Au début de l’histoire nous sommes en 1965 dans une bourgade isolée de la région des monts Prokletije, au Nord du Monténégro. Nous faisons la connaissance d’Aliana et Jovan Winczlan, qui viennent d’avoir un «heureux évènement», puisque leurs première enfant, une fille prénommée Danitza, vient juste de naître…

Par la «magie» du scénario, l’instant d’après nous sommes aux USA, où nous faisons la connaissance d’un redoutable homme d’affaires, Nerio Winch. C’est le fils unique de Thomas Winch, et dernier héritier de la fortune familiale. En effet, celui-ci vient d’apprendre le décès de son père.

Avec l’aide de son frère de lait, il s’apprête à monter une «combine» pour mettre la main sur la société «Gordon Aircraft Company», afin de pouvoir étendre son empire. Nerio voue une haine tenace à Henri B. Gordon, le PDG de cette compagnie, qui s’est ouvertement moqué de sa petite taille.

Pendant ce temps en Ex-Yougoslavie, Aliana et Jovam sont arrêtés par la police politique du dictateur Josip Broz TITO (1892 – 1980), en effet Jovan a osé critiquer ouvertement devant témoins le «glorieux Maréchal»…

Voici donc le troisième et dernier volume du préquel de la série phare des années 90 – 2000 : «Largo Winch»!.. Pour rappel, la série commence dans les Balkans en 1848 et se termine en nous racontant la vie et l’origine de la fortune de Nerio Winch, le père adoptif du fameux Largo (dont la série de BD des années 90 nous raconte la biographie…). Ce volume-ci nous propose donc de suivre en parallèle la vie et les aventures de Nerio aux États-Unis d’Amérique, et de la branche de la famille restée en Ex-Yougoslavie et qui, elle, a gardé le nom de «Wincz».

Le belge Jean Van HAMME (*1939), de retour au scénario, que demander de plus? Qui plus est pour nous raconter l’histoire de l’un des deux personnages qui ont été le point d’orgue de son extraordinaire carrière. Faut-il en dire plus? C’est bon, très bien ficelé, très imaginatif. Les évènements se succèdent à un rythme rapide, mais fluide. Cela avance très vite, et chaque page fait véritablement avancer l’histoire, mais comme, très «concentré», il faut bien s’accrocher pour bien suivre et ne pas se perdre dans le dédale des personnages…

Malheureusement, le scénario est truffé de très nombreuses, disons… «Incohérences» dans l’histoire par rapport à la série originale. P. ex. si Nerio a un frère de lait de couleur, - qu’il considère comme son vrai frère et son seul ami -, comment cela fait-il que l’on n'en entend jamais parler et qu’on ne le voit jamais dans la série «Largo Winch»? Le pire sont les incohérences dans les dates. P. ex. si Nerio est assassiné à New York, le 12 mai 1989 (qui d'ailleurs est un vendredi et non pas un samedi!), comment Nerio peut-il être vivant et beaucoup plus jeune a Sarajevo en 1992, dans cet album? Si Largo est né en 1990, - comme indiqué dans l'arbre généalogique situé sur les pages de garde de la BD -, comment peut-il avoir 27 ans en 1989, quand on fait sa connaissance à la mort de son père adoptif dans la série originale... Etc, etc... Enfin, M. Van HAMME aurait pu en tenir compte, puisque c'est lui qui a scénarisé les deux histoires! Je trouve vraiment que c'est un manque de respect incroyable pour ses lecteurs! C'est vraiment les prendre pour des «bouses»!
Il y a aussi des «inepties» comme p. ex. p. 60 - 63, Danitza et Stefan vivent à Sarajevo (capitale de la Bosnie) en 1992, lors du siège de la ville par les troupes Serbes. Ils habitent dans la zone sous contrôle des snipers Serbes, - la preuve, Nerio se fait tirer dessus en arrivant -, mais la fenêtre de leur pièce n’est pas masquée et toutes les lumières sont allumées? Un missile touche la maison où ils habitent, tout le monde meurt, mais Largo n’a rien et Nerio a à peine quelques égratignures au front? Allons, M. Van HAMME, on n’y croit pas une seule seconde!...

Les dessins du français Philippe BERTHET (*1956)? Que dire? Le dessin «ligne claire» (mais alors très claire, eihn…) surprend, puisqu'il ne correspond pas du tout à ce à quoi on s’attend (et ce à quoi on était habitué…) en lisant un album de la série «Largo Winch». Ce ne sont certainement pas les magnifiques dessins de M. Philippe FRANCQ (*1961) qui officiait sur la série originale.
Une fois la surprise passée, les constatations commencent, et là par contre, elles ne sont pas en faveur de M. BERTHET! C’est simple, très simple, trop simple, pour ne pas dire simpliste! C’est très plat, très imprécis, ça manque de relief et de profondeur et il y a même des erreurs de perspective! En un mot comme en cent... C'est mauvais!.. Mais vraiment mauvais, eihn! Quand on regarde les paysages que M. BERTHET dessine, on a l’impression de regarder un décor minimaliste, une (très mauvaise) carte postale! On ne me fera pas croire p. ex. que la ville de Las Vegas (p. 22), est bien dessinée! Pareil pour les visages de personnages. Enfin, si le personnage de Henry W. Gordon Jr. (p. 20 - 25) a 28 ans, alors moi j’en ai… 32!..

Est-ce que je recommande la lecture de cette BD? Oui... Si comme moi vous êtes fan de la première heure de la série «Largo Winch», c'est une façon d'en apprendre plus sur l'univers de votre héros préféré... Pareil aussi pour ceux qui ont lu les deux volumes précédents et qui veulent connaître la suite, - et la fin -, de l’histoire… Les autres… Et ceux qui, - comme moi vous l'aurez compris -, n'aiment pas être pris pour des «pigeons»... .Passez allégrement votre chemin, et surtout ne le regrettez pas!..