TOUS LES ÉCRIVAINS VEULENT ÊTRE… DIEU!

Le livre s’ouvre en nous présentant un jeune couple. Lui, Daniel Benchimol, ancien journaliste, aujourd’hui reconverti dans l’écriture et elle Moira Fernandes son épouse, - ancienne photographe, originaire de l’île de Mozambique -, enceinte de leur premier enfant et qui doit bientôt accoucher… (1). Ils sont les organisateurs d’un festival littéraire sur l’île de Mozambique (au Nord du pays du même nom…), doublé d’une rencontre des plus grands écrivains, poètes et journalistes africains, - en provenance du monde entier -, pour débattre autour du thème de la création littéraire des écrivains africains!

Si au début l’ambiance est détendue et «bon enfant», soudain, après une tempête, l’île est mystérieusement coupée du reste du monde par un épais brouillard , rendant l’unique pont qui relie l’île au continent impraticable. Plus personne ne peut quitter l’île, qui de plus se retrouve sans électricité, sans Internet, sans aucune communication. Un véritable «Black-Out», qui coupe l’île du reste du monde et fait que les écrivains se retrouvent livrés à eux-mêmes!

C’est au milieu de cette très étrange atmosphère que de mystérieux personnages, très bizarres, très étranges, - que personne ne connaît sur l’île -, se mêlent à la population locale et parlent aux écrivains présents, comme s’ils les avaient toujours connus…

Voici donc le dernier livre de l’écrivain mozambicain José Eduardo AGUALUSA (*1960). C’est une grande fable moderne qui se déroule sur sept jours, toujours dans la trame du «réalisme magique» qui a fait la réputation de l’écrivain. C’est aussi une interrogation très juste et très originale sur la création littéraire, sur l’écriture, sur le rapport entre les auteurs et leurs personnages, sur la fiction, sur les mondes imaginaires présents dans les livres, sur la littérature africaine, etc etc…

Que dire de plus? Déjà, je conseille de prendre des notes au fur et à mesure de votre lecture, - surtout lors du premier chapitre -, au risque d’oublier très rapidement qui est qui, puisqu’il y a véritablement une flopée de personnages, tous plus différents les uns des autres… Et, que au bout de quelques heures de lecture, on risque de tous les confondre! Ensuite, gardez bien près de vous votre wiki, puisque vous allez voir défiler de nombreux écrivains africains et a moins d'être spécialiste de la littérature africaine, on ne les connaît pas toujours tous...

Enfin, il ne faut surtout pas se focaliser sur les quelques «lourdeurs» descriptives et quelques digressions (écrits des personnages, petites histoires, rêves, contes, poésies, légendes, histoire de l’île…) dont on se demande parfois d’ailleurs ce qu’elles font là? Pour le reste, l’écriture et le style de l’écrivain sont toujours les mêmes, - et pour avoir lu tous ses livres traduits en français, je peux vous l’assurer -, toujours aussi bon, toujours aussi bien écrit, toujours aussi poétique!

Pour finir, est-ce que je recommande la lecture de ce livre? Oui, sans hésiter une seconde! Ce n’est sans doute pas le meilleur de l’écrivain, et sans doute pas le livre idéal pour partir à la découverte de l’immense talent de M. AGUALUSA. Mais, c’est quand même un très bon livre, très bien écrit, et une très belle réflexion sur les écrivains africains et leurs livres...
Donc, si vous êtes à la recherche d’un livre agréable à lire, aussi instructif que divertissant… N’hésitez pas et lancez-vous!..

(1). Ceux qui sont familiers de l’œuvre de M. José Eduardo AGUALUSA, les connaissent déjà, puisque ce sont aussi les personnages principaux du livre «La société des rêveurs involontaires», ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/56630

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  Les vivants et les autres [Texte imprimé] José Eduardo Agualusa traduit du portugais (Angola) par Danielle Schramm

  de Agualusa, José Eduardo Schramm, Danielle (Traducteur)
  Métailié / Bibliothèque portugaise
  ISBN : 9791022612425 ; 21,50 € ; 10/02/2023 ; 224 p. ; Broché

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