d’une phrase pour faire un aphorisme ».
« Mes aphorismes ramassent les petits éclats silencieux des mots jetés par la fenêtre de mes idées ».
« Dieu créa l’aphorisme, le huitième jour de la semaine ».
« Laissons frémir les aphorismes libertaires, à feux doux et toute la sainte journée ».
« L’aphorisme se contente de peu de mots mais quant à savoir combien personne ne le sait ».
« Il m’arrive de cacher dans mes aphorismes quelques secret de famille ».
En écrivant cette liste, j’ai eu comme l’impression d’écrire l’histoire d’un petit aphorisme égaré dans un recueil publié par Cactus inébranlable éditions. « Le penseur à ses poncifs et le ponceur à ses pensées » !
Les éditions
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L'ombres se moque des apparences
de Barraud, Bernard
Cactus Inébranlable Éditions / P'tit cactus
ISBN : 9782390490869 ; 19/09/2023 ; 92 p. ; 105 x 185
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Manuel de savoir-vivre avec soi-même
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 27 septembre 2024
Il fuit les vocables « se contentant de leurs sens commun ». Il use de paradoxes, il a le sens de la formule, chasse les idées toutes faites et les éléments de langage « faits de mots à l’emporte-pièce ».
Il imagine sa voisine à genoux devant son lit en train de réciter à messe basse ses aphorismes, il se dit maladroit au point de « mettre le doigt entre le marteau des regrets et l’enclume des faux espoirs », il voit sa vie comme « un réseau routier sans panneaux de signalisation », éprouve certains jours l’impression d’être sa propre caricature. Le seul pouvoir auquel il plie est celui des bons mots.
"Ma vie est une parenthèse à l’intérieur d’une phrase éternelle."
Il a écrit une sorte de savoir-vivre avec soi-même.
"Repasser chaque jour les mêmes idées conduit au repli sur soi."
"Je suis un philosophe-plombier qui installe des cabinets de réflexion."
"A trop douter on risque de s’enfermer dans ses incertitudes."
"Dans la vie quand on en voit de toutes les couleurs ça se transforme en maladie psycho-chromatique."
"Je ne suis pas né : on m’a fait naître."
"On fait parfois de bonnes affaires en allant chiner dans le vide-grenier de ses souvenirs."
"Le moi, le surmoi et les sous-moi."
"Un jour, ma mère s’est retirée sans faire de vague."
"Pour se dépasser soi-même il faut se dédoubler."
"Les gens qui passent leur temps à se mettre en valeur finissent pas être achetés."
Au fil de ce petit millier d’aphorismes, on découvre l’auteur curieux de tout, attentif aux rêves, aux songes, aussi hostile aux mensonges qu’à la « vérité absolue », aux abus de pouvoir et de croyance, ne se laissant conter par aucune vanité humaine, et surtout pas la sienne.
L’ombre se moque des apparences est son premier ouvrage ; gageons qu’il y en aura d’autres !
Un écrivain, un homme à découvrir derrière ses mots, derrière ses ombres.
L’illustration de couverture, Le livre de Marges #3, est de Clara Gaget.
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