À prendre ou à laisser de Lionel Shriver
(Should we stay or should we go)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Rester ou partir quand le moment est venu ?
Lionel Shriver (romancière américaine, établie en Grande Bretagne depuis quelque temps et qui a pris dans son pseudo un prénom masculin) aborde ici la survie lors du grand âge.
Kay, infirmière, et Cyril, médecin, font un pacte : ils décident, alors qu’ils deviennent quinquagénaires, de se suicider ensemble quand ils seront octogénaires. En tant que personnels soignants, ils savent ce que c’est que la fin de vie dans l'âge avancé, la décrépitude qui les attend. Surtout que le père de Kay a vécu une fin éprouvante ("Cela faisait plusieurs semaines que son père en pouvait plus vraiment s’alimenter. (Son cerveau, devenu trop défaillant, ne parvenait plus à fermer l’épiglotte. Au stade ultime, la maladie assène le coup de grâce : le cerveau oublie comment respirer)" avec sa maladie d’Alzheimer qui a gâché leurs dernières années : ils n’ont aucune envie de devenir déments ni des "légumes" à la charge de la société et de leurs enfants. Dans les années qui suivent, la mère de Kay vit une fin assez pénible dans une maison de retraite, pourtant sélect, ce qui confirme la résolution du couple. Une petite boîte noire remplie de séconal (barbiturique que Cyril n’a aucun mal à se procurer) se trouve dans leur frigo, ils n’auront qu’à l’ouvrir et en absorber tous les deux une dose suffisante au jour J. Mais quand le moment fatidique sera là, vont-ils accomplir leur dessein ?
À partir de ces prémices, l’auteur ne déroule pas un récit linéaire. En effet, que risque-t-il de se passer si, pour une raison ou pour une autre, l’un des deux se ravise ? Chaque chapitre qui suit le premier dévoile une hypothèse fantasmatique de leur survie : Cyril fait un AVC qui l’handicape gravement ; ou bien Kay fait un Alzheimer et finit par ne plus reconnaître son mari ni ses enfants ; ou bien ces mêmes enfants, en découvrant leur intention de se suicider, les placent tous deux dans une résidence psychiatrique assez terrifiante pour les guérir de cette idée ; ou alors, survient la découverte d’un médicament qui rajeunit chacun et permet de vivre indéfiniment ; ou bien le réchauffement climatique entraîne une immigration massive au Royaume Uni ; ou peut-être, alors qu’ils seraient atteints tous deux d’une maladie incurable, la cryogénisation pourrait leur permettre de "ressusciter" lorsqu’un traitement de leurs maladies aura été trouvé, etc.
Toutes ces alternatives sont détaillées avec brio, ce qui donne au roman une allure d’objet expérimental, à la limite de la science-fiction, où un lecteur (ou une lectrice) peu soucieux de complexité risque de se perdre en route. Mais chacun peut préférer tel ou tel chapitre pour choisir le dénouement de l’affaire. Le roman ne manque cependant pas d’un humour parfois ravageur, que l’on pourrait qualifier de "british", puisque ça se passe à Londres et dans le Royaume uni. Il y est donc question du Brexit, de la pandémie du Covid 19 ("Ce confinement absurde et profondément contraire au caractère anglais était une période où régnaient recours à outrance à la police, obéissance aveugle, délation et critique permanente", déplore Cyril), de la prise en charge de la grande vieillesse dans notre monde occidental. Les critiques de la psychiatrie et des maisons de retraite sont par ailleurs glaçantes.
Un roman qui s’adresse à des lecteurs avertis qui s’intéressent aux problématiques de la fin de vie. Et qui n’ont pas peur de voir traiter un tel sujet dans un roman, sujet peut-être plus à sa place dans une réflexion sociologique que dans un roman censé apporter du divertissement. Mais je reconnais que la romancière nous divertit tout en nous poussant à réfléchir.
Existe-t-il un art de préparer sa sortie ?
Les éditions
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À prendre ou à laisser
de Shriver, Lionel Gibert, Catherine (Traducteur)
Belfond
ISBN : 9782714495846 ; 22,00 € ; 26/01/2023 ; 288 p. ; Broché -
À prendre ou à laisser [Texte imprimé] Lionel Shriver traduit de l'anglais (États-Unis) par Catherine Gibert
de Shriver, Lionel Gibert, Catherine (Traducteur)
Pocket / Presses pocket (Paris)
ISBN : 9782266337540 ; 8,60 € ; 04/01/2024 ; 368 p. ; Poche
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La bonne décision
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 4 mars 2024
Elle a la cinquantaine et regrette d’avoir sacrifié tout son temps libre, du temps qu’elle aurait pu passer avec ses enfants ou son mari au lieu d’accomplir les pires tâches auprès de son père.
Infirmière, elle exerce dans la cabinet médical où Cyril son époux est médecin, d’un an son aîné.
Celui-ci lui fait alors une incroyable proposition : celle de mourir ensemble le jour du 80 ° anniversaire de sa femme. Il a même déjà pensé au médicament qui leur procurera une mort douce.
Kay n’y prête qu’une attention relative, a priori d’accord, mais elle a quand même un choc en découvrant La boîte noire dans le réfrigérateur.
Le temps passe. le couple est toujours très uni et en bonne santé.
À 55 ans, Kay est devenue une décoratrice d’intérieur renommée, et ne pense plus au pacte évoqué en 1991. La date fatidique approche. Que faire ?
L’autrice propose alors douze possibilités pour leurs fins de vies.
Si certaines sont crédibles, d’autres pas, certaines joyeuses, d’autres d’une incroyable noirceur.
On n’envie pas le National Health Service britannique pour les personnes aux petits revenus.
L’autrice analyse correctement les problématiques du vieillissement, mais aussi les relations avec les enfants, et là on ne peut pas dire que les Wilkinson sont gâtés.
Malgré cela, cette variété de scénarios ne m’a pas passionnée ; pas passionnée non plus par les longues discussions, ou monologues de Cyril sur le Brexit, le Covid, la politique britannique et ses représentants.
Lionel Shriver, l’autrice du livre choc "Il faut qu’on parle de Kevin" m’a déçue avec ce roman que j’ai trouvé confus.
Stop ou encore ( titre d’une émission radio que les moins de 20 ans…), ce n’est pas seulement le choix de Kay et de Cyril, c’est aussi une question que je me suis souvent posée.
Clin d’œil humoristique quand l’autrice intervient dans son roman avec un portrait peu flatteur.
"S’il te plaît, jure-moi que tu n’écoute pas cette Shriver. Elle est hystérique…. une américaine expatriée insupportable autrice en autopromotion pour les Madrigal ou quelque chose comme ça ."
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