J'étais Dora Suarez de Robin Cook (GB), Derek Raymond
(I Was Dora Suarez)
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Par delà les mots
Voilà un des derniers livres de Robin Cook, l'auteur du livre, Les mois d'avril sont meurtriers, pas son homonyme, auteur des blockbusters de la littérature policière.
Ce livre, j'étais Dora Suarez, vous fout une sacrée claque au visage. Et vous laisse complètement ko en le refermant. Le personnage principal est un inspecteur de police de Londres, bossant à l'Usine ( la Factory, pour les connaisseurs) au service des meurtres non élucidés, l'A14.
Dans j'étais Dora, il est réintégré dans le service, après un double meurtre absolument ignoble. il va traquer l'assassin, à sa manière. Et il ne trouve rien de mieux que de tomber amoureux de l'une des victimes, Dora Suarez, jeune fille qui s'est prostituée, a été sauvagement tuée par le psychopathe et qui se révèlera atteinte du sida en phase terminale. Chez Cook, les vivants et les morts cohabitent, les uns hantent le monde des autres, la frontière est rompue. L'inspecteur sans nom, foncièrement antihiérarchie, refusant toute compromission et toute promotion, sombre lentement et nous entraîne dans l'horreur. Là où les mots s'effacent.
Quant au tueur, Cook ne trouve rien de mieux que de nous mettre à ses côtés, dans sa tête même au plus profond de la folie et de l'autodestruction. Le psychopathe Tony Spavento "le joker caché dans ce jeu de carte qu'est notre société", est une des pires créations de la littérature, ni plus ni moins. Parce qu'on se retrouve au coeur de sa folie, privilège indubitable de la littérature sur le cinéma sur ce point.
par delà les mots donc, nous nous retrouvons au fin fond de l'humanité, entre amitiés, amour, moments flamboyants de tendresse humaine(notamment dans une salle de morgue devant le cadavre effrayant et détruit de Dora Suarez entre 2 flics et deux légistes- le ton est donné), corruption et l'horreur. Jusqu'au final.
Dommage toutefois que Cook traîne parfois en longueur sur certains dialogues entre policiers et employeurs du tueur. On reste au coeur du marasme.
Mais au final, vu la force, la puissance que dégage ce bouquin de 263 pages, on se dit que Robin Cook a mis le doigt sur quelque chose. Reste à chacun de savoir précisément ce que c'est.
Les éditions
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J'étais Dora Suarez [Texte imprimé], un roman en deuil Robin Cook trad. de l'anglais par Jean-Paul Gratias
de Cook (GB), Robin Gratias, Jean-Paul (Traducteur)
Payot & Rivages / Rivages noir.
ISBN : 9782869304765 ; 2,81 € ; 01/09/1991 ; 264 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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D'une terrifiante et profonde noirceur
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 26 juillet 2023
Ayant notoirement rendu physiquement malade Cook en l'écrivant, et son éditeur en le lisant, ce roman est court, 300 pages, mais c'est suffisant pour qu'on le retienne, tellement il est choquant et ahurissant.
