S'il te bat, c'est qu'il t'aime !

Laura Poggioli relate un fait divers dramatique survenu en 2018 à Moscou : Krestina, Angelina et Maria, trois sœurs de dix-neuf, dix-huit et dix-sept ans, ont tué leur père. Après des années de sévices à l’encontre de leur mère et d’elles-mêmes, n’étant ni entendues ni secourues par la police, c’est le seul moyen qu’elles ont trouvé pour être enfin libres. Cette affaire met en lumière la condition de la femme en Russie. Au moment d’écrire ce roman, basé sur cette histoire vraie, le verdict de cette affaire n’était pas encore totalement tombé, mais le Kremlin n’entend toujours pas légiférer pour protéger les femmes battues ni créer de structures pour les aider. Le patriarcat est toujours prôné et la naissance d’une fille coûte toujours moins cher que celle d’un garçon, preuve de la valeur respective qu’on lui reconnaît.
En parallèle de cette histoire, l’auteure revient également sur la sienne, qui a motivé son intérêt pour ce thème : fille d’immigrés italiens mineurs, née dans une famille au lourd passé de brutalités qui se répètent à travers les générations, elle s’est longtemps cherchée elle-même. Elle s’est notamment enlisée dans des relations destructrices, dont une avec un petit ami russe qui la battait, lors d’études à Moscou.
Le sujet est âpre et la construction du roman m’a paru parfois déstructuré, entre reportage et réalité, mais le point de vue d’une auteure qui connait le russe et la société russe de près est intéressant car rare. Il est interpellant et révoltant de constater à quel point règne encore la loi du silence concernant les violences conjugales. L'auteure explique que paradoxalement, elle se sent plus en sécurité dans l'espace public en Russie qu'en France, mais que derrière les portes, une femme sur cinq au moins est victime de sévices domestiques !

• 

  Trois soeurs [Texte imprimé], roman Laura Poggioli

  de Poggioli, Laura
  l'Iconoclaste
  ISBN : 9782378803018 ; 20,00 € ; 18/08/2022 ; 250 p. ; Broché

  Go Amazon