Le grand feu de Léonor de Récondo

Le grand feu de Léonor de Récondo

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 14 octobre 2023 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 305ème position).
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L'AMOUR ET LA MUSIQUE

Léonor de Récondo appartient à un type d’auteures dont le suivi, d’un roman à l’autre, nous comble .Commencé avec Rêves oubliés, belle chronique d’une famille de réfugiés républicains espagnols tentant de maintenir le souvenir de l’autre côté des Pyrénées, continué avec Pietra Viva, pertinente interrogation sur la place de l'artiste dans la Cité, et enfin Amours, décrivant les tourments et déchirements d’une femme bourgeoise en proie à des sentiments déviants, Léonor de Récondo continue ce parcours par Le grand feu, son dernier roman .
Nous sommes à Venise en 1699. Ilaria, à sa naissance, est confiée par ses parents à la Pietà, une institution qui recueille les enfants abandonnés et les fait se consacrer à la musique. Dans le cœur de cette communauté féminine, la petite fille est initiée à l’apprentissage du violon avec un maestro qui n’est autre qu’Antonio Vivaldi Elle joue pendant les concerts où les Vénitiens se rendent, nombreux, séduits par le talent des interprètes de la Pietà.
Soumise à la discipline de fer de la Prieure, Ilaria voit ses contacts avec sa famille réduits. Elle en profite pour apprendre à lire, à aimer le pouvoir des mots, la puissance et l’attrait des sons : « La signification des textes latins lui échappe, elle voit seulement comment les corps s’assemblent en sons. Elle croit qu’il suffit d’ouvrir la bouche pour que cette harmonie dévore tout. Espaces et esprits. Engloutis. »
Ilaria est fascinée par les chœurs de la Pietà, par les techniques de direction du maestro, Vivaldi, qui fait s’exprimer les talents de ces jeunes filles : « Antonio a écrit chaque note pour elle. Dans son esprit, quand sa plume file sur les portées, c’est la voix de Maria qui entraîne son geste, qui guide sa main. Antonio est subjugué, et quand il l’entend chanter, tout son corps s’enflamme. »
Ilaria s’est liée d’amitié avec Prudenza, une autre pensionnaire de la Pietà, mais c’est de son frère Paolo Leoni, qu’elle tombe amoureuse. Elle rêve beaucoup : d’autres mondes, d’autres horizons qui ne manqueraient pas de se trouver au-delà de l’église del Redentore, des sources d’évasion : « De nouveau, elle est prise par un désir profond d’avenir, loin de cette terre (…) Et pourquoi ne pas aimer, se dit-elle, pourquoi ne pas aimer à l’autre bout du monde ? »
Mais la destinée d’Ilaria, ce sera de mêler le désir charnel à l’amour de la musique, à la recherche de la perfection comme instrumentiste. Elle ne vivra pas l’amour avec Paolo, tué lors d’une expédition contre les Turcs , mais elle s’accomplira comme instrumentiste , en accédant à une sorte de communion avec l’œuvre jouée : un concerto avec orchestre de Vivaldi : Le lendemain, elle lève son archet sous l’œil attentif du maestro, qui cligne sous le joug du bleu, bleu dans la robe, bleu dans le corps. Ilaria , dans ce voyage intérieur allant d’elle-même vers les autres , éphémère et volatile, embarque tous les archets des musiciennes avec le sien, sans l’ombre d’un doute , en pleine clarté . »
C’est un très bel hommage au pouvoir de la musique que nous livre ici Léonor de Récondo dans un style allègre, virtuose, enthousiaste. Le lecteur sera conquis également par le message d’émancipation porté par ce beau roman : l’art est ici décisif pour atteindre ce bel idéal généreux…

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À l’abri de l’amour

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 7 juin 2024

Venise 1699, Giacomo et Francisca Tagianotte attendent avec inquiétude l’arrivée de leur sixième enfant. Trois enfants étant mort-nés, Ilaria n’aura que deux grandes sœurs.
Ses parents, avant même sa naissance, avaient pris la décision de la confier à la Pieta, établissement qui recueille les enfants abandonnés, les élève aussi strictement que dans un couvent, les forme au chant et à la musique. Contre de beaux tissus et habits pour les 867 résidentes et leurs encadrantes, leur fille est acceptée, la mettant à l’abri des épidémies.
Bianca, cousine de Francisca et gardienne de la Pieta, vient cherche le nouveau-né.
Ilaria souffre de cet abandon, et grandit dans des conditions scolastiques, choyée discrètement par Bianca. Subjuguée par la pureté des chants, elle est pourtant choisie pour apprendre le violon.
La découverte de la musique la transporte, lui permettant même au fil des ans de recopier les partitions de son maître, puis de les compléter.
C’est pendant ces cours de musique qu’elle se lie d’amitié avec une jeune fille de la haute société vénitienne Prudenza. Amitié qui lui permettra de sortir des murs de pierre, de découvrir les sons, les couleurs de la vie.
Quel choix une jeune fille de 16 ans a-t-elle ? Rester ou partir, être libre dans un espace fermé ou être mariée ?

Une jolie histoire que la vie de d’une jeune fille pure, solaire et isolée ; même si ce n’est pas mon titre préféré de cette autrice avec une impression désagréable de déjà-lu.

l'embrasement d'un amour

8 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 20 mars 2024

LE GRAND FEU

Venise au crépuscule du 19 ème siècle voit la naissance du sixième enfant d'une famille, c'est une petite fille qui s'appelle Ilaria.
Ses parents la confient à une institution la Pieta qui recueille des enfants abandonnés.
Ce bébé n'est pas issu d'une famille pauvre mais le Prieuré va le prendre en charge, l'élever pour qu'il devienne musicien.
Vivre cloitré oui mais pour en sortir avec un avenir tracé.
Ilaria grandit.
Elle accepte sa situation, faute de mieux mais rêve de liberté.
Elle arrive à sortir des quatre murs grâce à une amie qui issue d'une famille riche apprend la musique au prix d'une contribution financière appréciable.
Ilaria a la chance d'apprendre à jouer du violon avec Antonio Vivaldi qui apprécie cette fillette qui deviendra jeune fille, douée comme instrumentiste et comme copiste.
Ah la musique, quel plaisir …..
La jeune virtuose ne pense qu'à cela jusqu'au moment où à l'aube de ses quinze ans, elle tombe amoureuse du frère de son amie Prudenza.
L'amour est réciproque et la passion qui lie ces deux amants est d'une force gigantesque qui les embrase.
Paolo, aimé et amant, s'est promis de participer à la guerre contre l'Empire Ottoman.
Il n'hésite pas, il doit partir.
Ilira est transportée par l'amour. « Elle a déjà éprouvé une émotion proche pendant des concerts, l'espace d'un instant ; or cette joie nouvelle ne lui laisse aucun répit »

Jean-François Chalot

Roman baroque

8 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 27 janvier 2024

L’écrivaine et musicienne allie ses deux talents dans ce roman baroque situé dans la Cité des Doges. Quel destin pour cette jeune fille, Ilaria, sa mère rêvant d’un meilleur destin que le sien lui fait vivre une vie exigeante, résiliente dans cet institut. A travers une amitié, elle va découvrir le monde extérieur, puis l’amour, d’où le titre de ce roman, le grand feu de cet amour, puis de la musique.

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