Avalanche de Raphaël Haroche

Avalanche de Raphaël Haroche

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pascale Ew., le 26 mars 2023 (Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 642ème position).
Visites : 1 282 

Dérangeant

Léonard, quinze ans, et son petit frère Nicolas, douze ans, sont envoyés en pension dans un collège suisse. Leur mère est morte dans un accident de voiture et leur père part travailler en Amérique du sud. Ces juifs désargentés se retrouvent confrontés à des adolescents d'un tout autre milieu social que le leur. Cette honte s’ajoute à leur deuil et aux tourments de l’adolescence. Léonard, le narrateur, est habité de beaucoup de colère. Il tente tant bien que mal de se fondre dans l’ambiance, tandis que son jeune frère est beaucoup plus sensible. A sa manière, il le réconforte sans vraiment le protéger, espérant qu’il s’endurcisse. Ces jeunes élèves sont tous plus ou moins paumés, gâtés financièrement peut-être, mais se confrontant à des limites peu présentes et faisant des expériences dangereuses avec l’alcool, la drogue et le sexe.
J’ai été dérangée de me retrouver en tant que lectrice dans la tête d’un adolescent obsédé par le sexe et la masturbation, un ado mal dans sa peau et dans sa tête.
L’histoire se passe en 1989, sur fond de chute du mur de Berlin, de chute de Pinochet et des Ceaucescu.

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une adolescence à nue

8 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 2 décembre 2024

Léonard, 16 ans intègre l’internat d’une école privée de renom en Suisse avec son jeune frère, élève de sixième.
Les deux garçons sont bouleversés et perdus : leur mère vient de décéder à la suite d’un accident de voiture et leur père travaille bien loin.
Léonard connaît les découvertes les interrogations, voire les « tourments » de l’adolescence alors que le petit frère, musicien reste fragile suite à ce décès.
Ah ces écoles privées pour les enfants de nantis. Il ne se passe pas que du bien. Il y a, à la veille de la dernière décennie du 20ème siècle, le règne du bizutage et de la loi du plus fort.
Léonard qui cherche à s’intégrer se plie au cynisme de ces presque pairs. Il est entre l’acceptation de l’humiliation publique de son frère et son envie de le protéger.
L’adolescence est tout sauf un fleuve tranquille surtout quand on se retrouve seul sans parents, sans « tuteur » avec cette soif de pouvoir jouir des plaisirs de l’adulte y compris sexuels.
Ce roman, parfois tendre et parfois grave et inquiétant nous plonge dans la fragilité de cette adolescence surtout en cette grande période d’incertitude avec une situation mondiale chancelante et inquiétante avec d’un côté la liberté qui arrive avec l’écroulement du mur de Berlin et les inquiétudes sur l’avenir commun.
Jean-François Chalot

J’ai pensé fort à Emile Ajar …

5 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 9 octobre 2023

Les deux frères, dont la mère est morte, confiés par le père, vadrouilleur, aux bons soins d’une grand-mère, font penser irrésistiblement au Momo de La vie devant soi d’Emile Ajar. La comparaison s’arrête là. D’abord parce que la grand-mère en question n’est pas réellement une protagoniste du roman et puis parce que ces deux frères ne sont pas dans un milieu sordide mais dans une institution privée helvétique.
Pour autant on ne va pas évacuer le sordide parce que le quotidien évoqué par Raphaël Haroche n’est pas vraiment reluisant, évoluant entre découverte du sexe, de la drogue, de l’alcool … Ca ne fait pas rêver, c’est le moins qu’on puisse dire. Comme si Raphaël Haroche se complaisait dans le côté noir de l’adolescence ?
L’aîné tente de combattre la douleur d’être séparé de la famille et d’avoir perdu la mère en ne ménageant pas ses efforts pour s’intégrer, quitte à renier ses liens fraternels et à agir contre ce que sa conscience lui suggèrerait. Nicolas, le petit frère, au tempérament artiste (artiste pianiste en devenir) est beaucoup plus vulnérable et souffre de ne pas se voir soutenu par son grand-frère. Son cas serre le cœur et n’est peut-être pas pour rien dans l’espèce de malaise dans lequel on baigne à la lecture de ce roman. Une ambiance bien différente des chansons du même auteur (Raphaël), me semble-t-il.

»Père a décidé de voyager, un poste en Amérique du Sud, il envoie une pension à bonne-maman. Je ne sais pas combien il lui donne. Quel est le prix de sa tranquillité ?
Cette année, il a estimé que nous ne pouvions pas rester indéfiniment avec une vieille dame dans cette maison au parfum fade de mouroir, et puis ce petit prodige de Nicolas trouvera des professeurs à sa hauteur, avec ses pattes à piano, ses concertos, son âme slave quand il joue Tchaïkovski, son âme française lorsque c’est Ravel et mon âme à moi, à demi sourde.
Malgré la bourse de Nic, les frais de scolarité sont si élevés que je ne suis pas sûr que mon père puisse continuer à verser une quelconque pension à notre grand-mère. « Des relations pour la vie », c’est ce qu’elle ne cesse de nous répéter, « grande chance pour le futur, internat le plus prestigieux d’Europe », je crois que ces mots sont surtout destinés à se convaincre que sa solitude ne sera pas vaine. »

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