Les deux Beune de Pierre Michon
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Quand la littérature est un joyau
Pierre Michon publie "Les deux Beune" en reprenant sans y changer un mot le texte de "La Grande Beune" publié en 1996 et en y ajoutant en deuxième partie celui de "La Petite Beune", 84 pages qui sont la suite du texte premier. Cette rivière est d'ailleurs présente dans le texte précédent. Et je comprends un peu mieux pourquoi j'aime tant cet auteur. Il y a d'abord la restitution d'un pays apaisé, cette France provinciale ancienne au sortir de troubles majeurs qui en dit long sur la période actuelle, si différemment troublée à son tour. Puis on rencontre à chaque page la précision du vocabulaire qui a dû demander à l'écrivain tant de recherches et de temps. Ce vocabulaire est enchâssé dans cette phrase si longue, caractéristique de Michon, qui à la fois construit et épouse les mouvements de la pensée et qui instille une profonde compréhension des petits faits quotidiens ainsi magnifiés depuis "Les Vies Minuscules", au delà de la culture ici représentée par la Préhistoire, et dans le cerveau de Pierre, l'instituteur qui en est le héros, pourvu que l'on prenne le temps de la déguster. Å ce titre je ne résiste pas à citer le récit de la pêche aux écrevisses. Jean le pêcheur va la nuit, à la lueur d'une loupiotte, ce qui est interdit par la loi, à la pêche aux écrevisses et se fait régulièrement alpaguer par les représentants de la loi auxquels le lie une véritable connivence (p.80): "l'algarade, les voix grondantes mais secrètement rigolardes des deux galonnés et de l'autre...... qui tous les trois.... se connaissaient comme leur poche, buvaient aux mêmes bistrots, s'encombraient des mêmes vieux savoirs" etc. Pierre continue à rêver à Yvonne, la splendide buraliste et à construire dans sa tête son désir, en contradiction avec la présence de Mado, sa petite amie venue de la ville, permettant à l'écrivain de rédiger ses plus belles pages. Je ne comprends pas comment les incultes du jury suédois du Prix Nobel peuvent l'attribuer à d'autres écrivains français qui ne valent pas Michon, et de loin. Et je ne peux que recommander cette lecture à ceux qui aiment la haute littérature.
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Les éditions
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Les deux Beune [Texte imprimé]
de Michon, Pierre
Verdier
ISBN : 9782378561673 ; 18,50 € ; 23/03/2023 ; 160 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Désir éternel !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 13 novembre 2023
Les deux Beune (Verdier, 2023) est le roman que forment La Grande Beune, paru en 1996 dans une première version, et La Petite Beune, inédite.
Années 1960, dans le Bourg de Castelnau en Dordogne .
Au sein du Périgord préhistorique, entre Lascaux et La Madeleine.
Pierre, jeune instituteur fraichement débarqué, tombe amoureux fou d'Yvonne, la belle buraliste, bien plus âgée que lui.
Acheter son paquet de Marlboro quotidien devient source de phantasmes. Yvonne le hante, sa taille, sa tenue, ses formes ne font qu'accroitre son Désir.
Un désir sexuel affirmé qu'il traduit dans son quotidien au contact d'une Nature luxuriante et féconde.
Yvonne qui entretient le mystère en se révélant chaque jour davantage au gré de ses balades improvisées.
Pierre Michon est un artisan des mots, un magicien de la grammaire et des images .
Tout est métaphore dans ce court roman .
L'auteur convoque la préhistoire (dont la région est chargée) pour illustrer son propos.
La couverture du roman à elle seule donne le ton (une roche sur laquelle des mousses sont accrochées et qui ressemble étrangement au tableau de Gustave Courbet; L'Origine du monde)
Un ouvrage autour du désir sexuel masculin. L'exploration des grottes comme "l'ouverture ", la découverte de la femme et du plaisir .
Un roman majuscule, un miracle de 163 pages...
Ne passez pas à côté ! (féministes enragées, passez votre chemin !)
Plaisirs de la vie paisible
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 26 avril 2023
Voilà une sorte d'hymne à un art de vivre immuable, en grandes parts ignoré et à réhabiliter; L'idée est belle et mérite bien d'être traitée, même si je garde l'impression qu'elle est tirée à la ligne et qu'il y manque un peu de faits et de trame narrative.
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