Effacement de Percival Everett
( Erasure)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 5 avis)
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Différent... et bluffant !
Premier roman de Percival Everett traduit en français, effacement est une oeuvre puissante, et pleine.
Thélonius Monk Ellison n'est pas, et n'a jamais été comme les autres. Il est noir, mais pour lui ça n'est vraiment qu'une couleur de peau, rien d'autre. Il est romancier, mais ses écrits sont exigeants avec leurs lecteurs, d'un tel niveau qu'il ne peut rencontrer l'adhésion de ses pairs. Il est donc professeur pour vivre, mais n'a aucun sens de la pédagogie. Il aime sa famille, mais n'a aucune idée de comment le lui signifier, ou simplement l'intégrer à sa vie.
Un jour, par rancoeur il décide d'écrire un pastiche de roman "black" à succès, d'un jet continu, une succession de clichés bourrée de gros mots. Ce livre fait l'unanimité dès avant sa parution, et Monk ne parvient pas à refuser l'argent qui en découle.
Cela entraîne chez lui de profonds questionnements, couplés à une vie privée compliquée.
Comment vivre sur une imposture, pour une "oeuvre" qu'on exècre, sans pouvoir réellement tout planter là ?...
Très bon roman, très facile à lire et bourré d'humour. Une forme d'humour très fine, de l'ironie à froid qui effectivement est hilarante. Entrecoupé de dialogues imaginaires entre grands de ce monde, de bouts de rien ça et là... C'est un régal, vraiment.
A découvrir !
PERCIVAL EVERETT
Auteur et universitaire américain
Né à Fort Gordon (Georgie) en 1956
Percival Everett a passé toute sa jeunesse en Caroline du Sud. Diplômé de l'Université de Miami et de Brown, en philosophie, il est tour à tour musicien de jazz, professeur, ouvrier dans un ranch. Son premier livre, 'Suder' (1983), lui permet d'obtenir le D.H. Lawrence fellowship de l'Université du Nouveau Mexique. Il publie ensuite 'For Her Dark Skin', 'Zulus', 'The Weather and The Women Treat Me Fair', 'Cutting Lisa', 'Walk Me to the Distance', 'The One That Got Away', 'Watershed'... Enseignant au Bennington College, à l'Université du Wyoming et de Californie, et enfin en Californie du Sud, Everett vit à Los Angeles avec sa femme Francesca. Auteur prolifique et apprécié par la critique américaine, Everett est souvent comparé, quant à sa technique romanesque, à Toni Cade Bambara.
Les éditions
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Effacement [Texte imprimé], roman Percival Everett trad. de l'américain par Anne-Laure Tissut
de Everett, Percival Tissut, Anne-Laure (Traducteur)
Actes Sud / Lettres anglo-américaines (Arles)
ISBN : 9782742747641 ; 23,40 € ; 10/03/2004 ; 366 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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" J'ai vendu mon effacement ! "
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 4 décembre 2011
Impression très mitigée après avoir terminé ce roman ( et content de le refermer )
Les messages passés par l'auteur sont intéressants et forts , la construction du roman originale mais tout ça est très intellectualisé et finit par " saouler " (... )
Thelonious Ellison est un romancier noir . Il vit à Santa Monica d'un travail trop peu commercial dont il ne tire aucun bénéfice.
Son éditeur et les critiques ne lui font pas de cadeau :
" Qui va lire cette merde ? "
" Tu n'es pas assez noir " ....
Alors , il va écrire une parodie de livre " black " qui - à sa grande surprise -va connaitre un succès foudroyant ( un à-valoir de 600 000 $ )
Une soudaine fortune qui arrive à point car sa famille tombe en ruine. Lisa ( sa soeur ) est assassinée , sa mère s'enfonce dans la sénilité, victime des prémices de la maladie d'Alzheimer , son frère s'est "trouvé" ( il révèle son homosexualité ) mais perd tout.
Il va alors falloir prendre ses responsabilités et assumer cette triple identité .
Qui est-il ? Thelonious , Monk ou Stagg Leigh ?
" Je m'étais pourtant juré un jour de ne jamais compromettre mon art " !
Les promesses sont-elles faites pour ne pas être tenues ?
A lire au second ( voir au troisième ) degré . Quelques pointes d'humour , des récits qui s'enchevêtrent....... mais une réelle cohérence .
Peut-on être un écrivain noir et écrire de la grande littérature ?
Un écrivain doit-il s'adresser au grand nombre et se renier ?
