Autopsie d'un doute de Bernadette De Rache

Autopsie d'un doute de Bernadette De Rache

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Saigneur de Guerre, le 18 octobre 2023 (Inscrit le 11 juin 2022, 66 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 990 

Un excellent roman policier se déroulant dans la bonne ville de Liège (Belgique)

Elle s’appelle Rose Hennequin. Elle est jeune. Elle est belle. Elle est gentille. Elle est étudiante à Liège. Elle vient du joli petit village de Frahan en Ardenne. Ses parents n’ayant que peu de moyens, elle travaille chez un notaire pour contribuer aux frais engendrés par ses études et se payer son logement dans un immeuble décati. Elle est… Elle est ? … Ah, ben non ! Elle n’est plus ! Elle a été sauvagement assassinée, dans son petit appartement, de sept méchants coups de couteau…
Très vite la presse s’est emparée de l’affaire et a placé la police sur les charbons ardents. Et pas que la police ! La juge qui mène l’enquête s’inquiète pour la suite de sa carrière !
Un suspect ? Et comment ! Un récidiviste ! Vauquier ? Il est… Ah, ben, non ! Il n’est plus ! Il est mort. La police venait procéder à son arrestation, et alors qu’il pointait une arme vers l’inspecteur Steve Bolland, il murmurait des « Je suis innocent ! » … Avant de retourner son arme contre lui-même et de se donner la mort. Fin de l’affaire !

Critique :

Bernadette De Rache permet aux lecteurs de « La fille sur le banc » de retrouver le duo composé d’un policier beau gosse d’une quarantaine d’années, Steve, et d’une enseignante retraitée, mais sportive, d’une soixantaine de printemps, Lise. Lisez ce premier roman policier avant d’aborder celui-ci pour comprendre la surprenante relation entre ces deux personnages. Remarquez qu’il n’est pas indispensable de lire le premier pour se plonger dans cet excellent polar qui est tout sauf « un roman de gare ».

L’inspecteur Steve Bolland vit très mal sa dernière intervention. On parle de dépression, de stress posttraumatique… Quelque chose le chagrine dans ce dossier… auquel il n’a plus accès. L’affaire est close, ainsi en a décidé le juge, avec la mort du principal, et unique, suspect.
La phrase « Je suis innocent ! » du suspect lui traine dans la tête et le dérange au plus haut point.

Le hasard, fait qu’en cherchant à reprendre l’enquête, sans autorisation, il est en arrêt de maladie et l’affaire est officiellement close, il se dit qu’il devrait recommencer ses investigations en partant de la victime, et non du suspect, il retombe sur…Lise ! Celle-là-même qui l’avait aidé dans son enquête précédente et dont il était tombé amoureux malgré la différence d’âge, Lise ayant vingt ans de plus que lui. Deux ans qu’ils ne s’étaient pas vus !
Pendant ce temps, son adjoint Angelo se trouve sur les lieux d’un coin paisible, plein de charme et de poésie… d’où les pompiers extraient une voiture de l’eau ! Au volant, il semblerait que ce soit une jeune demoiselle née à Rochehaut dans la province de Luxembourg, en 2001, une certaine Alison Ferrara. Tout porte à croire qu’elle s’est suicidée… Mais quelles raisons, une jeune et très jolie fille aurait-elle de se suicider en se jetant à l’eau dans sa voiture ? Etrange ! Comme c’est bizarre ! Chose surprenante, cette jeune fille venait pratiquement du même endroit que Rose… Et elles se connaissaient… Et étaient amies… Des amies fort proches…

Lorsque je suis entré en possession de ce livre et que j’ai commencé à le lire dans la salle d’attente d’un hôpital, j’ai eu du mal à le refermer lorsque la doctoresse m’a appelé. J’ai compris que l’ouvrage ne ferait pas bon ménage avec mon emploi du temps très rempli, et un soupçon de sagesse me l’a fait mettre de côté jusqu’à un dimanche où je bénéficierais enfin d’un peu de temps libre. Depuis, j’ai été scotché à cette histoire autant que je le pouvais. Bernadette De Rache se sert essentiellement de Lise pour narrer une histoire de jeunes filles mortes dans des conditions peu enviables. L’autrice tient le lecteur et ne le lâche plus que lorsqu’un événement vital oblige ce dernier à remettre à plus tard la poursuite de sa lecture.

Olivier Weyrich, l’éditeur, a une fois encore démontré son flair pour dénicher, dans le plat pays qui est le mien, un talent de narrateur qui fera encore plus plaisir aux Liégeois, vu que l’histoire se déroule dans la Cité Ardente. Comment ? Vous n’êtes ni Liégeois, ni Belge ? Vous comptez passer votre chemin sans prendre le temps ni d’acheter ni de lire « Autopsie d’un doute » ? Mais enfin, lorsque vous lisez Agatha Christie ou Michael Connelly, est-ce que pour autant, vous êtes un sujet de sa majesté Ze King Charles III ou un Américain trumpiste ou non ? Amis français, canadiens, suisses et autres, essayez donc ce roman qui tout en parlant de meurtres répugnants ne vous plongera pas dans des hectolitres de sang et d’entrailles savamment étalées, mais vous fera passer d’intrigue en intrigue tel un jeu de piste, sans exclure quelques relations amoureuses narrées avec beaucoup de pudeur, en particulier entre un homme de quarante ans et une femme de soixante ans. Et non, il ne s’agit pas d’une… Comment dit-on encore ? Une panthère ? Non ! Une… Jaguar ? Non plus ! Ah, oui ! Une cougar ! Je savais qu’elle était féline !

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