Dans les prairies d'asphodèles de Bruno Krebs, Cristine Guinamand (Dessin)

Dans les prairies d'asphodèles de Bruno Krebs, Cristine Guinamand (Dessin)

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par JPGP, le 4 juin 2023 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 10 étoiles
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Krebs et Emaz : tueurs d'oublis

Bruno Krebs et Cristine Guinamand ne pouvaient que se rencontrer artistiquement. Les deux œuvres se répondent de manière imprévue puisque l'écriture devient physique et la représentation de la nature, chez l'artiste, abstractive. Mais cela ne s'arrête pas ici. Antoine Emaz a mis sa pierre à l'édifice et les points sur les i d'une écriture originale tant ici dans la production de Krebs que dans la poésie du temps.

« Dans les prairies d’asphodèles » puise aux sources de l’onirisme et de l’enfance, à travers une prose délibérément concise ; « Jours », à l’inverse, explore une forme élégiaque pour traduire des visions très concrètes – enchaînant atmosphères urbaines, puis bucoliques. Mais une même déchirure baigne ces textes conçus comme une "lamentation", rédigés en hiver ou au printemps, aux tables de cafés parisiens selon non une balade mais une ballade du quotidien au plaisir de la langue qui ne se paie pas de mots.

Le texte se transforme en l'histoire du labyrinthe de la jeunesse dans des situations bucoliques mais aussi urbaines; Les lieux créés sont passionnants : tout est net, des lignes passent et repassent comme si l'attente s'étirait vers rien ou vers le temps passé trop vite. Les sensations sont exprimées avec précision ce qui n'empêche en rien à la poésie de s'élever jusqu'à ce que les nuages deviennent des ballons blancs ou des bandelettes pour les anges.

La dénudation existentielle chère à Krebs comme à Emaz passe par la luxuriance des émotions des verts paradis enfantins : elles ne sont plus en extinction mais en re-montrances. Le regard s'enivre d'horizons des bleus d'hier, l'enfant remonte la pente. Les jours anciens surgissent dans la mémoire affective. L'oubli ne les emporte plus : un temps reprend racine dans le couloir des instants brandis - de mirages en mirages. es auteurs le fixe comme des laceurs de couteau non meurtriers mais personnages d'une fête foraine qui brûle et brille.

Jean-Paul Gavard-Perret

Message de la modération : §2 en grande partie repris de la présentation éditeur

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