un livre surestimé
Critique de Zaireeka (Damas, Inscrit le 13 février 2011, 42 ans) - 13 février 2011
En effet, qu’apporte de plus ce roman par rapport à Il est mort les yeux ouverts ? Strictement rien. On prend la même recette (un flic émotif enquêtant sur une victime ; une relation d’empathie profonde née de la découverte de notations intimes de la victime ; un désir de rétablir la justice par tous les moyens ; quelques réflexions sociales) en l’alourdissant, en la caricaturant, et on prie pour que ça marche. Et ça marche : voyez ces gardiens de cénotaphe défendre leur Dora Suarez comme un chef d’oeuvre intouchable... L’habile businessman Robin Cook reprend tous les éléments qui faisaient d’Il est mort les yeux ouverts un excellent polar en les gauchissant. Exemple flagrant : la victime n’est plus un idéologue délivrant des anathèmes amers et intelligents sur un magnétophone, ici : juste une pauvre fille sans grande consistance (d’évidence, un personnage bâclé), porte-souffrance qui livre son désespoir dans son journal intime. Les réflexions lucides et cruelles ont été remplacées par la dolorosa, le seul émotionnel et les fantasmes kitsch sur Hawaï. On peut le regretter. Mais les qualités ne sont pas les seules à êtres gauchies : Cook insiste aussi fortement sur les côtés complaisants qui perçaient déjà dans Il est mort..., en particulier pour tout ce qui concerne le gore (descriptions gratuites interminables dans le début du roman) et les perversions sexuelles (déjà un peu limites à la fin d’Il est mort... et du type qui se chie dessus ; là on se meurtrit les génitoires, on mange sa merde et on s’enfile des rats dans le rectum : vas-y mollo Robin, ou alors assume carrément le grotesque). Et le pire, c’est que la critique sociale, forte, frappant juste, d’Il est mort... devient ici des plus douteuses, voire nauséabonde : le flic opte in fine pour l’auto-justice (déjà un concept bien malsain) et exécute ce salaud de tueur qui est en réalité plus un aliéné qu’un salaud, ce que tout le roman démontre ; constat avec lequel semble d’ailleurs d’accord notre zigouilleur au grand coeur lorsqu’il lâche : “tu aurais pu penser à aller te faire soigner”. Et après avoir buté le malade, notre héros prend une pose légèrement ridicule et affirme pleurer les larmes du peuple qui souffre. Bon... Une fin fictionnellement ratée (on attend la “confrontation finale” pendant tout le roman, elle est torchée en quelques pages sans conviction : quel contraste avec la fin autrement plus audacieuse - narrativement y compris - d’Il est mort...) et moralement puante : trucidons les malades mentaux ! Au nom du peuple opprimé, voici un flic guidé par ses émotions (mauvaises conseillères en matière de justice (1)) qui rend son verdict des plus discutables en toute bonne conscience. Moralement puante, affirmons-nous : cela ne nous poserait aucun problème si le roman n’était pas si monologique, à vocation édifiante, à prétention d’engagement politique. On peut largement préférer la façon dont Musil, dans L’Homme sans qualités, traite d’une question similaire : le malade mental Moosbrugger, ayant assassiné de manière atroce une prostituée, doit-il être exécuté ? Question qui donne lieu à des débats profonds, moraux comme esthétiques, entre les personnages (le protagoniste Ulrich est contre cette condamnation à mort, mais refuse tout autant l’exaltation lyrique et le nietzschéisme pathologique de Clarisse, défendant la cause de Moosbrugger par des raccourcis illogiques : « Moosbrugger, c’est comme la musique »). Ah, tout de suite on est dans un terrain plus subtil que chez cet abruti de flic vengeur, héros du prétendu chef d’oeuvre de Cook, en réalité une autoparodie qui cache son nom. Je compare ce qui n’est pas comparable ? Peut-être, mais c’est aussi une façon de prendre Cook et ses partis pris au sérieux. En bref, une triste régression que ce J’étais Dora Suarez largement surestimé, à relativiser d’urgence et ce malgré son effet d’entraînement indéniable (impossible de lâcher le bouquin avant la dernière page) et ses dialogues souvent percutants (talent impressionnant de Cook, heureusement intact).
(1) « D’un côté les indifférents, les tièdes, les raisonneurs, qu’aucune passion n’animait, et d’un autre côté ceux qui se laissaient conduire par le sentiment, se montraient peu accessibles à l’argumentation et jugeaient avec le cœur. Ceux-là condamnaient toujours. » (Anatole France, Les Dieux ont soif, cité par Kundera dans Une Rencontre)
Une bonne pichenette tout de même
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 51 ans) - 20 février 2009
Cook a du style, de longues phrases qui nous immergent, des dialogues somptueux (ah les interrogatoires !), des personnages au charisme fort.
Le message est clair également: on ne résout une affaire que si l'on en est imprégné. Jusqu'où ? Critique à peine voilée d'un système judiciaire actuel frileux
La claque
Critique de CptNemo (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans) - 15 novembre 2004
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