Laurel et Hardy vont au paradis / Black-Out / Cache-Cache de Paul Auster
( Laurel and Hardy go to heaven)
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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L'absurde, les mots, la communication
Ce petit livre contient trois pièces de théâtre écrites par Paul Auster.
La première est une fiction créée à partir de Laurel et Hardy. Ils sont les seuls personnages de la pièce, à l’exception d’un homme qu’ils sont les seuls à voir et qu’ils supposent être un inspecteur de la société qui les occupe.
Parlons-en de cette société !… Elle remet chaque matin des instructions à lire par ses ouvriers sur le chantier. Cela commence par des exercices de respiration, puis de la gymnastique. Enfin, vient la description du travail à fournir. Celui-ci semble d’emblée complètement idiot puisqu’il s’agit de bouger un tas de briques dans un ordre bien défini. Cela paraît de suite idiot puisque toutes les briques sont parfaitement identiques et que l’obligation de mettre la un à l’emplacement un et la trois en trois, ainsi de suite, jusqu’à dix-huit n’a aucun sens !
En outre les briques ont l’air de peser une tonne, tout au moins pour nos deux héros…
Cette pièce repose sur cette aberration, ainsi que deux autres éléments : les incessantes disputes entre Laurel et Hardy créées soit par des jeux de mots, soit par des désaccords quand au travail ou sur la qualité de la personne qu’ils pensent avoir vue.
La seconde pièce est une transposition de « Revenants » qui est une des parties de la « Trilogie New-Yorkaise »
Ici, nous avons trois personnages en scène : Vert, Noir et Bleu. Sont seulement évoqués Blanc, Gris et Brun.
Quant à la troisième, il s’agit d’un court dialogue entre un homme et une femme. Là aussi beaucoup repose sur les mots, leurs interprétations et des incompréhensions.
Un exemple tiré de « Laurel et Hardy vont au paradis » :
Hardy : - Je pense qu’on devrait passer au suivant. (l’exercice)
Laurel : - On ne peut pas renoncer comme ça.
Hardy : Mais si on ne renonce pas, on n’aura jamais fini.
Laurel : A quoi bon finir si on ne sait pas aller au-delà du commencement ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui dit que mieux vaut échouer que de ne rien faire du tout ?
Hardy : - Nous n’avons pas échoué. Nous faisons ce que nous devons faire. Tu n’as jamais pensé que nous sommes peut-être censés échouer ? Nous pourrions être en train de réussir justement parce que nous échouons. (une pause) Tout ça c’est un test. Ils veulent voir de quel bois nous sommes faits. »
Les éditions
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Laurel et Hardy vont au paradis [Texte imprimé], [Paris, Théâtre de la Bastille, 21 février 2000] Paul Auster textes français de Christine Le Boeuf
de Auster, Paul Le Bœuf, Christine (Traducteur)
Actes Sud / Théâtre (Paris. 1985).
ISBN : 9782742725793 ; 53,01 € ; 08/02/2000 ; 82 p. ; Broché
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Quand Paul Auster cherchait sa voix
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 29 novembre 2005
La première pièce, "Laurel et Hardy vont au paradis", place ces deux personnages bien connus dans un univers étrange et une profonde solitude. Nos deux héros doivent accomplir un certain nombre de tâches, tout d'abord une série d'exercices physiques et spirituels en guise d'échauffements, et enfin leur tâche principale: construire un mur à l'aide de 18 grosses pierres qui doivent être disposées dans un ordre à la fois précis et complètement dénué de sens... L'absence de sens de la tâche de nos deux héros, l'attente d'un inspecteur qui ne vient pas, tout cela vous a un certain petit air d' "En attendant Godot", avec un côté comique plus accentué, plus de légèreté. Moins de force dramatique aussi.
"Black out" nous plonge dans une atmosphère de mystère et de mélancolie, une atmosphère de roman noir. Trois hommes, dénommés par les sobriquets de Black, Green et Blue, sont rassemblés dans un bureau. Blue doit remettre à Black un rapport. On devine qu'il s'agit d'un rapport de filature ou de surveillance, mais sans que les enjeux soient clairement révélés, tandis que d'autres personnages sont évoqués de façon assez mystérieuse... Un peu trop mystérieuse, peut-être...
Enfin, la troisième pièce, "Cache cache", nous confronte à deux personnages - un homme et une femme - enfermés chacun de leur côté dans une sorte de boîte, qui ressemble à un théâtre de marionnettes, avec une ouverture munie de rideaux sur l'avant. Ils partageront toute la durée de la pièce entre la poursuite d'un dialogue sans queue ni tête, la recherche d'un objet dont ils ont complètement oublié la nature, et des moments de silence où ils se dissimulent derrière leurs rideaux fermés.
On pressent dans ces trois pièces l'ébauche d'une réflexion sur la vie, son sens ou son absence de sens, et sur le langage, ce qu'il signifie, ce qu'il échoue à dire, les malentendus et les manipulations auxquels il se prête. Mais malgré quelques jolies trouvailles, malgré quelques belles métaphores et quelques formules qui restent gravées dans l'esprit du lecteur, aucune de ces trois pièces ne parvient vraiment à décoller. Elles m'apparaissent finalement pour ce qu'elles sont - de l'aveu même de Paul Auster - des expériences d'un jeune écrivain qui cherchait encore sa voix. C'est une lecture agréable, mais dont le principal intérêt, essentiellement documentaire, est de permettre aux "fans" de Paul Auster de découvrir ses premières gammes.
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