Un de Baumugnes de Jean Giono
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un livre qui sonne beau !
Giono aussi connaît le poids des premières phrases d’un livre. Il commence par : « Je sentais que ça allait venir. Après boire, l'homme qui regarde la table et qui soupire, c’est qu'il va parler. »
L’écriture de Giono est tellement particulière et belle, que je vais tenter de rendre l’ambiance de ce roman en me servant, de temps à autre, de ses propres mots. Nul ne pourrait faire mieux que lui pour ce type de livre !. A cela s'ajoute le fait qu'il a vraiment son vocabulaire à lui.
À Marigrate, village de Provence à côté de la Durance, Amédée loue ses bras pour les « foulaisons ». Il rencontre Albin, jeune et bel homme qui vient d'un village appelé Baumugnes. Ce qui l'attire chez Albin, c’est un regard franc et clair, mais dans lequel il trouve une ombre. Celui-ci ne va pas tarder à lui raconter le pourquoi de cette ombre.
Quelques années auparavant, il était dans le même village avec un homme peu recommandable, mais qu’il supportait à ses côtés. Il s’appelait Louis et il en dit ceci : « …c’était de la viande honteuse et qui puait pour qui a le nez fin, mais, sa honte et sa mauvaise odeur ça m'engourdissait. Ca faisait mal, et c'était bon. » Un soir, une charrette déboule sur la place. Elle est conduite par une fille au corps et au port splendides. Louis ne pense qu'à se l’accaparer au plus vite pour en vivre, en la transformant en une putain à la ville. Il n’y voit qu’un capital à exploiter ! « Une femme comme celle-là de tout à l’heure, tu y payerais pour cinquante balles de fringues d'étalage, des dessous d’attaque, un promenoir au « Palais », et, au boulot. Un jour dans l'autre, ça te rapporterait dans les cent francs, tous frais payés. » dit Louis à Albin.
Au plus grand malheur d'Albin, Louis va l'avoir et il lui fera quitter ses parents et sa ferme pour le suivre vers un destin terrible. Albin ne s'en remet pas, ne pense plus qu’à elle, à Angèle de la ferme « La Douloire », depuis trois ans ! Il croit qu'Amédée ne voit en cette jeune femme qu’une fille facile et lui dit qu'il doit penser que « Ca avait l'habitude d’aller le dos à l'herbe, avec son poids d'homme sur la peau. Dis pas, c'est ça que tu penses ! Et bien, non ! »
Albin, désespéré, erre depuis trois ans de ferme en ferme, et envisage maintenant de rentrer chez lui à Baumugnes. Mais Amédée l’empêche de renoncer et lui propose de tenter de se faire engager, lui, à « La Douloire ». Il espère ainsi obtenir des informations et pouvoir soulager Albin avec des nouvelles d’Angèle. Il lui fixe rendez-vous dans trois mois à un endroit donné. Albin accepte sa proposition. Voilà donc Amédée parti vers la ferme des parents d’Angèle.
Le lendemain, Amédée hésite un peu mais « Quand on a promis, il faut tenir et tout de suite, sans quoi il se mêle dans le mitan de ce qu’on veut faire et soi-même un tas de choses bien gentilles mais bien empêcheuses. » Et le voilà qui arrive à « La Douloire ». Il y est reçu par un homme fusil à la main et qui le menace de tirer s’il ne part pas de suite. Heureusement une femme arrive et il se détend : « Cette femme-là - je l'ai appréciée par la suite – c'était du beurre sur notre vie moisie. » dit Amédée. Elle s’appelle Philomène et son mari c’est Clarius. Amédée arrive à se faire engager, mais l’ambiance est bien plus que sinistre dans cette maison. Chacun, y compris le vieux garçon de ferme, semble rongé par un mal inguérissable. Il dit de Philomène : « Celle-là, on pouvait pas lui en mettre plus qu'elle en avait du malheur ; ça débordait. »
Que découvrira Amédée ? Quelles nouvelles aura-t-il à rapporter à Albin, là où celui-ci l'attend ?… À propos, Albin l'attend dans une ferme où Amédée a travaillé et où il couchait avec la fermière. Quand il y retourne, il vient de passer des mois d’abstinence et, le premier soir, grimpant dans son lit, il pense : « Je suis rentré dans son lit de bon coeur, je ne vous cache pas. C'était tiède et doux. Ca me faisait drôle de me coucher dans des draps chauffés par une autre viande et puis de sentir ces deux jambes dans les miennes. C'est quelque chose, la femme, quand même ! »
Giono va encore nous offrir deux pages d'un moment sublime d'écriture en nous décrivant l’effet que fait la musique jouée par Albin sur les êtres. C'est phénoménal comme rendu !…
Ce livre nous décrit une campagne provençale d'un autre temps avec des êtres qui nous paraissent d'un autre temps. D'un autre temps, parce qu’ils n’ont pas encore été gâchés par notre société de consommation, nos besoins de tout ce qui nous est devenu indispensable et qui ne sert en fait à rien, ou à bien peu de choses. Ces besoins qui ne pourraient pas nous apporter le bonheur puisqu’elles ne touchent qu'au matériel.
