Humus de Gaspard Koenig
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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De la terre à la terre
Humus est un roman d'apprentissage contemporain sur fond d'écologie et de problèmes sociétaux.
Deux étudiants d'AgroParisTech, Kevin et Arthur, vont se rencontrer lors d'un cours sur les lombrics et deviendront les meilleurs amis malgré leurs différences. Kevin, beau blond issu de parents travailleurs vers Limoges, sorte de Rastignac du Limousin, est monté à Paris pour étudier grâce à une bourse. Il s'imagine par la suite créer sa petite entreprise de lombricompostage pour particuliers.
Arthur, brun bavard ayant lu les grands auteurs, est le fils d'un avocat et donc suit son chemin tout tracé dans les grandes écoles. Mais un jour, il abandonne les études suite à un désaccord avec ses professeurs et devient un néorural au fond de la Normandie.
Au fil des chapitres en alternance sur chaque garçon, on découvre les désillusions, les retournements, les décisions à prendre malgré les promesses de chacun.
Le dernier quart du livre est une dystopie sur ce qui pourrait advenir prochainement de la France si les politiques ne bougent pas.
L'auteur nous transporte donc dans deux choix de vie sur environ 10 ans en y incluant des faits réels contemporains tels que les manifestations d'Extinction Rebellion, les sols pollués des grandes exploitations agricoles, l'hypocrisie des start-ups. Les deux personnages peuvent rappeler Montaigne et La Boétie ("Parce que c'était lui, parce que c'était moi"), ce dernier étant connu pour son Discours de la Servitude volontaire. Une lecture qui ne laisse par de marbre et invite à suivre l'actualité.
Les éditions
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Humus [Texte imprimé]
de Koenig, Gaspard
Les éditions de l'observatoire
ISBN : 9791032927823 ; 22,00 € ; 23/08/2023 ; 379 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (1)
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Belle prose sur les vers (malgré l'avant dernier chapitre)
Critique de Nav33 (, Inscrit le 17 octobre 2009, 76 ans) - 21 décembre 2023
Kevin n'est pas animé d'une grande ambition , mais se laisse porter par les événements , qui comme il est doué , propulsent son ascension sociale et vont l’amener à évoluer dans un milieu dont il ne connaît pas les codes. A l'opposé Arthur a plutôt une volonté de rupture avec son milieu et aspire à mener une carrière en marge de « l'agrobusiness ». Arthur s'engage dans un projet de recherche , sur les vers de terre , dans lequel il ne se facilite d'emblée pas la tâche , car il choisit pour terrain d'expérimentation l'ancienne exploitation de son grand-père sur un terrain particulièrement ingrat.
Kevin, lui , se lance dans un projet de fabrication de lombricomposteurs pour particuliers , mais se heurte aux préjugés , manque d'imagination et incompétences des banques pour le financer . C'est une étudiante de HEC , aux dents particulièrement longues et aiguisées qui va l'entraîner avec détermination et brutalité , dans un projet industriel à grande échelle en usant de toutes les armes de la communication contemporaine et aussi de l'étendue de ses relations , y compris familiales. Autant que pour ses compétences techniques et scientifiques elle va utiliser à cet effet Kevin comme pour son image de jeune entrepreneur , produit de la méritocratie et preuve qu'il existerait encore un ascenseur social. En outre Kevin plaît beaucoup aux femmes , et même aux hommes.
Arthur sera aussi épaulé , au moins au début, par une compagne . Son projet de recherche démarre très mal compte tenu du manque de collaboration du pauvre sol de son exploitation . En revanche son insertion sociale dans le village de Saint Firmin se fait de façon inespérée en compagnie d'autres semi-marginaux , dans un esprit de convivialité et d'entraide. Toutefois il snobe le voisin à qui son grand père avait vendu l'essentiel de ses terres , et qui à ses yeux pratique une agriculture intensive et destructrice .
C'est avec un talent éblouissant que Gaspard Koenig nous emmène dans cette comédie humaine contemporaine. C'est dans les portraits des personnages issus de son propre milieu qu'il excelle le plus . C'est en particulier un tout-Paris d'aujourd'hui , où on pratique un jargonnage managérial ponctué de globish, en plus de l’entre soi et des connivences d'antan , tout en feignant de s'en moquer. Les prolos et les marginaux sont aussi bien évoqués , peut être avec un peu moins de méchanceté et de précision (bizarre par exemple de considérer que les parents de Kevin ne s'intéresseraient pas à lui une fois qu'il a quitté la famille. L'auteur s’en donne à cœur joie , avec beaucoup d'humour et va jusqu'à pratiquer l'autodérision en se mettant lui-même en scène (un essayiste nommé Gaspard , qui fréquente les salons de l'élite).
Tout va bien donc dans ce roman que je recommande chaudement jusqu'au chapitre XXI , où le récit dérape dans une autre dimension à tel point qu'il me semble écrit par quelqu'un d'autre , et dans un registre complètement différent. Alors que l'on naviguait jusque là dans une histoire assez vraisemblable et parfaitement documentée , on bascule soudain dans une dystopie de mauvaise bande dessinée , qui pourrait être une sorte de conte , mais qui ne se raccorde pas du tout à l'esprit du reste du roman dans son excès. Sur le fond il est complètement invraisemblable que des groupes soient à la fois aussi extrémistes et aussi organisés et nombreux pour agir simultanément à l'échelle mondiale dans un projet criminel et nihiliste.
Enfin ceci ne concerne que 26 pages qu'on peut survoler le plus rapidement possible pour terminer la lecture avec le dernier chapitre.
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