De l'Enfance Eperdue de Pierre Voélin

De l'Enfance Eperdue de Pierre Voélin

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par JPGP, le 11 septembre 2023 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 280 

Piere Voélin et l'enfance

Poète français frontalier, Pierre Voelin vit en Suisse et reste un des oubliés de la poésie. Elle possède pourtant chez lui plus qu’une saveur : une essence majeure qui l’éloigne de bien des parodies poétiques montées en épingle. Au construction artificiellement, aux mécaniques mortifères l’auteur préfère le silence de la montagne quitte à trébucher dans sa neige quelle que soit la saison.
« Il n’est que de marcher aveugle
quitter la nuit osseuse
L’esprit s’ouvre à des puits de neige
Des voix disent que des mains saignent »
De leur sang sortent non des prières mais des appels aux couleurs souvent sombres.

Ce livre permet la publication d'un texte inédit vieux de trente ans en proses narratives dont cadre transforme un paysage minimaliste et champêtre en un retour au pays natal

Le texte n’est pas sans rappeler la poésie de Jim Harrison. Comme chez lui il existe de belles conversations muettes. Elles sont autant d’appels à l’imaginaire que des manières de remettre les pieds sur terre par effets de chroniques qui n’ont rien d’égocentrées. Reste bien sûr la présence de l’enfant « éperdu » face aux monstres qui l’habite comme ceux qui l’entourent. Il reste parfois dans la lune mais demeure attentif à la marée des heures et ce qui y arrive. La mort et le sexe sont là le cœur battant mais pas dans le même rythme.

Même enfant l’auteur n’accepte pas de ne pas comprendre ce qui fait l’existence. Il en remarque les dérives, les failles abyssales tout en refusant de sacrifier aux larmes, sachant ce que les mots comme les silences cachent : « Il est tard; il a toujours su qu’on l’attendait, comme il sait par avance les cris, les remontrances d’une mère épuisée. Il essuiera ses pieds, passera par la cave; avec une vieille serviette, se séchera vaguement, avant de remonter vers la cuisine pour y reprendre sa place autour de la table familiale» . Nul commentaire de la part du narrateur comme de l’enfant. Exit le pathos. L’auteur se contente d’étudier les balafres que laissent l’Histoire et grève les existences.

Jean-Paul Gavard-Perret

Message de la modération : Texte identique à https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/63993

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