Première personne du singulier de Hélène Morita, Haruki Murakami

Première personne du singulier de Hélène Morita, Haruki Murakami
(Ichininsho Tansu)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Septularisen, le 12 mars 2023 (Inscrit le 7 août 2004, - ans)
La note : 6 étoiles
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AUTOBIOGRAPHIE EN NOUVELLES!

Composé de huit nouvelles inédites en français, et écrites, comme son titre l’indique, exclusivement à la première personne du singulier. Un homme se souvient et nous raconte :

D’une conquête féminine qui criait le nom de l’homme qu’elle aimait pendant qu’elle faisait l’amour avec lui («Sur un oreiller de pierre»).
Du vieil homme qui un soir, alors qu’il était perdu dans la ville, lui avait révélé le secret de l’existence («La crème de la crème»).
Du grand jazzman Charlie «Bird» PARKER (1920 – 1955), qui aurait fait un merveilleux disque de bossa-nova (Charlie PARKER plays bossa-nova»).
D’une petite fille qui serrait contre son cœur un disque vinyle des Beatles, tout en courant dans les couloirs de son école. («With the Beatles»).
Des matchs de Base-ball si souvent perdus par l’équipe qu’il supportait, que cela lui inspirait des poèmes («Recueil de poèmes des Yakult Swallows»).
D’une femme si laide qu’elle en devenait séduisante, et qui écoutait exactement la même musique classique que lui («Carnaval»).
Du singe qui travaillait dans un hôtel, qui savait parler et qui volait le nom des femmes qu’il ne pouvait aimer («La confession du singe de Shinagawa»). (1).
Des costumes qu’on endosse parfois pour devenir un autre, ou peut-être, être davantage soi-même («Première personne du singulier»).

Un homme, qui n’est autre que Haruki MURAKAMI (*1949) lui-même (l’auteur se nomme d’ailleurs lui-même dans deux des nouvelles de ce recueil), se souvient avec nostalgie et mélancolie de sa jeunesse et de sa vie. A part la nouvelle intitulée: «La confession du singe de Shinagawa» (1), les autres sont très clairement autobiographiques. On y retrouve d’ailleurs tous les détails que l’on connaît de la vie de l’écrivain nippon. On retrouvera ainsi p. ex. : Son amour du jazz et de la musique classique en général, sa jeunesse dans la ville de Kobe, sa passion pour le Base-ball…

C’est donc une sorte d’autobiographie déguisée dont nous ferait cadeau le maître des lettres japonaises. C’est un recueil troublant, empreint d’une profonde nostalgie, d’une profonde mélancolie, avec une écriture étrange et feutrée, qui nous raconte des instants, des rencontres anodines ou essentielles, décevantes ou exaltantes, honteuses ou heureuses. Il y a bien sûr des moments bizarres ou magiques, avec comme souvent chez lui une sorte de «Bug» dans l’histoire, et l’irruption du fantastique dans l’histoire…

Que dire de plus? Je reste convaincu que M. MURAKAMI est plus un écrivain de romans au très long cours, que de très courtes nouvelles. Dans ce livre-ci p. ex. huit nouvelles en mois de 200 pages, c’est vraiment trop court pour lui permettre de s’exprimer avec l’ampleur qu’il lui faut. Ces courtes nouvelles ne lui permettent pas vraiment de développer ses personnages et surtout leur profondeur psychologique. On se retrouve donc avec des personnages dont on ne sait pas trop d’où ils viennent et ce qu’ils font là, et surtout ce qu’ils deviennent par la suite…
Attention, ne vous y trompez pas, c’est toujours aussi bien écrit, cela se lit toujours aussi bien, mais disons que… cela manque d’intérêt! C’est banal, je dirais même d’une banalité affligeante! L’ennui n’est pas loin, et j’ai même failli m’y laisser prendre à de nombreuses reprises… En fait, quand on a fini de lire une histoire, on se fait des réflexions du style : Cela intéresse qui de savoir l’histoire de la première petite amie que l’écrivain japonais a embrassé? Cela intéresse qui l'histoire de la vie du frère de sa première petite amie, etc...

En conclusion: Certainement pas le meilleur livre de MURAKAMI et certainement pas le livre que je conseillerais de lire pour partir à la découverte du grand écrivain japonais, au risque de passer complètement à côté de son immense talent! Par contre pour ceux qui, - comme moi -, connaissent et aiment sa vie et son œuvre… Allez-y!

Rappelons que M. Haruki MURAKAMI a remporté au japon le prestigieux prix Gunzo en 1979.
A l’international, il a reçu le Prix Franz Kafka (République Tchèque) en 2006 ; le Prix Jérusalem pour la liberté de l’individu dans la société (Israël) en 2009 ; le prix Littéraire du journal Die Welt (Allemagne) en 2014 et le Prix Hans Christian Andersen Literature Award (Danemark) en 2016 et le Prix Cino-Del-Duca (France) en 2022.
Son nom a également été proposé à de nombreuses reprises pour le Prix Nobel de Littérature.

(1). Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/22040 Dans la dernière nouvelle du recueil «Saules aveugles, femme endormie», Haruki MURAKAMI a déjà mis en scène ce singe de Shimagawa, animal doué de parole et kleptomane d’un genre particulier.

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