Qu'en flue l'incertitude de Gérard Leyzieux

Qu'en flue l'incertitude de Gérard Leyzieux

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Débézed, le 24 mars 2024 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 344ème position).
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Oulipo dans l'incertitude du temps

Gérard Leyzieux est un troubadour des temps modernes, il arpente la France, du moins ses textes, de Brest (Stellamaris) à Nancy (Tarmac) à la rencontre des éditeurs qui les publient. Il vient même d’atterrir dans un petit village du Haut-Jura, à quelques dizaines de kilomètres de chez moi, pour proposer des poèmes à Z4éditions, la belle petite maison d’édition créée par Daniel Ziv. Avec ces poèmes, Daniel a construit un très joli recueil grand format (21 x 29,7), que, pour ma part, même si ni l’éditeur ni l’auteur ne l’ont mentionné d’aucune façon, j’ai divisé en deux parties.

Une première série de poèmes où l’auteur se consacre surtout à un exercice consistant à jouer avec la forme des textes, un genre de défi oulipien. Dans cette première partie il propose des poèmes à « géométrie variable », il propose un mot central autour duquel s’articule trois débuts de vers et trois fins de vers qui peuvent être lus dans l’ordre choisi par le lecteur parmi les neufs combinaisons possibles.

Dans la seconde partie, Gérard propose des poèmes d’une dizaine de vers, quelquefois plus, construits avec des mots et des formules très ciselés, d’une grande fluidité, dans un style très recherché : un exercice littéraire confinant à l’exercice de style qui m’a fait penser aux recherches conduites par Philippe Jaffeux pour construire un langage à l’usage de personnes dont les membres sont soumis à des contraintes handicapantes. Gérard n’a pas travaillé sur l’ergonomie de l’écriture, il a plutôt travaillé sur la recherche de nouvelles formulations pour mettre les mots en adéquations avec les thèmes qu’il a évoqués. « L’œil perd ses repères et cherche à identifier les frontières de la vision ». Ces vers sont une véritable création littéraire. Il les enrichit de formules styles, notamment des allitérations (Sa façade s’affale, fade et effacée), des assonances (Face au sable le grain du teint s’éteint), des anaphores « Au temps l’emporte l’espace / Temps te porte à travers ton propre espace / Temps t’ouvre la porte de ses espaces / Le temps t’introduit en tes espaces / Tes espaces qui te font Temps / … » et peut-être d’autres que je n’ai pas décelées. Il utilise la création de mots nouveaux en utilisant des mots existants ou des parties de mots.

Gérard utilise tout ce travail sur la forme et sur les mots, les vers, la formulation poétique, …, pour évoquer ce qui semble le préoccuper le temps et l’espace et la conjugaison de ces deux dimensions qui délimitent le champ de l’existence. Ces deux dimensions dont il ne sait apprécier les limites et qu’il laisse dans le flou de ses vers. « … / Il parcourt l’imprécis trajet de l’attente / Sans cesse en manque d’écho et de sensations ».

Ce temps qui coule et s’enfuit emportant la vie : « Allongé(e) dans le flot des nuits et des journées / Couché(e) sur le lit des années / S’écoulent de toutes parts les flux du temps / … ».

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Gérard Leysieux et la poétique de la présence

8 étoiles

Critique de JPGP (, Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans) - 8 décembre 2023

L'attention que Gérard Leysieux accorde à la femme aimée l'entraîne vers l'irrésistible qui couche parfois avec l'incertitude. C'es une addiction à multiples facettes car à ce point plus aucune séparation n'existe : ce qui entraîne l'auteur à des confidences perturbantes qui pourraient éloigner l'aimée définitivement.

Que deviendrait le poète sinon laisser naître en lui un sentiment de légitime incompréhension. Mais ii peut en filigrane promettre que de tels égarements ne viendront plus troubler ses échanges. Ce qui n'empêche en rien que les corps demeurent dans un transport amoureux immuablement mouvant.

Dans les paroles émises à travers les trajets de telles attentes perdurent échos et sensations. Peu à peu le temps se construit. D'arrière en avant il imprime le flux des regards dans le parcours des sens.

Jean-Paul Gavard-Perret

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