La " culture populaire " est-elle compatible avec l'Art ?
Les contraintes économiques ( il faut bien manger.... ) sont-elles plus fortes que l'essence même de l'Art et du ressenti de l'artiste ?
Percival Everett signe un roman intéressant mais - pour ma part - un peu " rasoir " .
Succès et médiocrité
Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 58 ans) - 19 juillet 2011
Auteur sans succès d’une œuvre exigeante et hermétique, il vient passer quelques jours à Washington, pour un colloque d’écrivains.
Dans cette ville qui l’a vu grandir, et où il n’est pas revenu depuis des années, il revoit sa mère, atteinte d’un début d’Alzheimer, et sa sœur Lisa, médecin dans une clinique d’un quartier déshérité.
L’assassinat de Lisa va bouleverser sa vie routinière et l’obliger à revenir à Washington pour s’occuper de sa mère.
Agacé par la réussite d’un roman sensationnaliste sur la misère dans les quartiers noirs, Monk rédige un pastiche d’ « Un enfant du pays » de Richard Wright, en langage du ghetto. A sa grande surprise, son récit connait un énorme succès, mais en étant pris au premier degré…
Ce roman original, met en parallèle la vie terne et sans but d’un Monk obsédé par une certaine pureté artistique, et l’incroyable impact de ce qui n’était au départ qu’un cri de rage contre une certaine littérature…
Bien écrit par un grand écrivain qui ne se prend pas trop au sérieux, les thèmes de l’art, du monde de l’édition, de la famille, du sens de la vie, du statut des noirs dans la société américaine sont déclinés avec humour et finesse.
A lire et à faire lire.
Jeu schizophrène
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 24 janvier 2011
Parallèlement au volet littéraire, très réussi, Everett aborde la vie familiale de Monk, avec un peu moins de bonheur. Il décrit avec délicatesse les ravages engendrés par un début d’Alzheimer sur l’esprit de la maman de Monk, le tragique destin de sa sœur, médecin huée par les opposants à l’avortement ainsi que le récent coming-out de son frère.
A noter également que le texte est entrecoupé de commentaires sur la pêche et de dialogues imaginaires entre personnalités connues. J’avoue n’avoir pas bien saisi l’intérêt de ces intermèdes…
Le tout est traité avec humour par un Percival Everett dont l’érudition ne fait pas le moindre doute. On sourit, certes, mais souvent jaune. Le style enlevé donne du rythme au texte et la lecture n’en est que plus agréable.
Par contre, grosse déception à propos de la fin du livre : quelle est cette tendance, très déplaisante je trouve, à ne pas proposer de fin ? Je veux bien d’une fin subtile, en filigrane, non explicite, mais je veux une fin !!! Ici, le texte s’interrompt, un peu comme si une phrase s’arrêtait en son milieu…
Une petite citation qui illustre le style d’Everett :
« Bien sûr, il serait regrettable de vivre trop vieux. Cela n’amène rien de bon. On ne devrait pas prendre l’habitude de vivre. »
Caustique à souhait…
Flash black
Critique de THYSBE (, Inscrite le 10 avril 2004, 67 ans) - 26 septembre 2005
Je me dois, de m’associer à la critique initiale pour relancer cette superbe lecture.
Aussi je vais argumenter dans ce sens.
Si je vous dis :
- l’Effacement de Percival Everett fera partie de mes grandes découvertes pour 2005, comme l’avait été en 2004, L’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon, cela vous parle ?
- qu’il a une construction en miroir avec beaucoup de tonalités différentes comme dans les livres de Paul Auster, cela vous tente ?
- qu’il y a un livre dans le livre, cela vous dit ?
- qu’il traite du monde de l’édition, cela vous intéresse ?
- qu’il parle avec sensibilité de l’identité sociale, la maladie d'Alzheimer, les relations familiales, cela vous touche ?
- qu’il décrit la place des noirs dans l’Amérique d’aujourd’hui, cela vous émeut ?
D’une grande érudition, ce roman peut être lu à plusieurs niveaux.
Tout comme Paul Auster, il incorpore des éléments personnels de sa vie, comme par exemple sa passion de la chasse qui est insérée par petites touches dans les 365 pages.
Je n’ai pas trop l’habitude de relire les livres déjà lus, (j’en ai tellement à lire avant), mais celui-ci je pense que j’y reviendrai, c’est un peu comme faire une même rando à une saison différente.
J’espère vous avoir convaincu.
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