Oser vouloir : Georgina Bazé, Une femme dans l'histoire de Marie Dufon-Roche

Oser vouloir : Georgina Bazé, Une femme dans l'histoire de Marie Dufon-Roche

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 31 octobre 2023 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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Le prix du dévouement

Second livre (j’espère qu’il deviendra vite le deuxième) que je lis de la nouvelle maison Les Editions Marie Romaine après « Je ne serai pas toujours là » de Catherine Soullard, ce texte est le récit de la biographie particulièrement riche, diversifiée, haletante et émouvante de Georgina Bazé écrite par son arrière-petite-fille.

Georgina était peut-être génétiquement destinée à voyager, à bouger, à parcourir le monde et à changer facilement d’activité, elle était la petite-fille de quatre aïeux ayant quitté la France pour l’Amérique et la fille de deux parents retournés en France et revenus en Amérique eux aussi. Elle avait les gènes du voyage dans le sang. Elle est née, officiellement, à la Nouvelle-Orléans en 1859 où elle a grandi dans la rue Sainte-Anne (j’y suis passé pour aller caresser le pied de Louis Armstrong dans le parc qui porte son nom). Revenue à Bordeaux avec ses parents, elle est mariée, à dix-huit ans, sans enthousiasme aucun, juste pour aider sa famille à ne pas faire faillite, avec un quadragénaire riche viticulteur et négociant en vin. Résidant seule à la campagne, elle s’ennuie terriblement et quand ses deux garçons partent en pension, elle abandonne sa famille sauf sa petite dernière qu’elle emporte avec elle. Elle erre quelques années en France et repart pour l’Amérique pour fuir la justice qui la poursuit pour enlèvement d’enfant.

Pendant la traversée, elle fait la connaissance de celui qui était son voisin en Médoc et qu’elle ne connaissait pas. Il s’éprend d’elle, ils forment une famille, passent de l’Alabama à Washington où elle découvre la foi bahà’i’e. Pour suivre cette nouvelle théosophie, elle quitte sa nouvelle famille pour rejoindre la Palestine où elle découvre l’engagement auprès des plus défavorisés. Cet engagement deviendra son credo et sa nouvelle raison de vivre. Un rêve prémonitoire lui fait comprendre que l’Europe va rentrer dans un conflit dévastateur et qu’elle doit se préparer à porter secours à ceux qui le subiront dans leurs chairs. En 1906, à quarante-sept ans, elle triche une nouvelle fois en modifiant sa date de naissance, elle se rajeunit d’une quinzaine d’années pour suivre une formation d’infirmière.

En 1914, quand les blessés affluent en flot continu à la Gare du Nord, elle est prête à les accueillir, elle a son diplôme d’infirmière, elle est bilingue, elle est baronne, en changeant de date de naissance elle a accaparé le tire de son compagnon le Baron d’Ange d’Astre. Ses compétences, son énergie, son investissement, son abnégation, …, la distingue de la foule de ses collègues. Elle est bientôt envoyée en Orient, à Salonique où elle organise la lutte contre un nouvel ennemi : le typhus.

Après les Balkans, elle bouge beaucoup s’investissant en Europe et en Orient dans de nombreuses causes auprès des plus mal en point. L’âge avançant, elle fatigue, la débouche perpétuelle d’énergie commence à se faire sentir, le corps ressent toutes les épidémies qu’elle a côtoyées, tous les virus qu’il a ingérés. Elle s’engage dans une nouvelle cause auprès de son nouveau compagnon, riche héritier américain, dans un théâtre pour les enfants, une forme de thérapie pour les enfants pauvres privés de tout. Elle se charge des costumes et des décors. Elle finira sa vie à Paris auprès de son dernier compagnon après de longues années de souffrance dont deux dans un camp de concentration dans la Drôme.

De cette vie, il reste un modèle d’engagement exceptionnel, une énergie débordante mise au service des plus faibles, une disponibilité permanente grâce à une liberté absolue conquise au prix fort. Elle a renoncé à sa famille, elle n’a jamais revu ses fils et seulement une fois sa fille. Elle a payé très cher ses choix mais les a aussi fait payer à ceux qui l’aimaient. C’était sa liberté, c’était son choix, c’était sa raison de vivre mais ce fut aussi sa douleur, la plus vive qu’elle ait connue. Son arrière-petite-fille l’admire et donne la meilleure image d’elle. Les lecteurs la comprendront sans doute … ou peut-être pas. Tout ce que l’on donne, on le prend souvent à d’autres. Elle a mis sa mission de service aux autres devant tous ses autres engagements notamment devant celui que ses parents lui avaient extorqué quand elle n’était encore qu’une enfant.

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