Les hommes de Giono peuvent être bons ou mauvais, seule la nature reste égale à elle-même : éternelle, immuable et indifférente. Elle « est » et ce n'est que l'homme qui lui prête des intentions, par sa volonté de comprendre ou de prêter des pensées à tout ce qu’il voit et qui bouge.
Un très beau livre !
Les éditions
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Un de Baumugnes de Jean Giono
de Giono, Jean
le Livre de poche
ISBN : 9782253010845 ; 3,81 € ; 01/01/1976 ; 125 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (15)
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Angèle
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 23 août 2024
L'écriture est presque aussi absconse, parfois, que dans "Colline". Giono y use encore une fois du courant de pensée, on passe d'un personnage à l'autre, parfois un peu confusément, c'est parfois difficile de s'y retrouver. Mais c'est mieux maîtrisé ici tout de même, et dans l'ensemble, j'ai vraiment aimé ce roman, alors que "Colline" m'avait fortement déplu.
Je préfère cependant mille fois Pagnol à Giono, en ce qui concerne l'évocation de la Provence. Laquelle n'est pas vraiment la même Provence, celle de Giono (vers Manosque) n'étant pas celle de Pagnol (vers Marseille).
Trilogie de Pan: Tome 2 !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 11 novembre 2017
"Un de Baumugnes" est publié en 1929. Avec "Colline" et "Regain", ils constituent la trilogie de Pan.
A la "Buvette du Piémont", Amédée -vieux journalier- confesse un jeune homme qui semble brisé par la tristesse.
C'est l'histoire de ce jeune journalier, Albin, qu'Amédée va nous conter.
Une histoire d'amour avortée; la belle s'étant laissée séduire par le Louis, "un type de Marseille" qui n'avait d'autre ambition que de mettre la fille -Angèle- sur le trottoir.
Depuis, Albin traîne sa tristesse de ferme en ferme sans jamais remonter dans sa montagne, à Baumugnes.
130 pages d'amour, de tendresse et de poésie.
Dans ce 2 ième tome, Giono magnifie la Nature mais aussi les hommes qui travaillent la terre.
Le choc des générations ou l'Amour, le pardon et la réconciliation prévalent.
Un chef d'oeuvre incontournable mis en image par Marcel Pagnol (Angèle)
Un bon Giono
Critique de Fabrice (, Inscrit le 22 novembre 2009, 39 ans) - 9 avril 2014
Pan 2...
Critique de Lecassin (Saint Médard en Jalles, Inscrit le 2 mars 2012, 68 ans) - 31 janvier 2013
Après le Hameau des Bastides Blanches théâtre du premier volume de cette trilogie de Pan, Jean Giono nous transporte à Marigate et à Baumugnes, dans sa chère Provence.
Amédée travaille comme journalier à Marigrate, un village qui longe la Durance. C'est là qu'il rencontre Albin, Un de baumugnes pourrait-on dire puisqu'il en est originaire…
Albin finit par se confier et lui parler d'Angèle, la fille de la de ferme la Douloire qui le hante depuis trois ans : depuis le jour où il la vit pour la première fois, et où séduite par Louis, celui-ci l'emmena « travailler » à la ville.
Amédée ira se faire embaucher à la Douloire, chez les parents d'Angèle pour tenter d'en savoir plus et par amitié pour Albin… Il sera accueilli par le père de la belle armé d'un fusil…
Est-ce la Provence ou l'époque, début XX e, qui crée des caractères tels que Giono nous les dépeint ici ; sans doute les deux à la fois. Il en résulte un texte d'une très grande beauté qui fait du style de Giono quelque chose de reconnaissable entre mille. « Un de baumugnes », un roman d'amour, certes, amis également d'amitié… Magnifique.
Un bonheur!
Critique de Vertigineux (, Inscrit le 11 février 2011, 63 ans) - 12 novembre 2012
Cette chère femme avait poussé le bouchon jusqu'à choisir personnellement pour chaque élève le bouquin qui lui semblait à même de nous amener, en fonction de nos attirances, à la découverte de la littérature.
Il s'agissait d'une autre époque, d'une autre école. Le goût des livres, je l'avais déjà et son choix d'alors, Regain de Jean Giono m'avait procuré un grand plaisir qui n'a fait qu'amplifier mon désir de lire.
Il y a un mois, trainant dans un vide-grenier à la recherche de bouquins, je tombais sur une une vieille édition de poche d'Un de Baumugnes".
A la lecture de son auteur, le Jean Giono auteur de ce fameux Regain de mon adolescence, je me ruinais de 50 centimes d'euro, prêt à nouveau à découvrir si la magie de l'écrivain provençal opérait toujours.
Et le constat est le suivant : bien m'en a pris, ce livre est un pur bonheur.
Il raconte, avec les mots de l'époque, il y a presque un siècle certes, la vie d'alors. Une vie à des années lumières de celle que l'on vit aujourd'hui. Le parler de l'époque se parait, en fonction des circonstances, de vérité, de force, de poésie, de sincérité, d'agressivité voire de bestialité. C'était le parler d'alors et le livre présente déjà un grand intérêt à la découverte de nombreux termes à présents désuets ou carrément disparus.
