Trust de Hernán Díaz
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Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Les fantômes de Wall Street
Dans ce gros roman complexe, Hernan Diaz réussit le tour de force de créer une histoire en abîme assez fascinante. C'est bien écrit et la documentation est sérieuse concernant la crise financière de 1929 et l'Amérique des années folles. On peut lire ce livre comme une allégorie du capitalisme américain, mais aussi comme une plongée dans l'intimité d'un couple parfait, tout en apparences.
Petit résumé pour faciliter la compréhension des futurs lecteurs :
Benjamin Rask est un prodige de la finance, richissime, admiré et jalousé par tous les traders de Wall Street. Son épouse Helen est douce, rêveuse, fragile et bientôt trop malade pour sortir ou nourrir la moindre vie sociale. Elle est traitée dans une clinique suisse pour sa neurasthénie. Après la crise de 1929, l'opinion se retourne contre Benjamin Rask. Première partie du livre.
Andrew Bevel est un prodige de la finance bien réel, richissime, admiré et jalousé. Son épouse, Mildred, est douce, effacée, fragile et bientôt trop malade pour sortir. Elle est traitée dans une clinique suisse pour son cancer.
L'histoire de Benjamin Rask est l'oeuvre romancée écrite par un 'ennemi' du vrai financier Andrew Bevel, l'écrivain Harold Vanner, fort bien informé sur le couple qu'il a côtoyé de près. Une jeune secrétaire, Ida Partenza, est embauchée par Andrew Bevel pour écrire son autobiographie et contredire le livre de Vanner, peu flatteur à son égard. Il souhaite réhabiliter son image de génie de la finance ainsi que celle de son épouse Mildred. Deuxième partie du livre.
Plusieurs décennies plus tard, la secrétaire Ida Partenza, devenue écrivaine, a enfin accès aux journaux intimes de la défunte Mildred Bevel, entrés dans le domaine public. Le lecteur découvre la vérité sur le couple Bevel. Troisième et dernière partie du livre.
Il me semble préférable de ne pas en dire plus. Ce livre mérite d'être lu, et lu jusqu'à la dernière ligne.
Les éditions
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Trust
de Díaz, Hernán
Editions de l'Olivier
ISBN : 9782823617887 ; 23,50 € ; 18/08/2023 ; 400 p. ; Broché
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Les dessous de Wall Street
Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 7 octobre 2024
Sur l’exil : « En tant qu'exilé autoproclamé, il avait des conceptions souvent contradictoires à la fois de sa patrie et de son pays d'adoption - un amalgame de ressentiment et de nostalgie, de gratitude et d'antipathie. Il prétendait détester la nation qui avait tué et persécuté ses camarades, et qui l'avait chassé. Pourtant, les États-Unis ne pouvaient rien offrir qui soit à la hauteur des chansons et des traditions de la Campanie qui étaient partie intégrante de notre vie quotidienne. »
« L'argent. Qu'est-ce que l'argent ? Des marchandises sous une forme imaginaire mais il représente toute la nourriture et tous les vêtements du monde. Voilà pourquoi c'est une fiction. Et c'est ce qui en fait la mesure avec laquelle on évalue toutes les autres marchandises. Qu'est-ce que ça signifie? Ça signifie que l'argent devient la marchandise universelle. Mais n'oublie pas : l'argent est une fiction; des marchandises sous une forme purement imaginaire, oui ? Et c'est doublement vrai pour le capital financier.
Les actions, titres, obligations. Tu crois que le moindre de ces machins que ces bandits de l'autre côté du fleuve achètent et vendent représente la moindre réelle valeur concrète ? Non. Les actions, les titres et toutes ces cochonneries ce ne sont que des revendications d'une valeur future. Donc si l'argent est fiction, le capital financier est la fiction d'une fiction. C'est de ça qu'ils font commerce, tous ces criminels : des fictions. »
Voici comment la secrétaire, fille d’un anarchiste italien a obtenu son poste pour le milliardaire de wall street , en rédigeant cette note :
«Pourquoi travailler dans un endroit qui fabrique une seule chose alors que je pourrais travailler dans une entreprise qui fabrique toutes les choses ? Parce que l'argent c'est ça : toutes les choses. Ou du moins il peut devenir toutes les choses. C'est la marchandise universelle avec laquelle nous mesurons toutes les autres marchandises. Et si l'argent est le dieu parmi les marchandises, ceci », de ma paume tournée vers le ciel j'ai décrit un arc qui englobait le bureau et suggérait le bâtiment au-delà, « est son temple sacré. »
Indépendamment de ces faits que l’auteur dénonce il y a l’histoire de Andrew , ce milliardaire de Wall Street et de sa femme Mildred , décédée tristement d’un cancer . Mais était elle bien la femme soumise discrète mélomane artiste comme on le pensait ? Ou la fin du livre nous apportera-t-elle un autre éclairage
Des dessous de la finance
Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 26 mai 2024
L'auteur, un écrivain américain qui a connu un grand succès avec ce livre outre Atlantique, l'a fait traduire en français.
Comme le titre l'indique, c'est une invitation à entrer dans le monde de la finance, chez ceux qui ont réussi.
Certains et beaucoup ont été ruinés lors de la grande crise de 1929, d'autres comme ces deux là que nous découvrons ont réussi à passer à côté ou même à profiter de cette crise.
Les deux « magnats' de la finance ont en commun d'avoir épousé une femme aimant les arts et généreuses mais ayant une santé fragile.
On suit l'ascension de ces deux hommes là, leur habileté dans les affaires.
Rien ne les prédisposait à devenir de grands capitalistes, si ce n'est leur naissance et leurs aptitudes.
Après le décès de sa femme , suite à une maladie grave , Bevel continue malgré son immense chagrin à chercher à s'enrichir.
Suite à la sortie d'un livre décriant son épouse Mildred, il engage une jeune femme pour qu'elle écrive l'histoire de sa réussite à lui.
Tout est parfait, semble t-il, cette épouse disparue ne s'occupait que de ses œuvres de bienfaisance et de son goût pour la littérature et surtout pour la musique.
Le vieil homme est content de l'écriture qui avance et demande que l'auteure fasse revivre sa femme en lui donnant du relief.
Le lecteur comme l'écrivaine est déconcerté par les remarques du financier qui évoque la perte de 1929 ; « Cinquante milliards de dollars pourraient faire le tour de la Terre environ cent quatre-vingt-quinze fois » en mettant bout à bout chaque dollar que cela représente !
Que s'est-il passé en 1929 ?
Quel fut le rôle de Bevel ?
Sa femme a t-elle été qu'une compagne complètement inapte aux affaires ?
C'est un livre qui contient un vrai suspense et l'énigme sera comme dans tout bon policier- pourtant ce n'est pas un polar-résolu à la fin !?
Jean-François Chalot
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