La seconde vie

Marcel Faureuve, photographe dans une agence de communication sise dans une bourgade à l’est de la Belgique est remercié avant d’atteindre l’âge de la retraite qui était pourtant assez proche. Il est l’une des victimes de la fameuse transition numérique. Il ne s’insurge pas contre cette mesure, il l’accepte et pense à tout le temps dont il va disposer pour s’adonner à sa passion : la peinture. Géraldine son épouse, repasseuse dans une entreprise spécialisée dans l’entretien du linge, est, elle, plus inquiète, elle pense qu’elle va le voir, chaque jour, tourner en rond dans la maison critiquant tout, laissant ses tableaux qu’elle n’aime pas du tout, et son matériel de peinture encombrer son espace. Leur couple se délite de plus en plus ; Marcel n’aime plus sa femme ou bien peu, il se concentre sur sa peinture à laquelle il s’adonne chaque nuit, il veut peindre la nuit avec ses différentes intensités de noir et les étoiles quand elles sont visibles.

Géraldine se détache de plus en plus de lui, et finit par céder aux avances d’un géomètre délaissé lui aussi par sa femme, il lui confiait ses chemises comme client de la société et il voudrait désormais lui proposer un statut plus intime, loin de son mari qui ne l’aime plus et ne la respecte même pas. Elle décide de quitter Marcel après avoir accompagné son amant tout un week-end. Il l’a reçu durement lorsqu’elle est rentrée, elle a alors décidé de quitter son foyer et de rejoindre son amant. « Alors, « il avait conscience d’être congédié de son entreprise, éconduit de sa relation avec Géraldine », relégué au rang de quotité négligeable.

C’est l’histoire de nombreux couples dont, quand les enfants sont élevés et entrent dans la vie active, les deux membres restent seuls face à face sans un boulot qui les occupe et les sépare une partie de la journée. Comme le dit Géraldine, elle a fait la première partie de sa vie pour avoir des enfants, les éduquer, les élever et leur trouver une place dans la société, désormais elle est seule avec un mari qui ne la considère plus, alors elle veut vivre cette seconde vie pour elle avec quelqu’un qui l’aime. L’allongement de la vie, le confort matériel, les conditions de vie, permettent désormais aux retraités d’avoir une seconde vie quand la carrière professionnelle arrive à son terme. C’est le sujet de ce livre mais pas seulement.

L’auteur a voulu au travers des mésaventures de ce couple de retraités, évoquer les principaux problèmes qui affectent la société actuelle : la surconsommation qui engendrent des problèmes écologiques, énergétiques, éthiques, … qui préoccupent de nombreux citoyens ; la production industrialisée qui favorise le rendement en détériorant la qualité et la fiabilité des produits ; la pollution résultant de la course à la productivité et la consommation ; la déforestation conséquence de ce qui précède et l’urbanisation de plus en plus concentrée qui génère tous les maux que l’on connaît. Ce texte est un véritable inventaire de toutes les calamités provoquées par l’homme au détriment de la planète et de ses occupants. Il remonte même à la colonisation imposée par Léopold II aux Congolais. Marcel détruit sa vie, tel un Don Quichotte émigré en Belgique, en de vaines tentatives pour lutter contre les effets néfastes de l’activité humaine tout en se réfugiant dans les étoiles. Géraldine a compris qu’une autre vie était possible, alors…

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  Il voulait peindre la nuit

  de Dulieu, Paul G.
  Editions Traverse
  ISBN : 9782930783420 ; 01/12/2022 ; 192 p. ; Broché