La Colère et l'Envie de Alice Renard
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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La liberté de la différence
Isor est une enfant à part. Elle ne prononce pas un mot, vit isolée dans son propre monde avec ses codes et ses émotions. Entre syndrome de l’enfant sauvage et autisme. Alors qu’elle est élevée par des parents aimants et courageux et que le corps médical n’a décelé aucune étiologie à sa différence.
Le roman se découpe en 3 parties. Dans la première, les parents se livrent alternativement et comme dans un journal intime sur leur combat quotidien pour accompagner leur enfant qui n’entre dans aucune case. Un enfant hors système, hors société.
La seconde partie débute avec la relation intense qu’Isor parvient à nouer avec Lucien, homme âgé reclus dans une solitude routinière. Cette relation va bouleverser leur vie à tous.
Enfin dans la dernière partie, nouveau changement de points de vue et rebondissements.
Les 2 premières parties sont très réussies. Il y a une véritable émotion et une intensité tenue dans ces situations où la pérennité interroge. Mais la troisième, celle qui apporte un dénouement, m’a moins plu. L’auteure verse trop dans la fable. Gommant trop d'aspérités.
Malgré tout c’est incroyable de penser qu'Alice Renard, à peine 20 ans, ait déjà cette maturité pour aborder des sujets aussi délicats que la différence, la parentalité et la vieillesse. Bravo!
Les éditions
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La Colère et l'Envie
de Renard, Alice
H. d'Ormesson
ISBN : 9782350878966 ; 18,00 € ; 24/08/2023 ; 160 p. ; Broché
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portrait de la différence
Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 9 novembre 2024
Isor n'est pas une petite fille comme les autres.
Ses parents sont perdus, ils essayent tout pour qu'elle parle, qu'elle communique avec eux.
Tous les spécialistes sont convoqués, aucun ne réussit et le noyau composé de ces trois là ne bouge pas, il n'est pas reçu et ne reçoit personne.
Isor est mutique, à tel point que ses parents ne la scolarisent pas du tout.
Ces deux là ne savent pas à quel saint se vouer et finissent par tout laisser tomber. Isor grandit ainsi toute seule comme une plante .
L'auteure qui signe là son premier roman donne la parole aux deux parents qui racontent leurs peurs, leurs recherches .
C'est une histoire qui peut arriver à d'autres, dans la vraie vie.
Combien de parents sont désarmés par un « retard » important, des silences, des comportements qui sont hors normes ?
Un jour pourtant un renouveau survient.
Isor rencontre son voisin, un septuagénaire à qui elle est confiée pour une garde de quelques heures.
Alors que les deux parents s'inquiètent, un déclic arrive : ces deux là se trouvent, communiquent, s'apprécient et cette histoire d'un jour se reproduit.
La vie que ces deux là se sont construite déraille à partir d'un accident , Isor s'enfuit tout à coup et se met à recommuniquer avec ses parents.
C'est une belle histoire surprenante, d'amour sur l'hypersensibilité qui nous fait découvrir l'enfant différent sous un jour original et émancipateur.
Jean-François Chalot
Étrange Isor
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 26 août 2024
"Elle est plusieurs. Elle est trop vaste."
Les personnages se révèlent au travers des pensées et des ressentis des parents, qui deviennent narrateurs tour à tour. Leurs différences, leurs souffrances, leur acceptation ou pas de cette vie qui va les couper du monde, de leurs amis…
"Isor a tracé ce cercle autour de nous (involontairement ?) ... Il y a des jours où je le vis comme une prise d'otages."
Une vie difficile, entre les fugues, les colères, l’absence de communication orale. Et le regard des autres.
Un jour en urgence Maude demande à son voisin de surveiller un peu sa fille. Immédiatement, une relation se crée entre Lucien, homme solitaire et malheureux de 76 ans et Isor qui viendra le voir tous les jours entre ses 13 et 16 ans.
Et puis le départ d’Isor. Seule. On suit les réactions de colère, de douleur, d’incompréhension des parents et la découverte d’une jeune fille qui comprend le monde.
Un texte impressionnant en trois parties distinctes sur le fond et la forme. Après un doute à la lecture des premières pages, j’ai été conquise par ce roman, par le talent de l’autrice dans sa perspicacité, sa connaissance du monde, des relations humaines. Par son écriture particulièrement dans la troisième partie, où la langue devient poétique, des mots inventés superbes.
Quand on lit ce paragraphe, peut-on croire que l’autrice n’a que 25 ans ? Quel sens de l’observation, de l’analyse pour connaître aussi bien les maux et les mots d’une homme de 76 ans.
"Quand on est jeune, il est absolument impossible de s’imaginer ce que c’est qu’être vieux. Même avec un esprit vif et plein d’imagination, cette idée-là est hors de portée. Peut-être peut-on concevoir ce que le corps subit : l’arthrose, la faiblesse dans les jambes pour marcher, dans les bras pour soulever, dans les mains pour ouvrir le moindre opercule. Mais combien l’esprit se fatigue et s’oublie, non, non, c’est inconcevable. Le courage et la patience qui manquent à chaque imprévu. Les moindres perturbations vécues comme des bouleversements dont il faut parfois quinze jours pour se remettre. Cette impression qu’on a vidé tous les stocks : d’amabilité, d’enthousiasme, de volonté. Et cette étrange parcimonie de la tendresse qu’on instaure lorsqu’on se persuade que les réserves sont épuisées."
Superbe, tendre, original et tellement touchant.
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