Verrous de Sandrine Davin, James Lilley
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie
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Sandrine Davin et James Lilley : géôles
Dans ce livre de poèmes écrits à quatre mains, les deux auteurs nous mènent au coeur des prisons de femmes et d'hommes; Existe là un partage d'un quotidien vu par celles et ceux qui vivent cet exil.
Une vie particulière est là où l'exercice de la mémoire devient parfois "les barbelés de la honte" et où le mot "liberté" s'écrit avec du sang sur des murs.
Au milieu des nuits sans sommeil se font entendre des hurlements et où s'imaginent dans le noir d'impossibles voyages. Les deux auteurs restent au ras de l'existence des détenus. Le tout sans pathos et avec une précision la plus juste qui soit pour épouser leur condition avec pudeur au milieu des isolements où parfois "Le coeur saigne / La chair ronfle" attendant avec espoir plus ou moins long de retrouver l'ailleurs".
Jean-Paul Gavard-Perret
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Enfermement
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 10 avril 2024
Ce recueil est introduit par un poème qui décrit la prison, le cadre, l’ambiance, la morosité, l’ennui… : « Murs gris / Quatre murs / Trous de silence / Et trous de mémoire / Laisser son nom / Son identité /- Enfermement- / Ne pas respirer / Juste suffoquer / Tuer le temps / A ronger le béton / Et s’endormir ». Dans cet univers sombre, gris, atone, triste, il y a peu d’espoir. « Les nuits sont noires / La lune est pâle / Ici tout est gris ». Le vocabulaire, les sons, la musique des mots renforcent cette impression de désespoir. « Dans la cellule froide / Froide / Le cœur saigne / La chaire ronfle / toute la nuit ».
Pire que la froideur et la grisaille, il y a le silence , « Les silences hurlent / A travers / Les barreaux » il rende encore plus sinistre ce « Lieu de péril / Milieu de chaos / Espace lugubre / De 14m² / Et rouillure / De barreaux ». Dans la prison, l’homme se défait, perd son humanité, son corps s’abîme sous les coups, son cerveau s’étiole : « Yeux dans les yeux / Genoux contre genoux / Mémoire grignotée par le temps ». Les mots sont répétés pour leur donner encore plus de poids, plus de force, plus d’impact…
Le maître mot en prison reste le temps : le temps qu’on doit y passer, le temps déjà passé, le temps qu’il reste à y passer. « Sur la terre froide / il compte les jours / les heures / Les minutes // - Chaque seconde est interminable - ». Sandrine avec la collaboration de James Lilley, un boxeur anglais, qui écrit des vers dans sa langue natale renforçant ainsi l’universalité du monde carcéral et le traitement qu’y supportent ceux qui ont eu la malchance d’être condamnés à y résider.
Dans ce recueil la forme à une grande importance, comme celle du texte dans l’utilisation des tirets pour encadrer, enfermer, le mot « enfermement » pour renforcer l’effet de claustration voulu par l’auteure. Des mots écrits en cascade, comme pour les asséner sur les détenus. Les vers sont courts, les textes sont courts, les mots sont forts, répétés parfois pour résonner encore plus fort. Ils colportent dans leurs sons, leur rythme, leur mise en scène toute la tristesse que le détenu ressent dans cet espace gris, froid, trop étroit et silencieux.
Seule la mémoire peut tuer le temps qui se traîne en longueur dans ce lieu sinistre : « -Tuer le temps / A coup de souvenirs - ».
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