La maison de Julien Gracq
Catégorie(s) : Littérature => Francophone

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Julien Gracq et la maison de l'être
Ce court récit inédit de Julien Gracq est celui d'une fascination et d'une initiation qui prouve combien au commencement se fomente une répétition. Celle de la vision d’une maison aperçue à chaque trajet depuis un car traversant la campagne pendant l’Occupation. Ce texte court ouvre le chemin vers l'oeuvre entière de l''auteur et sa poésie puissante.
Une telle "mage" à la prose souverain pousse le narrateur à un cheminant. Il s'oblige dans sa solitude à filler dans des sous-bois pour s’approcher de la demeure. Un tel récit devient sensuel et contemplatif car cette bâtisse se déplie comme "balcon en forêt", intrigue et naissance d’un désir. A son approche "on marchait comme dans une ombre portée (...) devant cet obstacle absurde la curiosité fut la plus forte." écrit le narrateur.
Le paysage s'offre à une expérience géographique concrète éloignée d'une simple cartographie. Au coeur de la forêt la maison procure un magnétisme particulier habité par des occupants mystérieux. Elle nourrit l'imaginaire de Gracq qui s'attarde à cette évocation aussi ordinaire qu'extraordinaire. Elle devient celle des sortilèges là où se dissout le réel en une sorte de "sommeil du vouloir" au sein d'un rêve éveillé..
Jean-Paul Gavard-Perret
Message de la modération : §1 et 2 fortement repris de la présentation éditeur
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27 courtes pages

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 9 avril 2025
»On peut se demander pourquoi le manuscrit reproduit dans cette édition, avec son titre sur la couverture, paginé avec soin, qui semble prêt à être imprimé, n’est jamais arrivé entre les mains de José Corti. Peut-être le texte a-t-il semblé trop resserré à Gracq pour envisager une publication séparée, sans qu’il trouve cependant sa place à l’intérieur d’un autre volume. Si, en 1942, la plupart des poèmes de « Liberté Grande » sont écrits, le recueil ne pouvait absorber la forme narrative de « La Maison » … »
Le narrateur, « je », situe délibérément les choses pendant l’occupation allemande. Il explique qu’il avait coutume – presque chaque semaine - d’effectuer en autocar le trajet de V… à A… (on nous commente dans la postface que V… pourrait bien être Varades et A… Angers, l’identification du « je » à Julien Gracq ne paraissant donc pas aberrant).
Et pendant ce trajet, une vision l’obsède, à chaque passage, celle d’une villa, perdue dans une friche, entourée de bois, qui n’aurait rien à faire là …
»Inattendue certes, car, dans ce pire coin de campagne sourde et muette, elle figurait assez bien, vue de la route, une de ces villas de prétentieuse et médiocre apparence que le siècle commençant a multipliées sur les plages de second ordre. La maison, trop haute pour sa largeur, était comme écrasée entre deux avant-corps qui faisaient légèrement saillie sur la façade et s’encapuchonnaient, sous un auvent d’ardoises très saillant soutenu par des boiseries grossièrement sculptées, de deux pignons aigus forés chacun, assez haut au-dessus du toit de la façade, du trou noir d’une fenêtre ouverte. »
La suite sera la rencontre du narrateur avec cette villa, un non-évènement que Julien Gracq parvient à rendre captivant, nous immergeant totalement, de par son style foisonnant et d’une extrême richesse de vocabulaire, dans l’environnement ensauvagé de la ruine et dans la perspective d’une rencontre qui aurait pu avoir lieu. Pas simple mais on est chez Julien Gracq aussi !
La comparaison du style de Julien Gracq d’avec la production littéraire actuelle est saisissante. Et pas en faveur de ce qui s’écrit actuellement !
C'est tout ?

Critique de Cecezi (Bourg-en-Bresse, Inscrit le 3 mars 2010, 45 ans) - 20 avril 2023
Pour le récit en lui-même, l'on retrouve effectivement le "style" si particulier de Gracq, autour de la fascination pour une maison en forêt, sa description. La projection fantasmagorique du narrateur est exploitée, mais je trouve l'ensemble bien poussif, très inégal, et surtout bien loin du Balcon en forêt, de "La route", du "Roi Cophétua", de la "Presqu'île", pour reprendre des récits dont les thématiques se croisent.
Pas indispensable à mon sens, même pour les amateurs de Gracq, dont je fais partie.
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