Les dragons de Jérôme Colin
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Fenêtre sur le passé
Jérôme, quinze ans, est en décrochage scolaire, se drogue. Lorsqu’il cogne son père, une juge l’envoie dans une maison pour jeunes. Il ne voit pas le sens de la vie et se révolte contre celle que ses parents et la société veulent lui imposer. Habité par cette révolte, il intègre le centre plein de désillusions, mais tombe instantanément sous le charme d’une adolescente suicidaire.
Jérôme parviendra-t-il à affronter ses monstres, apprendre à faire confiance et s’apaiser dans ce centre ?
Il raconte cet épisode quinze ans plus tard, alors qu’il est à nouveau amoureux et que Léa voudrait un enfant, mais lui pas.
L’auteur alerte sur les détresses adolescentes, en crue. Il raconte comment les mots (dans les livres et l’écriture) l’ont délivré du silence des non-dits trop lourds, des sentiments non-communiqués. Il écrit dans un style direct, mâtiné de belles maximes.
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Des souris et des jeunes
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 20 septembre 2024
Le cœur du récit manque un peu de substance et correspond à une description de ses compagnes et compagnons, soit ces dragons, naufragés de la vie, rencontrés au court de son séjour dans un centre de soins. On s’attarde sur l’épisode platonique que vit le personnage principal avec Colette, qui désespère de devoir quitter les lieux parce qu’elle a atteint sa majorité.
La dernière partie nous donne à voir ce qui va suivre après l'introspection. Subtilement, le passé et les futurs se répondent pour délivrer un message d'espoir.
Ce roman se veut aussi bienveillant et peut aussi être perçu comme un signal d’alarme des drames que vit notre société, ces jeunes qui souffrent, ces ados déphasés et qui sont en manque de repères, particulièrement depuis la pandémie.
Je ne suis sans doute pas assez conscient de ces drames qui sont pourtant a priori plus nombreux que je ne le pense pour avoir pu apprécier ce roman à sa juste valeur, mais l’auteur parvient à faire transparaître sa sensibilité dans un style d’écriture qui plaira sans doute plus aux jeunes générations. Par contre j'ai bien accroché aux références à John Steinbeck qui m'ont parues judicieuses et pleines de sens.
Ici sont les dragons
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 10 avril 2024
Le couple de Jérôme est fragilisé, Léa s'en va, même si elle l'aime, parce qu'aller de l'avant est bien trop dangereux pour lui mais qu'elle, elle veut plus. Le risque de se laisser piéger dans les ornières d'un monde où tout passe par la maison, le mariage, l'enfant, le terrifie. L'avenir illusoire. Cette crise, cette peur de perdre, fait renaître l'histoire de ses quinze ans. Celle qu'il avait promis de raconter.
Jérôme à quinze ans, c'est plus qu'une crise d'adolescence : c'est une colère monstrueuse qui déferle sur ses nuits, qui le rend violent, englué dans l'incompréhension d'un monde où il ne trouve aucune place. Un débordement, une agression du père, et le voilà en séjour forcé dans une maison d'adolescent dont il compte bien s'enfuir aux premières lueurs de sa rébellion interne. Il ne supporte pas le petit monde étriqué auquel ses parents le destinent, leur voiture, son odeur, et Hotel California.
Au départ, même les autres jeunes de son âge l'insupportent : il ne connaît pas leur histoire, leur souffrance, leur passé. Pas encore. Et puis il y a Colette, qui surgit au milieu de nulle part, la mise à distance au regard, les cicatrices couturant ses bras, la mutilation du cœur timidement mais sauvagement exposée. Son regard noir. Il tombe amoureux. Elle chasse les monstres rien que parce qu'elle existe. Colette qui a déjà tenté d'arrêter de vivre maintes fois, sans jamais y parvenir. Mais, cette fois, c'est pour bientôt et il ne lui dira pas qu'elle ne doit pas mourir, OK?
Aux tréfonds de ce livre, il y a l'appel, l'insoutenable constat : les adolescents souffrent. De plus en plus.
Ils perdent pied, parce que la société "préfère soutenir ses banques que ses jeunes". Parce qu'il n'y a pas d'avenir qui en vaille la peine : l'horizon n'est que brouillard terrifiant.
Pour Jérôme, il y a eu les livres et leurs mots qui ont exprimé bien mieux que lui le maelström qui l'habitait. John Steinbeck et son air triste. Mais parfois, malgré le désespoir et la résignation, les plans les mieux conçus des souris et des hommes finissent tout de même par se réaliser...
J'ai été profondément touchée par ce livre, par les nombreux échos avec ma propre adolescence. Il n'y a pas d'échelle au drame du sentiment de non-appartenance... Et pourtant, c'est en rencontrant l'autre, en prenant nos errances et nos douleurs à bras-le-corps, en oubliant, en explorant, en ignorant pour mieux apprendre, que la vie se crée, se construit et nous offre le meilleur terrain de jeu pour aimer. Bien. Mieux.
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