Toujours d’actualité

Le masque taillé dans l’ivoire de la reine Idia figurant en couverture est une pièce maîtresse du British Museum de Londres. Saisi par les Britanniques lors du sac de Benin City en 1897, le Nigeria depuis son indépendance l’a revendiqué sans relâche. A partir de 1965 il est explicitement devenu pour l’Etat émergent d’alors une demande prioritaire et légitime du retour de ses biens culturels.
Plus tard les Nations Unies s’insèrent dans le débat avec la fondation d’un comité d’experts, l’ICRPCP(1). Les décennies suivantes voient d’autres Etats postcoloniaux exprimer des requêtes similaires(2) à leurs anciens occupants(3), lesquels s’affirment détenteurs d’œuvres acquises légalement, avant que la Grèce rejoigne le mouvement en exigeant la restitution des frises du Parthénon…
En analysant quantité d’archives l’experte en histoire de l’art Bénédicte Savoy retrace année après année sur 20 ans(4) les positions antagonistes « demandeurs/détenteurs » du genre pot de terre contre pot de fer. Un demi-siècle plus tard alors qu’aucune politique de restitution n’a encore été mise en place sa génération s’en indigne.
(1) ICRPCP : Comité intergouvernemental « Retour & Restitution » créé en 1976 au sein de l’UNESCO dont le siège est à Paris - https://fr.unesco.org/fighttrafficking/icprcp
(2) Concernant en particulier les « bronzes du Bénin », les emblèmes royaux « regalia Asante » du Ghana, le masque de la reine Idia déjà cité pour le Nigéria, les masques de Ceylan du Sri Lanka, tous objets visibles sur internet
(3) Principalement Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, France, Italie, lesquels lors de la conférence de Berlin en 1884 avaient présidé au partage colonial de l’Afrique
(4) 1965-1985 : rapports, notes, courriers, déclarations publiques, congrès, bibliographie.

• 

  Long Combat de l'Afrique pour son art (Le) [Texte imprimé], Histoire d'une défaite postcoloniale

  de Savoy, Bénédicte
  Seuil
  ISBN : 9782021497113 ; 23,00 € ; 20/01/2023 ; 304 p. ; Broché

  Go Amazon