L'histoire est celle d'une amitié forte entre deux hommes, deux journaliers, ouvriers agricoles traquant en fonction des saisons de l'ouvrage dans les fermes de la Provence.
Au nom de cette amitié, Amédée va mener son enquête au profit de son ami Albin. Albin est de Baumugnes. Il est "Un de Baumugnes".
Il faut lire ce livre. C'est un bond dans le temps, c'est une autre facette des rapports humains, un véritable témoignage des moeurs de l'époque.
Un de Baumugnes a été repris par Marcel Pagnol au cinéma. Le film du marseillais s’appelait Angèle, interprétée par Orane Demazis. Fernandel y connut au cinéma son premier grand rôle avec le personnage de Saturnin, personnage d'importance mineure dans le livre de Giono.
Le film fut un grand succès d'époque.
Mais le livre reste un grand bonheur à découvrir.
L'ingéniosité, tout naturellement!
Critique de Alexis50 (, Inscrit le 6 septembre 2012, 32 ans) - 6 septembre 2012
Un concentré de bonté
Critique de Maufrigneuse (Saulieu, Bourgogne, Inscrit le 1 novembre 2010, 35 ans) - 14 mai 2012
Généralement, l'étalage de bons sentiments me lasse vite mais Giono a su ici écrire la bonté avec justesse et touche son lecteur, le prend au cœur. Les personnages d'Albin et d'Amédée m'ont fait penser au tandem Marius et Jean Valjean, par leur attachement à des valeurs comme l'amitié, l'amour, la générosité... Mais alors qu'Hugo tombe parfois dans un romantisme un peu trop mielleux à mon goût, Giono par son style plus truculent, plus vrai, donne à ses personnages plus de vraisemblance et nous les rend familiers. La fin du roman en est particulièrement déchirante.
J'ai aussi trouvé dans ce livre beaucoup d'optimisme. L’Homme n'est peut-être pas aussi mauvais qu'on le voit où qu'on l'entend un peu partout, et notamment dans Colline, premier opus de la trilogie de Pan. "Un de Baumugnes" est un livre qui donne envie d'être bon à son tour.
Nostalgie
Critique de L'Ankou (Levallois, Inscrit le 9 novembre 2005, 79 ans) - 16 février 2011
Pute vierge.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 18 octobre 2009
Un passage dans la Provence d'antan
Critique de Le café de... (Perpignan - Bordeaux, Inscrite le 17 août 2008, 40 ans) - 18 août 2008
Beau par l'écriture de Jean Giono, sa finesse dans la rudesse (il faut le faire!). Son écriture semble naturellement poétique, nourrie des paysages provençaux, de sons et de parfums.
Effrayant par la réaction de certains personnages face aux difficultés de la vie et au "quand dira-t-on".
Heureusement, certains personnages rassurent, avec leurs valeurs d'amour et d'amitié sans borne. Cela sonne juste : un mélange de bonté et de rudesse, d'Eros et de Thanatos.
Une bouffée d'émotion et de beauté
Critique de Shannon (Paris, Inscrite le 19 août 2006, 60 ans) - 9 avril 2007
"Les batailles avec les mauvaises choses, garçon, ça dure toujours longtemps, mais, même quand on a touché des deux épaules, on ne doit pas dire : c'est fini. On se relève et on recommence ; à la fin, c'est le malheur qui reste dans la poussière".
Au cours du livre, Amédée fait tout pour Albin. Les personnages n'ont rien de ce à quoi Giono nous a habitué dans Colline, comme si Colline avait été retourné comme un miroir et nous montre à quel point chez l'humain il peut y avoir tout et son contraire.
Les malheurs sont rattrapables, il n'y a pas de fatalité parce que les personnages la refusent. Ils en deviennent presque irréels et l'histoire presque onirique.
Ne pas passer à côté de ce bouquin.
Albin
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 1 novembre 2006
Albin, il la raconte son histoire à Amédée, un ouvrier agricole comme lui qui passe l’été de fermes en fermes à louer ses bras pour les moissons, les « foulaisons ». Elle est pathétique son histoire et lui ronge la vie.
Amédée se rend compte de l’enjeu. Il se rend bien compte que si personne n’est capable de lui apporter des éclaircissements, l’Albin se murera pour toujours dans son Baumugnes avec une plaie à l’âme purulente.
C’est que l’Albin n’a pu oublier Angèle, jeune femme lumineuse, qu’il n’a pu sauver des desseins abjects de Louis. Et ça le ronge et …
Alors Amédée ira en quête de la réalité. Savoir si Angèle est définitivement prostituée à la merci de Louis ou …
Et « Un de Baumugnes » raconte cette quête, cette enquête. Dans la langue, avec les mots de Giono, et avec son amour infini pour ce pays et ses gens. De la compassion pour les petites gens, des sentiments justes …
C’est court, intense, et beau.
La beauté de la campagne provençale
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 21 novembre 2005
Un livre plein d'émotions
Critique de Lluthiel (, Inscrite le 5 septembre 2004, 45 ans) - 10 octobre 2004
Un grand livre, un grand film
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 4 août 2002
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